EN BREF – STMicroelectronics pourrait supprimer 2000 emplois dans le bassin grenoblois. Inacceptable pour Geneviève Fioraso, députée PS de l’Isère, qui a dénoncé, ce mardi 8 décembre à l’Assemblée nationale, « la vision court-termiste des dirigeants actuels ». La députée propose, notamment, de réduire les dividendes versés aux actionnaires.
Le plan de réduction d’emplois que prévoit STMicroelectronics dans le secteur numérique ne passe pas auprès de Geneviève Fioraso. La députée PS de l’Isère et ancienne secrétaire d’État de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a interpellé à ce sujet Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, via une question orale, ce mardi 8 décembre 2015 au Parlement.
« 2000 emplois sont concernés » dans le secteur digital « majoritairement localisé à Grenoble », s’est elle alarmée.
La stratégie de l’entreprise STMicro n’est pas la bonne, selon la députée. C’est une « vision court-termiste », a‑t-elle déclaré à l’Assemblée nationale, se faisant ainsi la porte-parole de l’intersyndicale des salariés du groupe franco-italien qui ont récemment manifesté à Grenoble. L’intersyndicale avait, par ailleurs, été reçue par le ministre en novembre dernier.
« Réduire le niveau de dividendes aux actionnaires »
Quelle stratégie doit suivre STMicro pour éviter de sabrer son secteur digital ? Selon la députée, il lui faut faire tout le contraire : « relancer et conforter le modèle intégré de STMicro ». Autrement dit, « maintenir la R&D [recherche et développement, ndlr] jusqu’à la production industrielle des systèmes miniaturisés ».
Or cette stratégie requiert des moyens financiers que l’entreprise ne semble pas décider à consentir… Ses investissements seraient aujourd’hui « à hauteur de 7 % de son chiffre d’affaires global, contre 20 % pour ses concurrents du secteur », s’inquiète la députée PS.
La société n’a peut-être pas les moyens de cette stratégie ambitieuse ? La députée propose, pour commencer, de « réduire le niveau de dividendes aux actionnaires – dont le montant est disproportionné par rapport aux résultats – au profit d’investissements ciblés et stratégiques ».
« Développer une stratégie européenne »
Geneviève Fioraso exhorte également l’État français, actionnaire de STMicroelectronics, à hauteur de 13,5 % – et donc décisionnaire – de peser de tout son poids pour « développer résolument une stratégie européenne ». Et de citer le projet qui lui semble exemplaire en la matière. En l’occurrence le projet Airbus Chips que propose Jean-Jack Queyranne, président sortant de la région Rhône Alpes et… accessoirement candidat de la liste de gauche pour les régionales Auvergne – Rhône-Alpes.
Pour finir, la députée invite le ministre Emmanuel Macron à lui « indiquer les actions que mènera […] l’État actionnaire français […], ainsi que le calendrier dans lequel elles s’inscriront, sachant que le temps presse dans un secteur aussi concurrentiel à l’international ».
Excusant le ministre Macron absent, c’est Christian Eckert, secrétaire d’État au Budget auprès du ministre des Finances et des Comptes publics, qui a répondu à la députée. Celui-ci s’est exprimé dans une relative langue de bois, sans apporter aucun élément sur le plan de réduction des effectifs qui se profile chez STMicroelectronics – ni même l’évoquer d’ailleurs – et sans répondre précisément aux propositions de la députée.
Il a cependant assuré que l’État était bien impliqué dans le développement de STMicroelectronics et que les « services de l’État étaient en contact réguliers avec l’entreprise depuis plusieurs années ». Une réponse qui n’aura sans doute pas tout à fait satisfait Geneviève Fioraso… ni les salariés.
Séverine Cattiaux
N.B. : Article complété le 9 décembre à 9 h 45, suite à la réaction de Christian Eckert.
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