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Des policiers procèdent aux constatations devant le siège du PS, rue Nicolas Chorrier. © Florent Mathieu - Place Gre'net

Tirs contre le siège du PS à Grenoble : conster­na­tion et indignation

Tirs contre le siège du PS à Grenoble : conster­na­tion et indignation

FOCUS – Dans le contexte de la contes­ta­tion contre la loi El Khomri, près d’une tren­taine de per­ma­nences du Parti socia­liste (PS) ont été la cible de dégra­da­tions en France. Ce lundi 23 mai au matin, un cap a été fran­chi à Grenoble avec la décou­verte de douze impacts de balles de calibre 9 mm sur la devan­ture de la fédé­ra­tion du PS de l’Isère. Des faits condam­nés par l’en­semble de la classe poli­tique, tant au plan local que national.

© Joël Kermabon - Place Gre'net

© Joël Kermabon – Place Gre’net

« Un tir à balles réelles, c’est quelque chose de lourd ! Un cap a été fran­chi », s’in­digne Jérôme Safar, membre du Parti socia­liste (PS) et pré­sident du groupe d’op­po­si­tion muni­ci­pale Rassemblement de gauche et de progrès.

Une réac­tion fai­sant suite aux douze balles de calibre 9 mm tirées sur la devan­ture de la fédé­ra­tion du PS de l’Isère, à Grenoble.

« Rien ne sau­rait jus­ti­fier ces actes inqua­li­fiables qui visent à por­ter atteinte à notre démo­cra­tie et qui mettent gra­ve­ment en dan­ger la sécu­rité des per­ma­nents de la fédé­ra­tion et du voi­si­nage », déclare, de son côté, la Fédération de l’Isère du Parti socia­liste dans un communiqué.

La classe poli­tique, qu’elle soit natio­nale ou locale, est sous le choc. La vio­lence va cres­cendo. Voilà que, main­te­nant, on tire à balles réelles contre la per­ma­nence d’un parti. Réactions.

Une esca­lade dans les attaques contre les per­ma­nences du PS

Ce lundi 23 mai au matin, l’é­quipe de la fédé­ra­tion du Parti socia­liste de l’Isère décou­vrait douze impacts de balles sur le rideau de la devan­ture de son siège gre­no­blois, rue Nicolas-Chorier. Ces faits, d’une « extrême gra­vité » et non reven­di­qués, sont consti­tu­tifs, selon les ins­tances locales du PS, d’une réelle esca­lade dans les attaques contre les locaux ou per­ma­nences du parti.

Rassemblement devant le siège du Parti Socialiste. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Rassemblement devant le siège du PS. © Joël Kermabon – Place Gre’net

Des dégra­da­tions qui se sont mul­ti­pliées depuis le début du mois de février un peu par­tout en France, dans le cadre de la contes­ta­tion contre la loi El Khomri.

Une enquête pour dégra­da­tion volon­taire avec arme a été ouverte et a été confiée à la Sûreté dépar­te­men­tale de l’Isère. « Tout est entre­pris pour inter­pel­ler au plus vite les auteurs de ces actes inac­cep­tables. Ils devront en répondre devant la jus­tice », annonce dans un com­mu­ni­qué le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve.

« Une offense à la démo­cra­tie »

Cette attaque en règle du siège du PS isé­rois a trouvé un écho tout par­ti­cu­lier durant la séance du conseil muni­ci­pal gre­no­blois, qui se dérou­lait – hasard du calen­drier – lundi 23 mai en fin d’a­près-midi. L’occasion pour les élus des dif­fé­rents groupes, tous cli­vages poli­tiques momen­ta­né­ment oubliés, d’ex­pri­mer tour à tour leur indignation.

Conseil municipal du 23 mai 2016. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Conseil muni­ci­pal, 23 mai 2016. © Joël Kermabon – Place Gre’net

« Il est un sujet qui nous ras­semble tous (enfin presque tous) par­ti­cu­liè­re­ment dans cette assem­blée, c’est le res­pect de la démo­cra­tie et de celles et ceux qui la font vivre. Hier soir, les tirs qui ont tou­ché le siège du Parti socia­liste de l’Isère sont bien une offense à la démo­cra­tie », a déclaré solen­nel­le­ment Éric Piolle, le maire de Grenoble, dans son dis­cours d’ou­ver­ture. Une manière de com­plé­ter ses pro­pos, tenus un peu plus tôt dans la journée.

L’élu décla­rait en effet, dans un com­mu­ni­qué : « Quelles que soient les opi­nions de cha­cun, la vio­lence et les dété­rio­ra­tions de bâti­ments ne peuvent être une réponse. »

Une posi­tion dans la droite ligne d’Europe Écologie les Verts (EELV) Isère, qui condamne éga­le­ment avec force les tirs contre le local du PS. « S’attaquer au siège d’un parti poli­tique, tout comme à celui d’une asso­cia­tion ou tout autre lieu où s’exerce le débat d’i­dées, a pour nous un relent de déni du droit de pen­ser ce que l’on veut et exer­cer son libre arbitre. C’est une atteinte à la démo­cra­tie, mais éga­le­ment une atteinte aux droits de l’homme. Nous la condam­nons fer­me­ment », déclare le parti écologiste.

« Ce n’est pas une “dégra­da­tion inad­mis­sible”, c’est un attentat ! »

Quant à la réac­tion de Richard Cazenave, conseiller muni­ci­pal du groupe Les Républicains – UDI et Société civile, elle est plus inci­sive. « Il faut appe­ler les choses par leur nom, l’a­gres­sion à l’arme auto­ma­tique n’est pas une “dégra­da­tion inad­mis­sible”, c’est un atten­tat ! Il vise, par l’u­sage de la vio­lence, à inti­mi­der les démo­crates et à impo­ser la loi de la rue », fus­tige l’élu.

Des policiers procèdent aux constatations devant le siège du PS, rue Nicolas Chorier. © Florent Mathieu - Place Gre'net

Des poli­ciers devant le siège du PS, le mardi 24 mai au matin, rue Nicolas-Chorier. © Florent Mathieu – Place Gre’net

Le député hono­raire ne manque pas d’en­four­cher, au pas­sage, l’un de ses che­vaux de bataille pré­fé­rés. « Il faut que cha­cun prenne conscience de ses res­pon­sa­bi­li­tés. En par­ti­cu­lier en se gar­dant d’af­fi­cher une forme de com­pli­cité intel­lec­tuelle avec l’ul­tra-gauche démo­cra­tique, en évi­tant de bana­li­ser les actes de dégra­da­tion et les agres­sions contre les forces de l’ordre. » Toutes choses sus­cep­tibles, selon l’élu, de cau­tion­ner direc­te­ment ou indi­rec­te­ment des com­por­te­ments « qui ne peuvent conduire qu’au désordre, à l’a­nar­chie et à la vio­lence ».

« C’est leur lieu de tra­vail, ils auraient pu être sur place »

« Nous dénon­çons de la façon la plus ferme cet acte d’une extrême gra­vité. C’est une atteinte insup­por­table à la vie démo­cra­tique de notre pays qui, mal­heu­reu­se­ment, est le reflet d’un cli­mat de vio­lence qui tend à s’am­pli­fier », a déclaré à son tour Jérôme Safar en pré­li­mi­naire d’une ques­tion orale.

Le siège du parti avait déjà subi des dégradations. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Le siège du Parti socia­liste avait déjà subi des dégra­da­tions. © Joël Kermabon – Place Gre’net

L’élu socia­liste ne cache pas que les mili­tants sont for­te­ment cho­qués, secoués. « Même si cela s’est passé durant la nuit, c’est leur lieu de tra­vail, ils auraient pu se trou­ver sur place ! », s’in­quiète-t-il rétrospectivement.

Mais Jérôme Safar en est convaincu, Grenoble ne doit pas céder à la violence.

Selon le pré­sident de groupe, le débat démo­cra­tique est l’une des grandes forces de la ville de Grenoble et « sa vita­lité n’est pas com­pa­tible avec des actes de vio­lence graves dont ont pâti, cette fois-ci, les mili­tants socia­listes ». Et de citer Erwann Binet, député PS de l’Isère : « Tirer à balles réelles sur un siège de parti, c’est tirer sur la démocratie. »

« Un acte de guerre ou de pré-guerre civile »

« Certes, nous ne par­ta­geons pas grand-chose avec le Parti socia­liste mais nous tenons à dénon­cer cet acte abso­lu­ment inqua­li­fiable que pour ma part je qua­li­fie­rais d’acte de guerre ou de pré-guerre civile », lance Alain Breuil, conseiller muni­ci­pal du groupe Front natio­nal. Selon ce der­nier, l’événement est la suite logique de toute une série d’ac­tions qui se sont dérou­lées sur Grenoble cou­rant mai.

« Nous avons vu des banques, le jour­nal local [Le Dauphiné libéré, ndlr], La Poste, l’é­cole de com­merce [Grenoble École de mana­ge­ment, ndlr] se faire caillas­ser en long, en large et en tra­vers », énu­mère l’élu fron­tiste. « Nous ne sommes plus là dans le cadre de mani­fes­ta­tions reven­di­ca­tives mais dans le cadre d’ac­tions concer­tées contre la démo­cra­tie mais aussi contre l’État », constate Alain Breuil.

Joël Kermabon

JÉRÔME SAFAR : « NOUS NE POUVONS PAS FAIRE LES AUTISTES »

Jérôme Safar. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Jérôme Safar. © Joël Kermabon – Place Gre’net

Nombre de per­ma­nences du Parti socia­liste ont récem­ment fait l’ob­jet de dégra­da­tions dans toute la France. Ce lundi 23 mai, plus grave, celle de Grenoble a été la cible de tirs. Lors d’une inter­rup­tion de séance du conseil muni­ci­pal, nous avons recueilli la réac­tion de Jérôme Safar.

De quoi cette ambiance délé­tère vous semble-t-elle révélatrice ?

En dehors de tout débat sur la loi El Khomri, sur l’u­ti­li­sa­tion de l’ar­ticle 49 – 3, notre pays a un pro­blème d’es­time de soi qui est bien réel. Tous les gens qui viennent de l’é­tran­ger nous le disent. Un de mes amis de Montréal m’a récem­ment dit ne pas com­prendre cet état de sur­ten­sion qui est le nôtre alors que nous avons tout pour réus­sir et être heureux.

Évidemment, il y a des dif­fi­cul­tés sociales, un chô­mage de masse qui n’est tou­jours pas réglé dans ce pays. Mais il faut, à un moment, admettre que s’il y a des dif­fi­cul­tés, nous ne sommes pas dans un pays qui est “à la rue”. Nous avons des atouts consi­dé­rables mais nous n’a­vons tou­jours pas réussi à faire en sorte que la jeu­nesse fran­çaise soit l’un d’entre eux. C’est le gros pro­blème. Les jeunes se vivent comme une géné­ra­tion sacri­fiée. C’est impos­sible d’en­tendre ça !

Que vous évoquent leurs revendications ?

J’ai per­son­nel­le­ment com­mencé à mili­ter lors des grèves contre la loi Devaquet. On se bat­tait pour plus d’é­ga­lité, pour des choses posi­tives. Là, ils sont obli­gés de se battre en défen­sif et ils ont le sen­ti­ment d’être un peu la variable d’a­jus­te­ment. Il faut l’en­tendre, ça ! 

Manifestation contre la loi El Khomri, Grenoble, 17 mars 2016. © Yuliya Ruzhechka - www.placegrenet.fr

Manifestation contre la loi El Khomri, Grenoble, 17 mars 2016. © Yuliya Ruzhechka – pla​ce​gre​net​.fr

Nous ne pou­vons pas faire les autistes mais il ne faut pour autant pas tom­ber dans cette forme de déma­go­gie qui consis­te­rait à leur dire qu’ils ont rai­son sur tout. Il faut savoir expli­quer, savoir prendre le temps de l’explication.

Quelles sont d’a­près vous les prio­ri­tés pour le PS aujourd’hui ?

Les rythmes poli­tiques aujourd’­hui sont très sac­ca­dés, très pré­ci­pi­tés. Je n’é­tais pas favo­rable au quin­quen­nat quand il a été mis en place. Je pense que c’est une erreur colos­sale. Il faut que nous regar­dions com­ment rééqui­li­brer ce couple pré­sident – Premier ministre qui, aujourd’­hui, est un peu brin­que­ba­lant. Mais la prio­rité, c’est l’é­co­no­mie et tout faire pour que l’emploi redé­marre. La gauche doit se res­sai­sir sur les 35 heures que nous n’a­vons pas réus­sies par­fai­te­ment, notam­ment dans les hôpi­taux et d’autres administrations. 

Il y a des pistes pas uni­que­ment libé­rales. Je pense qu’il faut sur­tout voir, non pas com­ment réen­chan­ter la poli­tique – je n’aime pas ce terme passe-par­tout –, mais com­ment don­ner des signaux de réelle atten­tion à des popu­la­tions qui attendent vrai­ment qu’on leur tende la main.

Joël Kermabon

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