EN BREF – Depuis le 4 mai et jusqu’au 31 juillet, le musée de Grenoble expose La Pentecôte, l’une des toiles du peintre espagnol Le Greco. Issu des collections du musée national du Prado (Madrid), le tableau a été obtenu grâce à un échange de bons procédés… Explications.
Saint-Jérôme pénitent, le chef‑d’œuvre du XVIIe siècle de Georges de La Tour, a fait le voyage du musée de Grenoble jusqu’à celui du Prado, à Madrid.
Pour avoir consenti ce prêt, Guy Tosatto, directeur du musée de Grenoble, a obtenu en échange La Pentecôte, du peintre espagnol Le Greco. Voilà comment les musées européens entretiennent de bons rapports. En troquant les chefs‑d’œuvre dont ils sont pourvus !
Au musée de Grenoble, une salle entière est ainsi dédiée à La Pentecôte, de manière à pouvoir pleinement appréhender la grande toile, de 2,75 mètres de hauteur sur 1,27 de largeur tout de même. Avec, bien sûr, des informations sur l’œuvre : éléments de biographie du Greco, contexte de la commande… La toile s’inscrivait, à l’origine, au cœur d’un projet plus vaste de retable, dont les sculptures et le travail d’ébénisterie ont été perdus.
Le Greco : un peintre audacieux
Restent donc les six toiles qui composaient ce retable. Dont ce tableau, relatif à l’une des scènes phares de la vie du Christ, que l’on peut rappeler ici, à quelques jours du week-end de l’Ascension.
Nous voilà donc au cinquantième jour (traduction littérale de « pentecôte » en grec) de la résurrection du Christ, d’après les Évangiles. Les apôtres et Marie – au centre de la composition – se réunissent à cette occasion. L’assemblée reçoit alors l’Esprit saint sous la forme de flammes. Tous s’en étonnent, exceptée la Vierge Marie, comme le montre sa posture.
Rien de plus commun à l’époque, à la transition du XVIe et du XVIIe siècle, que de représenter une telle scène pour un retable, meuble de bois voué à orner les lieux de culte. Commandé qui plus est, dans le cas du Greco, par le Conseil royal de Castille.
Néanmoins, le peintre, et cette œuvre par extension, incarne aujourd’hui la liberté. Par le choix de ses couleurs vives et les effets de distorsion qui déforment les visages. Ce qui ne manquait pas de choquer les contemporains du peintre. Antonio Placer, directeur du Nouveau Théâtre Sainte-Marie‑d’en-Bas, admirateur du Greco, ajoute que ce dernier faisait même montre d’un courage exceptionnel, ici, en prêtant aux disciples du Christ les traits de certaines victimes de l’Inquisition !
Adèle Duminy
LES MANIFESTATIONS AUTOUR DU GRECO
Nuit des musées : Le Greco à la loupe
Samedi 21 mai
Valérie Huss, conservatrice, vous donne rendez-vous de 20 h 30 à 23 h 30 autour d’une « mise en détails » de l’œuvre sur écran. Entrée libre.
Conférence autour du Greco
Auditorium du musée
Jeudi 2 juin, de 17 heures à 20 heures.
Entrée libre, dans la limite des places disponibles.
Concert « Chansons indignées »
Auditorium du musée
Vendredi 10 et samedi 11 juin à 20 h 30.
Avec Antonio Placer et Angélique Ionatos. Découverte du tableau, à partir de 19 heures.
Réservations : 04 76 42 86 11
Visites guidées « Les thématiques du dimanche »
La peinture espagnole au XVIIe siècle
Les 12 et 19 juin à 11 heures.
Réservations : 04 76 63 44 44/47