ÉVÉNEMENT – Le professeur grenoblois Alim-Louis Benabid, fondateur de Clinatec, a été récompensé ce jeudi 9 juin du prix de l’inventeur européen 2016, dans la catégorie recherche, pour ses travaux sur la stimulation cérébrale profonde. Une découverte qui a permis la mise au point d’un pacemaker cérébral pour les malades de Parkinson. Retour sur ce parcours scientifique marqué par près de trente ans de lutte contre la maladie de Parkinson.
Récompensé ce 9 juin à Lisbonne du prix de l’inventeur européen 2016 pour ses travaux sur la stimulation cérébrale profonde, le professeur grenoblois Alim-Louis Benabid a déjà reçu une vingtaine d’autres médailles.
La plus éminente ? Le prix de la Fondation Albert-Lasker 2014 – souvent qualifiée d’antichambre du Nobel –, au titre du « grand bénéfice que cette découverte a apporté à l’humanité ».
Il faut dire que cet ingénieur et médecin de formation, membre de l’Académie des sciences, président du directoire du centre de recherche grenoblois Clinatec, a révolutionné le traitement de la maladie de Parkinson.
Une stimulation électrique pour stopper les tremblements
Sa découverte à la fin des années 80 de la stimulation cérébrale profonde (SCP) avec son confrère Pierre Pollak a annoncé la transformation du cerveau par la technologie. En introduisant des électrodes dans une zone dysfonctionnelle de l’encéphale, la stimulation électrique à 100 Hz a, de façon stupéfiante, arrêté les tremblements d’un patient. Une découverte par sérendipité aussitôt muée en application médicale.
Ainsi, la neurostimulation – autre dénomination de la SCP – a‑t-elle permis la mise au point d’un pacemaker cérébral qui a radicalement révolutionné la vie de plus de 200.000 patients atteints de la maladie de Parkinson dans le monde.
Finis les tremblements, les rigidités ou encore l’akinésie, autrement dit, la lenteur d’initiation des mouvements. Mais le Pr Benabid qui a réussi à libérer les malades de Parkinson de leurs troubles moteurs, eut aussi aimé pouvoir les guérir.
De fait, la SCP redésynchronise le fonctionnement électrique des cellules nerveuses – ou neurones – du noyau sous-thalamique dans le cerveau des parkinsoniens. Mais l’implant d’électrodes n’empêche pas l’évolution de la pathologie. Autrement dit, la mort prématurée des neurones. Dès lors, au delà d’un pourcentage élevé d’apoptose – ou suicide cellulaire –, la SCP ne peut plus rien pour les malades. Les symptômes ressurgissent amplifiés par le temps.
Le neurochirurgien grenoblois n’a toutefois pas dit son dernier mot. Il supervise aujourd’hui les recherches à Clinatec sur une technologie de prévention par la lumière de la dégénérescence neurologique dans la maladie de Parkinson : le projet NIR (Near Infra Red). Confiante dans l’aboutissement de ces recherches, l’association nationale France Parkinson a fait don de 130.000 euros au Pr Benabid en 2011, pour le lancement du projet de recherche.
Véronique Magnin