FOCUS – Qui sera le candidat de la droite aux présidentielles de 2017 ? Alors que la gauche s’écharpe toujours sur l’opportunité d’un tel scrutin, la course à la primaire est lancée. Premier sur les rangs, Alain Juppé. Le maire de Bordeaux est à Grenoble ce mercredi 10 février. Avant François Fillon le 18… Tour d’horizon des forces en présence.
Les candidats à la primaire ouverte de la droite prévues le 20 novembre prochain sont dans les starting blocks. En ligne de mire : les élections présidentielles de 2017.
A Grenoble, on attend Alain Juppé ce mercredi 10 février au Stade des Alpes, avant François Fillon, le 18. Avant vraisemblablement Frédéric Lefebvre, Hervé Mariton, Nadine Morano et Jean-Frédéric Poisson, tous candidats déclarés.
Avant aussi, même s’ils ne se sont pas encore officiellement déclarés, Nicolas Sarkozy, Bruno Le Maire, Jean-François Copé, Nathalie Kosciusko-Morizet…
Alors que la gauche se divise toujours sur l’opportunité d’organiser une primaire dans son camp, la droite est en ordre de bataille. En Isère, les comités de soutien au maire de Bordeaux se multiplient. Une douzaine aujourd’hui.
« Ce sont des citoyens plus que des militants », souligne l’ancien député et conseiller municipal d’opposition (LR) Richard Cazenave, responsable de la campagne d’Alain Juppé dans le département. « Plus qu’une structuration hiérarchique, c’est le foisonnement qui est privilégié. »
Et pour cause. L’objectif pour chaque candidat est d’obtenir le soutien de 250 élus – dont 20 parlementaires – et de 2.500 adhérents (à jour de leur cotisation). L’objectif est aussi d’atteindre le chiffre de 3 millions de votes en novembre prochain, histoire d’asseoir la légitimité du futur candidat de la droite, et de faire mieux que la primaire socialiste de 2011 et ses 2,7 millions de participants.
Copé, Gaymard et Bayrou en soutien
La course aux soutiens est donc engagée. Jean-François Copé, Dominique Perben, Hervé Gaymard, Benoist Apparu se sont rangés derrière l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac. François Bayrou aussi. Faut-il y voir une stratégie du président du MoDem ? En attendant, Alain Juppé peaufine son image de rassembleur de la droite et du centre. Chantre de la droite modérée ?
Rétablissement des peines plancher, quotas d’immigration légale, construction de 10.000 places de prison supplémentaires, renfort policier… Difficile, en tout cas, de ne pas voir dans son livre-programme, Pour un État fort, un coup de barre à droite.
« L’objectif n’est pas d’être ou non sécuritaire, répond Richard Cazenave, mais d’apporter des réponses posées par la société française. Alain Juppé est un gaulliste attaché à la force de l’État. »
Un programme que ne renieront sûrement pas les hôtes du maire de Bordeaux mercredi à Grenoble. Alain Juppé y rencontrera Jean-Pierre Barbier, le président du Conseil départemental de l’Isère, ainsi que les élus locaux, départementaux et régionaux de la droite et du centre.
Il ira aussi à Meylan où la municipalité prévoit d’installer des caméras de vidéo-surveillance et d’armer la police municipale. Sans compter une rencontre avec les acteurs de la sécurité publique*.
En 2010, réagissant au discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy, le maire de Bordeaux avait fustigé la surenchère sécuritaire du président de la République. Le contexte appelle-t-il aujourd’hui à une droitisation ? « Le laxisme judiciaire exige de redresser la barre, pointe Richard Cazenave. Cela répond à un contexte et à une lente dérive au fil des années. Il ne s’agit pas du tout d’une course sécuritaire ! »
En attendant le résultat du scrutin, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac fait la course en tête dans les sondages. Dix ans après sa condamnation pour prise illégale d’intérêts dans l’affaire des emplois fictifs du RPR – qui lui a valu une peine inéligibilité de dix ans, ramenée à un an en appel –, Alain Juppé figure en bonne place parmi les présidentiables. Épilogue du chemin de croix de celui qui avait, avec abnégation, porté le chapeau ?
Patricia Cerinsek
* Une réunion publique est organisée à 19 h 15 dans les salons sud du Palais des sports de Grenoble.
Alain Juppé, invité de Gem en débat
Avant la réunion publique d’Alain Juppé de 19 heures à 21 heures au Stade des Alpes, ce mercredi 10 février, l’ancien Premier ministre passera par l’auditorium de Grenoble école de management.
L’association Gem en débat organise en effet une conférence avec le maire de Bordeaux sur les sujets phares de sa campagne à partir de 16 h 30. Dans un premier temps, il évoquera la question de l’État fort, de la sécurité et de la justice dans une France touchée par le terrorisme. Puis il enchaînera sur sa vision de l’éducation.