Bruno Fave, président de l'association de la maison des habitants Chorier Berriat. © Florent Mathieur - placegrenet.fr

L’association du Centre social Chorier Berriat “au bord du dépôt de bilan“

L’association du Centre social Chorier Berriat “au bord du dépôt de bilan“

DROIT DE SUITE – Le 9 décembre der­nier, l’as­so­cia­tion du centre social Chorier Berriat inter­pel­lait ses adhé­rents, suite à une baisse impor­tante de sa sub­ven­tion muni­ci­pale qui met­tait son exis­tence en péril. Bruno Fave, pré­sident de l’as­so­cia­tion, atten­dait alors une nou­velle réunion – et de nou­velles pro­po­si­tions – des élus. Plus d’une semaine après, la situa­tion semble loin d’être résolue.

« La volonté de pour­suivre le dia­logue. » Tel est le mes­sage que veut faire pas­ser Élisa Martin, pre­mière adjointe en charge du par­cours édu­ca­tif. L’élue a suivi de près le dos­sier de l’Association du centre social Chorier Berriat (CSCB), qui a fait tiré la son­nette d’a­larme après une baisse dras­tique de sa sub­ven­tion municipale.

« Je recon­nais mon erreur : nous avons ins­truit [dans le cadre du redé­ploie­ment des finan­ce­ments liés à l’en­fance, ndlr] cette asso­cia­tion comme les autres, type MJC ou mai­son de l’en­fance. Or, elle n’est pas de la même nature : elle a un pied dans le socio­cul­tu­rel et un autre dans l’a­ni­ma­tion sociale glo­bale. »

Bruno Fave

Bruno Fave, pré­sident de l’Association du Centre Social Chorier Berriat. © Florent Mathieu – Place Gre’net

« Comme nous ne sommes pas bor­nés, nous nous en sommes rendu compte et avons mis l’élu du CCAS, Alain Denoyelle, dans la boucle, afin de nous asseoir autour d’une table avec cette asso­cia­tion et de lui faire une pro­po­si­tion qui lui redonne de l’oxy­gène sur le plan financier. »

« Proposition » ou « opé­ra­tion comptable » ? 

La pro­po­si­tion en ques­tion est tech­nique : l’as­so­cia­tion et le CCAS cogé­raient la mai­son des habi­tants Chorier Berriat, incluant un poste de direc­teur qui “coû­tait” au CSCB 35.000 euros par an. Séparer les deux struc­tures, en met­tant fin à la coges­tion, sou­la­ge­rait donc l’as­so­cia­tion de ce coût.

Cependant, les ser­vices sociaux se désen­ga­ge­raient du finan­ce­ment d’un poste d’agent d’ac­cueil mutua­lisé, qui pèse envi­ron 13.000 euros par an. Ainsi, par sous­trac­tion, « l’oxy­gène » finan­cier pro­posé par la mai­rie repré­sen­te­rait la somme annuelle de 22.000 euros.

« Des éco­no­mies… pour qui ? », iro­nise Bruno Fave, qui dénonce une simple « opé­ra­tion comp­table » et estime que l’as­so­cia­tion devra, de toute manière, déga­ger le salaire d’un nou­veau direc­teur. « Ce ne sont pas des éco­no­mies, ce sont des dépenses sup­plé­men­taires. Mais cela allège le CCAS de 35.000 euros. Le pro­blème de fond n’est pas résolu. »

« Au bord du dépôt de bilan »

Élisa Martin, première adjointe chargée du parcours éducatif et de la tranquillité publique, dans son bureau de l'hôtel de ville de Grenoble. © Paul Turenne - placegrenet.fr

Élisa Martin, « sans inquié­tude » © Paul Turenne – pla​ce​gre​net​.fr

Le contraste entre la séré­nité affi­chée d’Élisa Martin et l’in­quié­tude de Bruno Fave est sai­sis­sant. Quand on lui parle d’oxy­gène, le pré­sident de l’as­so­cia­tion du CSCB ne mâche plus ses mots : « On va res­pi­rer sous terre ! Nous sommes au bord du dépôt de bilan. Il nous reste deux pos­si­bi­li­tés : soit mettre la clé sous la porte, soit réduire le per­son­nel de moi­tié pour deve­nir un tout petit centre de loi­sir, avec un direc­teur et une animatrice. »

Dans tous les cas, le licen­cie­ment d’une par­tie des six sala­riés de l’as­so­cia­tion semble iné­luc­table. « Si on ne licen­cie pas, il n’y aura plus d’argent dans les caisses au mois de juin 2016. Et si on licen­cie, on mange les réserves de l’as­so­cia­tion avec les primes de licen­cie­ment », se désole Bruno Fave, au bord du découragement.

Tandis qu’Élisa Martin nous explique ne pas vou­loir « perdre la qua­lité du dia­logue » et attendre la réponse de l’as­so­cia­tion « sans trop d’in­quié­tude », le pré­sident du CSCB évoque une « ter­rible ambiance » au sein de sa struc­ture et cer­tains sala­riés « au bord de la dépres­sion ».

« Déni total de la réalité »

Et Bruno Fave de tan­cer ver­te­ment la muni­ci­pa­lité : « Monsieur Piolle et Madame Martin sont très contents de la situa­tion qu’ils sont en train de gérer dans le déni total de la réa­lité. Bien sûr, ce ne sont pas eux qui vont devoir signer les der­nières fiches de paye des sala­riés qui res­tent sur le carreau ! »

« Ils n’ont pas envie qu’il y ait des asso­cia­tions d’ha­bi­tants dans les centres sociaux. À moins que cela ne leur coûte rien… Pas ques­tion pour la mai­rie de mettre un cen­time dans l’ac­com­pa­gne­ment d’ha­bi­tants. Ça inter­roge ! », estime encore le président.

« Je n’ai plus rien à dire à Élisa Martin. Elle gèrera elle-même les quatre-vingts enfants du centre de loi­sir et les 400 familles qui n’au­ront plus d’in­ter­face asso­cia­tive. Je pense qu’elle aura du pain sur la planche », conclut-il avec amertume.

Le sort – ou le deve­nir – de l’as­so­cia­tion sera connu au mois de jan­vier 2016, au cours duquel une assem­blée géné­rale extra­or­di­naire est d’ores et déjà programmée.

Florent Mathieu

N.B. du 20 décembre 2015, 13 heures :

Suite à la paru­tion de l’ar­ticle, Alain Denoyelle, adjoint au maire de Grenoble délé­gué à l’ac­tion sociale et vice-pré­sident du CCAS, et Élisa Martin, 1ère adjointe au maire de Grenoble char­gée du par­cours édu­ca­tif et de la tran­quillité publique, ont sou­haité appor­ter deux précisions :
– « En aucun cas le CCAS de la ville de Grenoble ne gagnera d’argent suite aux évo­lu­tions de l’ac­ti­vité de l’as­so­cia­tion. En cas de fin du copor­tage du poste de direc­tion, le CCAS se retrou­vera à assu­rer seul ce salaire sans contrepartie.
– Dans tous les cas, la place de l’as­so­cia­tion au sein de la mai­son des habi­tants Chorrier-Berriat est assu­rée. Son rôle, ses acti­vi­tés et les liens avec celles por­tées par la ville seront for­ma­li­sés dans une conven­tion d’objectifs. »

A lire aussi sur Place Gre’net :

MDH Chorier Berriat : la mixité sociale sacri­fiée sur l’autel des économies ?

Florent Mathieu

Auteur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

A lire aussi sur Place Gre'net

ANVCop21 et Parlons-Y Vélo réclament une sécurisation des carrefours pour les cycles et les piétons
ANVCop21 et Parlons‑Y Vélo réclament une sécu­ri­sa­tion des car­re­fours pour les cycles et piétons

FLASH INFO - Une vingtaine de militants des organisations ANV-Cop21 et Parlons-Y Vélo se sont donné rendez-vous à l'intersection entre le boulevard Joseph-Vallier et les Lire plus

Villages d'avenir, programme issu de France Ruralités, fait étape dans le Trièves avec des projets communs portés par cinq localités
France Ruralités : des pro­jets com­muns por­tés par cinq loca­li­tés du Trièves label­li­sées Villages d’avenir

FLASH INFO - Laurent Simplicien, secrétaire général du préfet de l'Isère, et Marius Gatouillat, chef de projet France Ruralités auprès de la préfecture de l'Isère, Lire plus

Le festival de cirque Courts-CIRCuits revient pour une 5e édition à Seyssinet-Pariset du mardi 16 au dimanche 28 avril 2024. Présenté par l’école de cirque grenobloise, Vit’amin, il aura lieu dans un chapiteau dans le parc Lesdiguières. ©FB Vit'anim
Seyssinet-Pariset : le fes­ti­val de cirque Courts-Circuits lance sa 5e édition

ÉVÉNEMENT - Le festival de cirque Courts-Circuits revient pour une 5e édition à Seyssinet-Pariset du mardi 16 au dimanche 28 avril 2024. Présenté par l’école Lire plus

Après Un bon début, le grenoblois Antoine Gentil présente sa méthode éducative "starter" avec son livre Classe réparatoire
Après Un Bon Début, le gre­no­blois Antoine Gentil pré­sente sa méthode édu­ca­tive « star­ter » avec son livre Classe réparatoire

FOCUS - Antoine Gentil, enseignant grenoblois au lycée Guynemer, responsable du dispositif "starter" à destination des élèves au bord du décrochage scolaire, a présenté son Lire plus

Le salon Mountain Planet de retour à Grenoble à Alpexo du mardi 16 au jeudi 18 avril 2024
Le salon Mountain Planet de retour à Alpexpo Grenoble du mardi 16 au jeudi 18 avril 2024

ÉVÉNEMENT - Alpexpo Grenoble accueille le salon Mountain Planet, qui se présente comme "le plus grand salon international de la montagne", du mardi 16 au Lire plus

Domène : l’élu RN Quentin Feres s’op­pose à une lec­ture théâ­trale, qua­li­fiée de « pro­mo­tion du wokisme », à la médiathèque

EN BREF - Le conseiller municipal Rassemblement national de Domène Quentin Feres, membre de la majorité, s'oppose à l'organisation d'une lecture théâtrale du livre La Lire plus

Flash Info

Les plus lus

Agenda

Je partage !