REPORTAGE VIDÉO – Trente vignerons et une belle affluence de visiteurs au Caffè Forte samedi 11 juin pour la première édition du festival Vin’Art. Organisé par l’association éponyme, le festival entend sensibiliser à la viticulture saine sans intrants nocifs. Vignerons “naturels” et artistes étaient à l’honneur de cette journée animée.
Bel Soleil, Grain…cheux, La pomme rôtie, La Belle… Les noms sont originaux, comme les vins qu’ils caractérisent.
Bourgogne, Languedoc, Ardèche, Beaujolais, Isère… Ils viennent d’ici et d’ailleurs. Pour autant, ils ont un point commun : ils sont tous naturels.
L’association l’Hermitage de la Balme organisait samedi 11 juin Vin’Art son premier festival entièrement consacré aux vins bio et biodynamiques, dits naturels.
Une journée placée sous le signe de la convivialité, du partage et des découvertes. Bref, une journée pour se faire plaisir.
Un festival un tantinet militant

De gauche à droite, Alexandre Rasquier, Alexandra Couturier, Pierre Pillet, festival Vin’Art 2016. © Alexandra Moullec
Passionnés, c’est pour promouvoir le vin nature, la biodiversité et l’art qu’Alexandra Couturier et Pierre Pillet, coprésidents de l’association et organisateurs du festival, se sont lancés dans l’aventure : « On est des amoureux des vins, de la nature et des choses bien faites. […] L’histoire d’amour dure depuis une quinzaine d’années. »
Un tantinet militant, le festival entend sensibiliser à la préservation des cépages anciens mais surtout à la viticulture saine sans intrants nocifs : « On est contre Monsanto. Le mot d’ordre c’est ça, on veut boycotter ce genre de boîte. […] On espère que la France et l’Europe vont arrêter », confie Alexandra Couturier, coprésidente de l’association. Credo de Vin’art : « Aider les viticulteurs qui font autrement. »
Reportage : Joël Kermabon.
« Des vins vivants »
Unanimité au sein des vignerons et organisateurs du festival : les vins naturels sont des vins vivants. Et quand ils en parlent, on croirait presque qu’il s’agit d’êtres humains : « Il y a des jours où on est de bonne humeur, d’autres moins. Les vins c’est un peu pareil, ils ont leur personnalité en fonction de la pression atmosphérique, des phases de la lune… », souligne Brendan Tracey, vigneron du Loire et Cher. Celui-ci compare même les raisins et les vinifications à des enfants qu’il faudrait « accompagner, guider ».
Pour Alexandra Couturier, coprésidente de l’association Vin’art, les vins naturels sont « parfois capricieux. […] Ils ont besoin d’être chouchoutés et appréciés à leur juste valeur. » Yanis, étudiant en ingénierie, opine : « Les vins naturels peuvent évoluer. Ils sont souvent pleins de surprises, de bonne surprises… Mais il y a aussi des mauvaises surprises. Il faut les goûter et les apprécier tels qu’ils sont. »
Difficile de revenir à des vins conventionnels après avoir connu des vins biodynamiques, de l’avis d’Adrien de Mello, vigneron du Val de Loire : « On trouve les vins conventionnels ennuyeux, il ne se passe rien. »
Des visiteurs séduits
« Je redécouvre le vin ! », s’exclame une passante. Les vins naturels ont le vent en poupe et ne laissent pas indifférents : « Ils sont bons, ils sont fruités et surtout ils n’ont pas d’effets secondaires. Il y a beaucoup moins de sulfites que dans les vins traditionnels », souligne Martine, une visiteuse.
« Il y a une richesse qui fait partie du patrimoine : toutes ces variétés de cépages de vins, de goûts différents. […] On peut toujours trouver quelque chose qui va nous convenir. Il faut goûter, être curieux. » d’après Mad, un visiteur. L’occasion de découvrir des choses nouvelles et de consommer autrement : « C’est une évolution générale du respect des produits, du respect des gens qui fabriquent le vin, de la nature du produit, de trouver un équilibre entre production, fabrication, consommation. »
Pour Yanis, étudiant en ingénierie : « La philosophie des vins naturels aujourd’hui c’est quelque chose qui est totalement louable et quelque chose que les gens ne connaissent pas forcément […] C’est quelque chose qu’il faut découvrir et encourager. »
« Les vignerons sont quelque part des artistes »
« On a voulu sortir des schémas traditionnels, des salons des foires aux vins où on tourne autour des vignerons, on achète des cartons et on s’en va » explique Pierre Pillet, coprésident de l’association Vin’Art.
Plusieurs expositions photos étaient organisées pour l’occasion : Anne Celli, Pierre Pillet avec son exposition « 80 à 85 % », Anne Bouillot avec l’exposition « De la vigne au verre » et le graphiste Vince avec « La Fresque ».
Autres animations de la journée : un stand de bijoux fantaisies et un autre de produits cosmétiques et de produits d’entretien respectueux de l’homme et de la nature. Ainsi qu’un stand consacré à « Sème sauvage », projet porté par la Maison de la nature et de l’environnement (MNEI) et l’association de botanique Gentiana. Objectif : inciter les gens à mettre des espèces sauvages dans leur jardin.
Au menu également, des conférences : « Menace sur le vin, le salut passera-t-il par le bio ou la biodynamie ? » avec Yves Leers, journaliste et écrivain, « Les aventuriers des cépages rares et oubliés » avec les œnologues Nicolas Gonin et Taran Limousin. Et un atelier d’accords vins et mets organisé par Bruno Roussel, sommelier lors de cette journée dédiée à l’art et aux arts de la table.
D’ailleurs pour Alexandra Couturier, coprésidente de l’association Vin’Art, « les vignerons sont quelque part des artistes ». Sans oublier des concerts le soir pour clôturer le festival.
Même si, pour l’heure, les organisateurs gardent comme priorité la relance du vignoble de Saint-Martin-le-Vinoux (cf. encadré ci-dessous), ces derniers pourraient bien remettre le couvert l’année prochaine au vu du succès de cette première. « Nous avons vendu près de 500 verres de dégustation, atteint 725 visiteurs au cours de la journée et avons même dû reporter à 20 h 30 la fermeture de la dégustation », se réjouit Alexandra Couturier.
Alexandra Moullec avec Joël Kermabon
DU VIN POUR 2020
Relancer le vignoble l’Hermitage de la Balme à Saint-Martin-le-Vinoux, c’est l’objectif que l’association s’est fixé. Alexandra Couturier et Pierre Pillet, coprésidents de l’association, espèrent ainsi faire revivre des cépages rares et oubliés mais surtout locaux, avec l’aide du vigneron Sébastien Bénard. Chantier participatif, levée de fonds ? Aucune décision n’a pour le moment été fixée mais l’objectif est clair : produire du vin pour 2020. Plusieurs personnes se sont d’ores et déjà manifestées pour « adopter une vigne ».
Le Caffè Forte fête ses 20 ans !
Pour Thomas Cahen, propriétaire depuis 2008 et gendre de Pierre Pavy, propriétaire emblématique du Caffè, Vin’art était l’occasion de fêter les vingt printemps de l‘établissement. « On essaie de s’inscrire dans une démarche de mieux consommer, respecter la terre, trouver des produits locaux ». D’ailleurs, 50 % de la carte du Caffè Forte est en bio. Et, depuis un peu plus d’un an, les vins biodynamiques se frayent leur chemin.