FOCUS – La 14e édition du Printemps du livre se déroule du 30 mars au 3 avril au Musée de Grenoble et dans les bibliothèques de l’agglomération grenobloise. Cette année, l’accent est mis sur une jeunesse qui se fait rare dans ce type de rendez-vous littéraire. Julien Delmaire, poète, slameur et auteur invité à mener une master class d’écriture avec des lycéens en amont de l’événement, nous parle de son expérience avec ses cinq jeunes apprentis.
Les festivals littéraires n’ont pas le vent en poupe chez les jeunes. Le Printemps du livre, en dépit de sa renommée, de la qualité de sa programmation et de sa forte fréquentation, n’échappe pas à cet état de fait. C’est pourquoi Carine d’Inca, coordinatrice du festival, et son équipe ont mis en place différentes actions visant à séduire la jeunesse, plus prompte à fréquenter les festivals musicaux.
C’est surtout en amont que ça se passe, comme c’est le cas de l’ensemble des actions de médiation menées en direction de tous les publics. Il y a, bien sûr, le travail en collaboration avec les classes et leurs enseignants, qui préparent des rencontres avec les auteurs invités. Mais jusque-là, rien de nouveau sous le soleil. Même s’il faut reconnaître à ces rencontres le pouvoir de susciter chez les élèves, plus coutumiers des auteurs morts, un intérêt réel pour l’acte d’écrire.
Utiliser les outils de communication de la jeunesse
« Devenez booktubers » nous interpelle le site du Printemps du livre. Autrement dit, les internautes sont invités à exprimer leur enthousiasme à l’endroit d’un livre de la sélection du festival, face caméra, pendant une minute trente environ. La vidéo, ou booktube, est ensuite postée sur la chaîne Youtube du Printemps du livre. Une manière de rencontrer la jeunesse via les outils de communication qu’elle utilise.
Autre concept voué à séduire la jeunesse : la « battle de coups de cœur » organisée le 1er avril dans la salle de séminaire du Musée de Grenoble. Le terme anglais de « battle », emprunté au monde du hip-hop, renvoie ici à un affrontement, pacifié bien sûr, où chacun est invité à défendre son livre favori dans un temps déterminé.
Enfin, à la demande de Corinne Bernard, adjointe à la culture de la ville de Grenoble, désireuse, elle aussi, de voir les jeunes fréquenter davantage le festival, la bande dessinée a été réintroduite dans la sélection après y avoir fait un court passage lors des premières éditions.
Une master class avec le poète et slameur Julien Delmaire
Pour insuffler le goût du littéraire, rien de tel que de faire écrire. D’où l’organisation d’une master class menée par l’auteur, poète et slameur Julien Delmaire, habitué des salons et autres festivals littéraires autant que des cercles davantage liés à la musique ou au slam.
Cette année, il fait d’ailleurs le pont entre le Festival Détours de Babel, où il joue « Spoken blues » au côté de Nicolas Repac, samedi 2 avril au Théâtre municipal, et le Festival du Printemps du livre.
Les cinq lycéens ayant participé à la master class restitueront, accompagnés eux aussi du musicien Nicolas Repac, une partie de leurs poèmes au Musée de Grenoble le 1er avril à 18 heures.
Mais pourquoi le terme « master class » plutôt qu’« atelier d’écriture » ? Par goût des anglicismes ? « L’idée était d’amener les jeunes à approfondir une pratique de l’écriture qu’ils avaient déjà. Il ne s’agissait pas d’un atelier d’écriture classique. Là, pendant trois jours, soit une quinzaine d’heures d’écriture, on a essayé de pratiquer de manière intensive afin d’accompagner le processus d’écriture de chacun », nous explique Julien Delmaire.
Les cinq participants fréquentent le lycée Argouges, le Lycée professionnel des Charmilles et le Lycée international Europole. « Tous écrivaient déjà pour eux. Ils avaient des textes sur leurs ordinateurs ou sur leurs cahiers. Je me suis senti entouré de personnes pour qui l’écrit avait déjà une importance au-delà de ce qu’on leur demande de produire au lycée », ajoute Julien Delmaire, qui ne cache pas son admiration pour les poèmes écrits lors de cette master class. Des textes qui méritent une publication, d’après lui.
Le thème de la master class ? « Jazz, des mots dans la nuit ». « Au-delà de la musique « jazz » (certains textes ont été écrits en écoutant et en s’imprégnant de la musique de Miles Davis), c’est d’abord l’atmosphère qui m’intéressait : une ambiance nocturne, urbaine, poétique, charnelle et habitée. »
À la question de savoir si ce type d’initiative peut inciter, par l’exemple, d’autres jeunes à retrouver le goût de la littérature et, le cas échéant, à fréquenter le festival du Printemps du livre, le poète répond :
« Ce n’est pas toujours évident de rassembler les jeunes au sein d’un festival, c’est sûr. Mais je fais beaucoup d’ateliers dans les collèges et lycées et je me rends compte que les jeunes lisent. D’ailleurs, l’un des rares secteurs de l’édition qui se porte encore bien, c’est celui de la littérature jeunesse. »
Secteur jeunesse également représenté lors du Printemps du livre par des invités tels que Mathieu Robin ou Estelle Savasta. Cette dernière avait donné pour la scène, à la MC2 l’an passé, une très belle adaptation de l’album d’Isabelle Carier, La Petite Casserole d’Anatole.
Adèle Duminy
INFOS PRATIQUES
Festival du Printemps du livre
Lectures, parcours littéraires, débats, performances artistiques, dédicaces et signatures
Bibliothèques municipales de l’agglomération grenobloise et Musée de Grenoble
Du 30 mars au 3 avril 2016
Bar de La Belle Électrique (en partenariat avec le Festival du Printemps du livre et le festival Détours de Babel)
Rencontre apéro poétique slamée avec Julien Delmaire
Mercredi 30 mars, à 18 heures
Entrée libre
Salle de séminaire du Musée de Grenoble (en partenariat avec le Festival du Printemps du livre et le festival Détours de Babel)
Restitution de la master class menée par Julien Delmaire, Jazz, des mots dans la nuit
Accompagnement musical : Nicolas Repac
Vendredi 1er avril, à 18 heures
Entrée libre
Théâtre municipal de Grenoble (en partenariat avec le Festival du Printemps du livre et le Festival Détours de Babel)
Spoken blues avec Nicolas Repac et Julien Delmaire
Samedi 2 avril, à 19 h 30
Gratuité pour les moins de 26 ans et minima sociaux / 5 à 8 euros