EN BREF – Nuit debout Grenoble avait fait le pari d’être présent à la fête du quartier de la Villeneuve à Grenoble, ce samedi 28 mai. Si le stand des militants a enregistré un grand nombre de passages, l’assemblée populaire en fin de journée n’a en revanche réuni qu’une cinquantaine de personnes…
L’occasion était trop belle pour Nuit debout Grenoble qui entendait bien faire d’une pierre deux coups, ce samedi 28 mai, à la fête de quartier de la Villeneuve : faire passer ses idées et s’ouvrir à un nouveau public issu “des quartiers”.
Profitant de l’affluence habituelle de cette manifestation, le mouvement Nuit debout « contre la loi Travail et son monde » avait ainsi décidé d’y tenir toute la journée un stand et, dans la foulée, d’y organiser son assemblée populaire.
A coup de tracts distribués toute la journée sur le lieu de la fête et d’échanges sur son stand, le mouvement a incontestablement gagné en notoriété auprès d’un certain nombre d’habitants. Mais quand a sonné l’heure de l’assemblée populaire – fixée, une fois n’est pas coutume, à 19 heures plutôt qu’à 18 heures – seules quelques dizaines de personnes sont restées au point de ralliement, place Rouge.
Comme pour se rassurer, un spectateur tentait de replacer les choses dans une perspective plus large : « Ce n’est pas le nombre de gens venus qui importe. Nuit debout joue un rôle considérable et historique en faisant le lien entre les différents temps de la grève et en ouvrant la parole à tous, tous les jours. »
« Où sont les Maghrébins ? »
Force est de reconnaître que les animateurs de l’assemblée populaire avaient, pour l’occasion, soigné l’introduction de l’assemblée générale avec, en préambule, des prises de parole, un petit rappel historique du mouvement et un bilan des actions menées par Nuit debout. Le tout avec l’appui de supports cartonnés.
Des efforts de pédagogie louables… Sauf que les militants ont surtout prêché à des convertis – habitués ou occasionnels – mais, pour sûr, très peu à de nouveaux venus à Nuit debout.
« Où sont les Maghrébins ? Les gens du quartier ne sont pas venus… Cela ne les intéresse pas ! », se désolait, en aparté, un fidèle du mouvement Nuit debout, habitant le quartier de La Villeneuve. Face à lui, une assemblée populaire clairsemée, où la diversité du quartier n’était pas au rendez-vous.
Un contraste d’autant plus saisissant qu’une heure auparavant, la même place Rouge était pleine à craquer d’habitants du quartier, attirés par le son des tambours de la BatukaVi et par la danse de géants articulés.
Au final, qu’il s’agisse des prises de parole libres ou de celles des deux thématiques du jour, « violences policières » et « loi Travail », très peu de contributions ont émané de personnes issues du quartier venant pour la première fois à Nuit debout. De quoi interroger quant à la pertinence des sujets choisis par le mouvement alternatif. Voire même sur la convergence des luttes de Nuit debout Grenoble et de celles menées au sein des quartiers populaires…
Séverine Cattiaux
UNE COMMISSION CONTRE LA DÉMOLITION DU 160 À L’ARLEQUIN
A la fin de l’assemblée populaire, David, activiste à Nuit debout, s’est fait l’écho d’un sujet semblant susciter une certaine désapprobation chez les habitants de la Villeneuve : la démolition programmée de l’immeuble du 160, galerie de l’Arlequin. « Que ce soit la Ville [de Grenoble, ndlr] ou l’État, ils nous ont parlé de co-construction du projet. Mais ils se sont assis dessus… Ils démolissent alors que nous avons besoin de logements ! J’appelle toutes les personnes à monter une campagne contre la démolition du 160 », a‑t-il exhorté avec véhémence. Si, là non plus, personne n’a souhaité rebondir au sein de l’agora, Nuit debout a néanmoins ouvert une nouvelle commission « contre la démolition du 160 ». De quoi augurer d’un bras de fer avec la préfecture et la Ville ?