EN BREF – Le synchrotron européen de Grenoble s’engage dans un vaste plan de modernisation, avec la Banque européenne d’investissement. La BEI va, en effet, financer la construction d’un nouvel anneau de stockage sur le site de l’ESRF, à hauteur de 65 millions d’euros. De quoi repousser les limites de la science.
Faisant de l’innovation une de ses priorités d’action, la Banque européenne d’investissement (BEI) a signé, le 11 décembre dernier, un contrat avec l’ESRF (European Synchrotron Radiation Facility). Objectif : financer la modernisation du synchrotron européen de Grenoble en débloquant une enveloppe de 65 millions d’euros. Un montant qui sera injecté au projet “ESRF-Extremely Brilliant Source” (ESRF-EBS). Lancé en 2015, ce dernier doit permettre de construire un nouvel anneau de stockage et ainsi repousser les limites actuellement rencontrées dans l’exploration de la matière et des matériaux.
La participation de la Banque de l’Union européenne s’inscrit dans le cadre du programme « InnovFin » (financement européen de l’innovation) qui offre des produits sur mesure pour financer des projets de recherche et d’innovation menés par des entreprises et promoteurs d’infrastructures de recherche.
« [Ce financement] confirme notre engagement auprès de la recherche fondamentale mais aussi auprès d’une région dynamique qui s’investit dans la recherche et l’innovation », estime Ambroise Fayolle, vice-président de la Banque européenne d’investissement.
« Le soutien à l’innovation est une priorité d’action pour la Banque de l’Union européenne. Et il est de notre responsabilité de soutenir des projets de recherche fondamentale de premier plan à l’échelle mondiale. A fortiori lorsqu’ils ont un réel impact sur la santé et la vie quotidienne des citoyens européens. »
Un anneau de stockage cent fois plus puissant
Fondé en 1988, l’ESRF est l’une des sources de rayons X les plus intenses au monde. Sa lumière extrêmement brillante offre aux scientifiques des possibilités inégalées dans l’exploration de la matière, dans des domaines très variés comme la chimie, l’archéologie ou bien encore les applications médicales et les nanotechnologies.
Grâce à ce projet et au nouvel anneau de stockage, le synchrotron européen de Grenoble fournira aux chercheurs européens et internationaux ainsi qu’aux industriels un équipement d’excellence pour la recherche fondamentale et appliquée.
Côté performances, il proposera une brillance cent fois supérieure à celle d’aujourd’hui et une émittance (flux émis par unité de surface d’une source étendue qui rayonne) horizontale du faisceau de rayons X dix fois plus petite que celle obtenue dans les équipements actuels ou en construction.
« En créant une nouvelle source de lumière synchrotron aux propriétés inégalées, l’ESRF-EBS ouvre de nouvelles perspectives scientifiques pour l’exploration de la matière et des matériaux. Ce projet contribuera à relever les nouveaux défis scientifiques, technologiques, économiques, environnementaux et sociétaux auxquels notre société est confrontée », estime de son côté Francesco Sette, directeur général de l’ESRF.
Le synchrotron européen de Grenoble devrait également bénéficier d’un programme ambitieux d’instrumentation et d’une stratégie renforcée de big data (données massives, ndlr) qui permettront d’exploiter les propriétés de cette nouvelle source de lumière. Ce projet innovant, qui mobilise les 21 pays partenaires de l’ESRF, représente un investissement global de 150 millions d’euros sur la période 2015 – 2022.
Maïlys Medjadj
LE SYNCHROTRON EUROPÉEN DE GRENOBLE EN DEUX CHIFFRES :
1988 : année de création de l’ESRF, le synchrotron européen de Grenoble
21 : nombre de pays partenaires (France, Allemagne, Italie, Royaume-Uni, Russie, Belgique, Pays-Bas, Danemark, Finlande, Norvège, Suède, Espagne, Suisse, Israël, Autriche, République tchèque, Hongrie, Slovaquie, Portugal, Pologne et Afrique du Sud)