ÉVÉNEMENT – La huitième édition du Festival de géopolitique de Grenoble organisé par Grenoble école de management (Gem) met cette fois le cap sur l’Afrique. Du 16 au 19 mars, des experts de la géopolitique et des relations internationales vont décrypter les « Dynamiques africaines » et tenter de déterminer vers quels destins se dirigent « ces Afriques en marche ».
Organisé par Grenoble école de management (Gem) depuis 2009, le Festival de géopolitique de Grenoble est devenu un rendez-vous attendu par tous ceux qui souhaitent mieux appréhender et comprendre la complexité du monde. À chaque année son thème. Après s’être interrogé sur « A quoi servent les frontières ? » en 2015, le festival met cette année le cap sur l’Afrique et ausculte les « Dynamiques africaines », fil rouge de cette huitième édition.
Protéiforme, ouvert à tous les publics, le festival de géopolitique accueille chaque année une nébuleuse d’experts, d’économistes, d’enseignants, mais aussi de politiques de tous bords.
Plus de 90 conférences en trois jours
C’est aussi une large palette d’événements ponctués de temps d’écoute et d’échanges entre le public et les intervenants. Pour l’occasion l’organisation a mis les petits plats dans les grands et il n’y a que l’embarras du choix. Songez, plus de 90 conférences – dont 55 seront retransmises en direct.
Ajoutez à cela des débats, des ateliers, des simulations géopolitiques et autres tables-rondes. Mais pas seulement ! Au programme également : de la musique, un coin littéraire, des expositions et la projection de documentaires pour lire, voir et écouter l’Afrique… autrement.
Jean-Marc Huissoud, directeur du festival mais aussi directeur du Centre d’études en géopolitique et gouvernance de Gem, a répondu à quelques-unes de nos interrogations sur ce festival.
“L’AFRIQUE EST DE NOUVEAU DANS LES RADARS POLITIQUES, ÉCONOMIQUES, HUMANITAIRES ET ENVIRONNEMENTAUX”
Quels sont les objectifs poursuivis par le festival de géopolitique de Grenoble ?
Nous souhaitons faire bénéficier de notre réseau, de nos connaissances, de cette réflexion le grand public, quel que soit son intérêt pour la question. Et ce justement pour diffuser cette culture du rapport à un monde qui est peut-être parfois un peu trop grand pour beaucoup et qui fait peur. Il y a à montrer que ce monde est compréhensible, qu’il est explicable […] et lutter contre le développement d’un sentiment paniqué, angoissé d’une information qui est souvent trop émotionnelle.
Le festival, c’est donner du temps pour prendre une information structurée sur laquelle on peut bâtir une réflexion. On n’est pas obligé d’être d’accord avec tous les intervenants qui sont responsables de leurs discours. C’est un moment de prise de recul.
Pourquoi organiser un festival de géopolitique dans une école de management ?
C’est une nécessité réaliste d’essayer de comprendre le monde dans lequel on va évoluer. Les vieilles recettes et les habitudes prises au fil du temps dans l’enseignement du management sont devenues insuffisantes par rapport au changement de contexte qu’implique la mondialisation et l’arrivée de nouveaux acteurs économiques et politiques issus d’autres parties du monde.
Ce qui caractérisera la vie des étudiants dans les entreprises ou les organisations non gouvernementales (ONG), dans leurs parcours personnels ou autres, c’est qu’ils seront en relation avec des territoires et ils seront responsables de leurs relations dans ces territoires. C’est un enjeu à la fois de sécurité et d’éthique […], sachant que tous vont, a minima, passer six mois à l’étranger, ne serait-ce que dans leur scolarité.
Quelles sont les raisons du choix de ce thème des dynamiques africaines ?
L’Afrique est de nouveau dans les radars politiques, économiques, humanitaires et aussi environnementaux, avec toute une série de discours difficiles à coordonner entre eux et pour certains, trop simplistes, un peu trop à la mode, un peu trop orientés sur des choses qui ne peuvent pas se comprendre sans le contexte global. Et puis c’est aussi un continent qui change, qui est en mutation alors qu’on a tendance à le classer, le circonscrire dans des images un peu surannées. C’est par ailleurs un continent pluriel et ce qui est important dans ce thème c’est le mot « dynamiques », qui est au pluriel.
S’il est bien sûr important de questionner ce rapport que nous avons avec l’Afrique, l’objet du festival c’est l’Afrique. Mais pas uniquement vue dans ses relations avec l’extérieur.
Il s’agit d’insister sur ce que l’Afrique fait d’elle-même et ne pas renforcer l’idée assez fausse que les Africains ne font rien et ne font que subir ce qui leur a été imposé par les puissances étrangères.
Ce sont des acteurs, parfois puissants, sur des agendas particuliers, dans des régions particulières, ce qui implique leur prise de responsabilité par rapport à un certain nombre de crises et de situations qui se développent sur le continent.
Le festival compte plus de 90 conférences en trois jours, auxquelles s’ajoutent les autres événements. Pourquoi une telle profusion ?
C’est parce que nous essayons de faire plaisir à tout le monde ! Nous essayons d’accueillir le plus d’intervenants possibles parmi les candidatures que nous recevons. Notre volonté est de couvrir un large champ de disciplines. Mais c’est aussi parce qu’il y a un public à satisfaire et il faut lui proposer des choix. De plus, cela évite de se retrouver dans une posture d’injonction du public à certains raisonnements, à certains contenus. Du coup, les orateurs ont aussi un choix de sujets puisque, s’ils ne parlent pas de telle ou telle chose, un autre le fera. Finalement, cela contribue à la liberté de chacun au sein du festival pour favoriser les échanges et animer cet événement.
Joël Kermabon
Pour en savoir plus : Consultez le programme des débats, des conférences ainsi que des autres événements du festival. Mais avant de vous y rendre, prenez bien soin de vous inscrire.