REPORTAGE VIDÉO – La ville de Meylan inaugurait, ce jeudi 11 janvier, son système de “vidéoprotection”. Également au programme, la signature de la convention de coordination entre la police municipale et la gendarmerie concernant la remise d’armes létales aux policiers municipaux meylanais par le préfet de l’Isère, Jean-Paul Bonnetain.
« Nous nous devons de maintenir l’espace public à disposition des honnêtes gens et d’empêcher les voyous de se l’approprier. Ces voyous qui ne sont ni des victimes ni des damnés de la terre mais des individus qui, la plupart du temps, se livrent à des commerces aussi illégaux que lucratifs. »
Damien Guiguet, le maire de Meylan, ne mâchait pas ses mots ce jeudi 11 février dans la salle du conseil de sa mairie.
Accompagné du préfet de l’Isère, Jean-Paul Bonnetain, et de son premier adjoint, Jean-Claude Peyrin, l’élu inaugurait un système de vidéosurveillance flambant neuf. Par ailleurs – grande nouveauté – les cinq policiers municipaux que compte actuellement la Ville s’apprêtaient à recevoir leurs armes de service des mains du préfet.
Cinq armes de service pour la police municipale
La sécurité publique n’est pas prise à la légère par la majorité municipale Les Républicains de Meylan : trente-deux caméras de vidéoprotection pilotées depuis un poste central situé dans les locaux de la police municipale couvrent désormais une grande partie de l’espace public meylanais. Initié depuis le mois de novembre 2015, le dispositif est complété par des caméras qui seront portées par chacun des policiers municipaux au cours de leurs missions.
Ajoutez à cela une première dotation de cinq armes de service destinées aux cinq policiers municipaux actuellement en poste et le recrutement de trois policiers supplémentaires.
On aura compris que la municipalité n’a pas lésiné sur les moyens. Échaudée par l’incendie des locaux de la police municipale au cours de l’été 2015, la mairie a effectivement décidé “de mettre le paquet”.
« La ville de Meylan, depuis de nombreuses années, a toujours voulu s’inscrire dans les politiques que l’État a proposées. Que ce soit par la constitution, déjà ancienne, de notre conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) ou la réorganisation de notre police municipale », déclare Damien Guiguet.
L’édile en est convaincu, une politique de sécurité efficiente est plus que jamais nécessaire dans le territoire et, plus largement, le pays. « Sans cela, quelle que soit la qualité des services publics, on aboutira à des villes, et au final à un pays, invivables », prédit l’élu. Et celui-ci de conclure : « Notre responsabilité commune est de faire échec aux délinquants. C’est pour cela que nous avons pris ces dispositions. »
Reportage Joël Kermabon
« L’uniforme devient une cible, on le caillasse, on le défie »
« L’armement d’une police municipale n’est pas toujours une décision simple à prendre. Il fut un temps où l’uniforme suffisait pour protéger et se faire respecter. Maintenant, l’uniforme devient une cible, on le caillasse, on le défie. Il fallait un bouclier. La détention d’une arme à feu permettra la protection des policiers municipaux », explique Jean-Paul Bonnetain, le préfet de l’Isère.
Le représentant de l’État se veut rassurant quand il évoque la formation des agents : elle sera strictement la même que celle suivie par les policiers nationaux, assure-t-il.
« L’emploi des armes répond à un encadrement très particulier. Il y a une exigence technique, déontologique très forte », affirme-t-il.
Sur cette question de l’armement des policiers municipaux, de l’aveu même de Damien Guiguet, la majorité municipale a souvent dû prêter le flanc à la caricature lors des conseils municipaux. « Il ne s’agit pas de créer des “cow-boys” ou que sais-je encore. Moi, comme maire, je considère que lorsque j’envoie des hommes en uniforme sur le terrain, le premier devoir que je leur dois c’est de leur permettre de disposer des moyens de se protéger », se défend Damien Guiguet.
Questionné sur les raisons qui ont présidé à cette décision d’armement, l’élu nous précise quels en ont été les principaux éléments déclencheurs.
« Une surenchère néfaste pour tous »
Pour autant, les oppositions municipales ne s’en laissent pas compter. Notamment le groupe Meylan avenir (PS) qui est loin d’être convaincu par les coups de menton de la majorité. Si ce dernier ne conteste pas les vols, les actes d’incivilité et de dégradations, les agressions sur les personnes, il n’en concentre pas moins ses attaques sur la méthode employée par la municipalité pour y remédier.
Les opposants socialistes dénoncent ainsi sur leur blog « une affirmation sécuritaire largement développée … aux résultats déplorables ». Et de s’interroger : « Quelle est l’efficacité de la politique sécuritaire affichée par les maires de droite, Madame Tardy, et développée ces derniers mois par Monsieur Guiguet ? »
Les seules actions répressives et judiciaires, s’ils les estiment nécessaires, ne suffiront pas à leurs yeux.
Se plaçant sur le terrain de la prévention, le groupe déplore « une régression des moyens accordés à la prévention orchestrée par la droite ». Et dénonce « un conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) resté en sommeil depuis plusieurs années, ainsi que la baisse des subventions départementales ».
« Se gargariser de mots et de caméras pour jouer les “matamores à gros bras”, sans travailler la prévention par le contact de terrain au quotidien, ne peut que conduire à une surenchère néfaste pour tous », finissent-ils par conclure.
« La sécurité abandonne peu à peu ses missions de proximité »
Même son de cloche pour le Réseau des élus de gauche, écologistes et centristes à Meylan et ce tant pour la prévention qu’ils estiment affaiblie que pour l’inaction du CLSPD qui ne se serait pas réuni depuis 2013. Lors du conseil municipal de ce 8 février, le groupe a interpellé la majorité. « La mise en place de la vidéosurveillance, une police municipale d’abord plus musclée, puis maintenant armée font que la sécurité abandonne peu à peu ses missions de proximité, de dialogue, de lien social, d’éducation et de présence auprès des habitants », s’alarment les élus d’opposition.
Ainsi, estiment-ils, la commune n’assure plus la coordination des acteurs de la prévention : commune, État, écoles, collèges et lycées, associations, unions de quartier… « La convention municipale avec l’Association pour la promotion de l’action socio-éducative – Apase), qui permettait l’action de deux médiateurs dans la commune, a pris fin sans prolongement », regrettent les élus.
Et de conclure : « La commune doit sans délai reprendre son rôle de prévention qui participe à la sécurité de tous, son rôle de médiation qui permet de réduire les conflits et les violences dans notre ville. »
Joël Kermabon