Exposition de Cristina Iglesias au Musée de Grenoble. © Cassandre Jailliffier - placegrenet.fr

Cristina Iglesias inves­tit l’es­pace au musée de Grenoble

Cristina Iglesias inves­tit l’es­pace au musée de Grenoble

FOCUS – Cristina Iglesias pose ses valises à Grenoble. Le musée de la ville accueille sa nou­velle expo­si­tion jus­qu’au 31 juillet. Sa démarche, loin de se réduire à des sculp­tures presque archi­tec­tu­rales, est empreinte d’une réflexion sur la spa­tia­lité des formes dans laquelle est convié le spectateur.

L'artiste espagnole Cristina Iglesias au Musée de Grenoble. © Cassandre Jailliffier - placegrenet.fr

L’artiste espa­gnole Cristina Iglesias au Musée de Grenoble. © Cassandre Jailliffier – pla​ce​gre​net​.fr

« Ce tra­vail sur la sculp­ture rend compte de l’es­pace de manière directe et puis­sante. Les œuvres s’a­daptent à l’es­pace dans lequel elles s’ins­crivent. » Pour Guy Tosatto, direc­teur du musée, l’ar­tiste a voulu rendre compte de cette coha­bi­ta­tion entre forme, tem­po­ra­lité et spa­tia­lité. « Les formes prennent en compte et s’ap­pro­prient l’es­pace et le lan­gage de l’ar­chi­tec­ture. »

Une archi­tec­ture pré­caire qui sug­gère la rela­tion de l’Homme à la nature. Rien ne s’im­pose, tout se construit ensemble : les struc­tures expo­sées semblent être révé­la­trices de ce croi­se­ment entre repré­sen­ta­tion de la nature et trace du pas­sage humain.

« Chacune des formes et des pro­blé­ma­tiques déve­lop­pées sont des réfé­rences à la nature », explique Cristina Iglesias. Cette artiste espa­gnole est l’une des plus mar­quantes de ces vingt der­nières années.

Découverte dans les années 1980, elle a fait de la sculp­ture archi­tec­tu­rale son domaine de pré­di­lec­tion. Jusqu’au 31 juillet, le Musée de Grenoble offre la pos­si­bi­lité de venir décou­vrir cette artiste inter­na­tio­nale, peu connue du public fran­çais. On y découvre des œuvres pure­ment contem­po­raines, ins­pi­rées de sa culture ibérique.

« Le meilleur moyen pour appré­hen­der une figure, c’est de se dépla­cer autour »

Tout près, un ruis­sel­le­ment. Comme un cours d’eau qui se glisse entre les œuvres, l’eau devient le fil conduc­teur de l’ex­po­si­tion. Omniprésente, elle habite l’es­pace visuel et sonore le long du parcours.

Exposition de Cristina Iglesias au Musée de Grenoble : Aquarium III. © Cassandre Jailliffier - placegrenet.fr

Exposition de Cristina Iglesias au Musée de Grenoble : Aquarium III. © Cassandre Jailliffier – pla​ce​gre​net​.fr

D’où lui vient son ins­pi­ra­tion ? Ce sont les nom­breuses com­mandes pas­sées sur le thème de l’eau qui ont ouvert la voie à Cristina Iglesias. Pièce majeure de l’ex­po­si­tion, Puits n°1, pré­sen­tée comme une fon­taine d’in­té­rieur qui se rem­plit d’eau, len­te­ment, et s’é­coule comme un marais au tra­vers de ce tis­sage de branches et racines.

« Le meilleur moyen pour appré­hen­der une figure, c’est de se dépla­cer autour », estime Guy Tosatto. Le regard est par­tout, il guide le visi­teur au tra­vers des œuvres.

Et l’ar­tiste aime jouer avec les dif­fé­rentes per­cep­tions pos­sibles. À l’i­mage de Jalousies, cette œuvre colos­sale com­po­sée de 18 pan­neaux en grès qui reprend cette notion de point de vue de façon sym­bo­lique. À mi-che­min entre un paravent qui dis­si­mule et un écran qui offre à voir, ces jalou­sies laissent pas­ser le regard des spec­ta­teurs. À chaque posi­tion sa sen­sa­tion : tel pour­rait être le crédo de l’ex­po­si­tion, qui évo­lue selon l’en­droit d’où l’on regarde les œuvres.

« C’est une expo­si­tion à vivre au tra­vers d’une lente pro­gres­sion méditative »

« L’œuvre nous enve­loppe, comme un nou­vel envi­ron­ne­ment. Architecture de mots, de phrases, extraits de livre : l’œuvre est en sus­pen­sion. » Un espace dans l’es­pace, à l’i­mage de la sculp­ture pavillon sus­pendu IV, dont les pan­neaux de frag­ments tex­tuels inter­fèrent avec l’es­pace réel.

Oeuvre Chambre Végétale III, tirée de l'exposition de Cristina Iglesias au Musée de Grenoble

Œuvre Chambre Végétale III, tirée de l’ex­po­si­tion de Cristina Iglesias au Musée de Grenoble. © Cassandre Jailliffier

Chaque œuvre est conçue pour offrir de mul­tiples per­cep­tions. En péné­trant à l’in­té­rieur, on découvre un tout autre uni­vers, bien loin de son appa­rence extérieur.

Comme Chambre végé­tale, ce laby­rinthe dans lequel le visi­teur se perd, se regarde et se ques­tionne sur son propre rap­port à l’es­pace, ces œuvres sont des miroirs de la nature, qui la déforment plus qu’ils ne la représentent.

Des créa­tions pen­sées autour de la notion d’es­pace, qui allient repré­sen­ta­ti­vité de la nature et dés­illu­sion : voilà ce qu’offre à voir l’ar­tiste dans cette nou­velle expo­si­tion. Le faux-sem­blant est par­tout. Une imbri­ca­tion de trompe‑l’œil dans les­quels on peut se pro­me­ner, s’é­va­der, mais qui nous ren­voient tou­jours à la réa­lité. Une expo­si­tion à la jonc­tion entre le mys­tère oni­rique et la sombre réalité.

« C’est une expo­si­tion à vivre au tra­vers d’une lente pro­gres­sion médi­ta­tive autour des formes éla­bo­rées au fil de ces quinze der­nières années », com­mente Guy Tosatto. Par ses œuvres, l’ar­tiste met en forme la confron­ta­tion per­ma­nente des anti­no­mies : une nature à la fois rêvée et pétri­fiée, sau­vage et raf­fi­née, à l’i­mage des parois de la Chambre végé­tale, une eau bien­fai­sante et dévas­ta­trice, des jeux d’ombres et de lumières, etc.

Exposition de Cristina Iglesias au Musée de Grenoble. © Cassandre Jailliffier - placegrenet.fr

Exposition de Cristina Iglesias au Musée de Grenoble. © Cassandre Jailliffier – pla​ce​gre​net​.fr

« Passer du réel au sur­réel de façon sub­tile, tel est le but des œuvres pro­po­sées », pré­cise l’ar­tiste par l’in­ter­mé­diaire de Guy Tosatto. Et celle-ci s’a­muse avec les maté­riaux, pour ampli­fier ce rap­port contra­dic­toire aux œuvres. Entre les formes clas­siques et sobres, telles que le marbre, et l’u­ni­vers plus sombre et sou­ter­rain créé par les racines en résine.

Les maté­riaux donnent vie et force à l’ex­po­si­tion, comme deux aimants qui se repoussent et créent de l’éner­gie. Des pan­neaux muraux en soie au métal tissé, en pas­sant par le tra­vail de col­lage de pho­tos : les maté­riaux sont là, ins­pi­rants et mis à l’honneur.

Cassandre Jalliffier

CRISTINA IGLESIAS EN BREF

L'artiste espagnole Cristina Iglesias. DR

L’artiste espa­gnole Cristina Iglesias. DR

Cristina est née en 1956 à Saint-Sébastien, en Espagne. Après des études de chi­mie, elle part se for­mer à la Chelsea School of Art à Londres, en 1980. De là, tout s’en­chaîne : accès au titre de pro­fes­seur, prix natio­nal des arts plas­tiques d’Espagne et mul­tiples expo­si­tions lors de bien­nales, comme à Séville et Venise. En trente ans, elle s’est impo­sée parmi les artistes espa­gnols les plus recon­nus. D’où les nom­breuses com­mandes publiques qui lui sont pas­sées, prin­ci­pa­le­ment sur le thème de l’eau.

Oeuvre Puits I, tirée de l'exposition de Cristina Iglesias au Musée de Grenoble

Oeuvre Puits I, tirée de l’ex­po­si­tion de Cristina Iglesias. © Cassandre Jailliffier – pla​ce​gre​net​.fr

PUITS N°1 RESTE À GRENOBLE

La ville de Grenoble a acheté une des œuvres pré­sen­tées durant l’ex­po­si­tion de Cristina Iglesias, dans le but de com­plé­ter la col­lec­tion du musée de Grenoble.

Il s’a­git de Puits n°1, cette fon­taine qui aspire et rejette l’eau sur un enla­ce­ment de racines et feuilles. Le mon­tant de la tran­sac­tion est de 180.000 euros, financé à moi­tié par L’État et la Région.

CJ

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