© Emily Remy Christopher Gibert

Christopher Gibert : “On peut faire de la musique clas­sique et s’amuser !”

Christopher Gibert : “On peut faire de la musique clas­sique et s’amuser !”

BLOG CULTURE – L’ensemble tou­lou­sain Dulci Jubilo sera de pas­sage à Grenoble samedi 19 mars. Ce jeune chœur de chambre est pro­grammé à l’auditorium du Musée de Grenoble par l’Association des étu­diants du mas­ter Diffusion de la culture (Aémd), dans le cadre de son fes­ti­val « Plutôt la vie ». A 23 ans tout juste, Christopher Gibert dirige cet ensemble qu’il a fondé… grâce aux réseaux sociaux ! De quoi faire men­tir les pré­ju­gés qui vou­draient que jeu­nesse et musique clas­sique s’excluent.

Propos recueillis par Clémentine Maniguet

Comment devient-on un chef de chœur reconnu à seule­ment 23 ans ?

© Emily Remy Christopher Gibert

Christopher Gibert. © Emily Remy

J’ai com­mencé la musique assez tard, à 15 ans, par le piano. Puis je me suis rapi­de­ment mis à l’orgue et suis entré au Conservatoire de Toulouse. C’est à ce moment-là que j’ai pris la direc­tion du chœur, au chant gré­go­rien. J’ai ensuite pra­ti­qué l’écriture et l’analyse.

Aujourd’hui, je suis sur­tout direc­teur de chœur, ce qui est un mélange de toutes ces dis­ci­plines, finalement.

Bien sûr je débute, com­paré à cer­tains grands chefs. Mais je ne suis pas le seul chef à être jeune !

D’où vous est venue cette envie de fon­der l’en­semble Dulci Jubilo ?

J’avais envie d’aller au-delà de mes deux heures de pra­tique cho­rale en licence de musi­co­lo­gie. Comme je sui­vais déjà une for­ma­tion de chef de chœur au Conservatoire, je trou­vais ça dom­mage de ne pas en faire plus. Un soir, sur un coup de tête, j’ai posté un mes­sage sur Facebook, en pro­po­sant de mon­ter une pièce. Le soir même, j’avais envi­ron 20 réponses posi­tives ! Je ne m’attendais pas à un tel enthou­siasme ! Alors on l’a fait. C’était il y a trois ans et on y est toujours !

Aujourd’hui, com­ment décri­riez-vous l’ensemble Dulci Jubilo ?

L'ensemble Dulci Jubilo © Emily Remy

L’ensemble Dulci Jubilo. © Emily Remy

Il est com­posé de 25 chan­teurs et musi­ciens, basés à Toulouse. Nous explo­rons essen­tiel­le­ment la musique baroque euro­péenne et la musique contemporaine.

Globalement, les membres de l’ensemble ont une for­ma­tion uni­ver­si­taire en musi­co­lo­gie ou sont chan­teurs au Conservatoire. Parmi les chan­teurs, beau­coup sont ins­tru­men­tistes. D’où leur capa­cité d’adaptation aux dif­fé­rents morceaux.

Pour le pro­gramme de Grenoble, par exemple, une pièce sera accom­pa­gnée à la flûte tra­ver­sière par une des chan­teuses. Je trouve inté­res­sant le fait d’entremêler un peu tout ça.

Vous êtes éga­le­ment compositeur…

Tout à fait. Le chœur a chanté une de mes com­po­si­tion l’an der­nier. Une grosse pièce de qua­rante minutes, avec orchestre, chœur, orgue et soliste. C’était une belle aven­ture, mais plus dif­fi­cile pour moi d’un point de vue tech­nique. Entre écrire une pièce et la faire tra­vailler, il y a deux mondes ! On essaie de col­ler au mieux à la par­ti­tion, mais ce n’est jamais exac­te­ment ce que le chœur fait. Les notes y sont évi­dem­ment, mais le rendu sonore est sou­vent un petit peu dif­fé­rent. En tout cas, ça leur a bien plu et le public a été assez charmé, semble-t-il, au vu des retours qu’on a eus.

La musique clas­sique n’attire pas tel­le­ment la jeu­nesse d’aujourd’hui. Vous cas­sez ce préjugé…

C’est vrai qu’il n’y a pas beau­coup de jeunes qui s’intéressent à la musique clas­sique. Mais c’est jus­te­ment l’occasion pour nous de leur mon­trer qu’on peut faire de la musique clas­sique et s’amuser. Évidemment c’est une pra­tique qui demande de la rigueur et une cer­taine maturité…

La jeu­nesse de cet ensemble n’est-elle pas un frein dans ce milieu ?

Pas du tout, au contraire, c’est même par­fois un avan­tage ! Certains fes­ti­vals aiment miser sur la jeu­nesse. La moyenne d’âge se situe entre 20 et 30 ans, ce qui nous apporte un cer­tain dyna­misme, qui trans­pa­raît assez immé­dia­te­ment. On est un jeune ensemble, certes, mais qui a la volonté de deve­nir pro­fes­sion­nel et qui s’en donne les moyens.

En quoi le pro­gramme que vous pré­sen­te­rez à Grenoble le 19 mars est-il inédit ?

C’est un pro­gramme que nous allons créer, autour de la musique euro­péenne, essen­tiel­le­ment anglaise et fran­çaise du XXe siècle. Le pro­gramme est un peu vic­time de l’actualité car, parmi les pièces que j’ai choi­sies, beau­coup ont été com­po­sées au début de la Seconde Guerre mon­diale. Elles sont donc par­fois très rudes, même si cer­taines mélo­dies sont pleines d’espoir. Ce n’est qu’un hasard, mais au final, ces pièces-là peuvent faire réflé­chir sur notre actua­lité en France et dans le Monde.

Christopher Gibert © Emily Remy

Christopher Gibert. © Emily Remy

Comment vous sen­tez-vous à l’approche de cette première ?

Ça va, ça pour­rait être pire ! (rire) On a pas mal tra­vaillé, donc on verra ! On a dû trou­ver une nou­velle manière de tra­vailler tous ensemble afin d’obtenir le son le plus pur et le plus cor­rect pos­sible. Les chan­teurs ont bien pro­gressé grâce à cette nou­velle expérience.

Le chant a cap­pella requiert d’autres exi­gences que le chant accom­pa­gné par un instrument.

Là, le chœur est à l’état pur. Sur ce pro­gramme, on explore éga­le­ment de nou­veaux réper­toires, avec notam­ment des pièces de Benjamin Britten ou Francis Poulenc. On espère donc que ça plaira au public.

Clémentine Maniguet, étu­diante en mas­ter Diffusion de la culture

INFOS PRATIQUES :

Ensemble Dulci Jubilo

à l’Auditorium du Musée de Grenoble

Samedi 19 mars 2016

Tarifs : 8 à 15 euros

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