FOCUS – Près de la moitié des salariés de l’association Arepi L’Étape étaient en grève, ce lundi 9 novembre, pour protester contre les licenciements décidés par la direction générale et manifester leur désaccord vis-à-vis de ses orientations et de ses choix stratégiques.
L’inquiétude. Tel est le sentiment qui prédomine chez le personnel de l’association de réinsertion Arepi L’Étape, dont près de la moitié des 80 salariés ont cessé le travail pendant une demi-journée ce lundi 9 novembre dans leurs locaux d’Échirolles.
Objectif de ce mouvement initié par les syndicats CGT et CFDT : exprimer leur désaccord vis-à-vis du plan de restructuration annoncé par la direction.
Née de la fusion entre deux associations aux profils similaires et complémentaires, Arepi L’Étape assure de nombreuses missions en lien notamment avec l’institution judiciaire.
Elle propose, par exemple, la mise en place d’alternatives à la prison, la lutte contre la récidive ou bien encore l’accompagnement vers la réinsertion sociale. L’association n’est cependant pas vouée qu’au socio-judiciaire. Elle accueille également des publics en difficulté, en lien avec le 115 ou, prochainement, le dispositif hivernal.
L’association au pied du mur
« L’idée de cette fusion, c’était de faire une association plus forte. Elle a donné une association profondément affaiblie », déplore Jean-Pierre, ancien délégué syndical CGT. Il est vrai qu’Arepi L’Étape semble aujourd’hui au pied du mur, souffrant d’un déficit important qu’aggravent encore les retards de paiement dont l’institution judiciaire est coutumière.
Pour répondre à cette situation d’urgence, la direction générale a donc annoncé le licenciement de neuf salariés, dont deux sont déjà partis dans le cadre d’une convention de départ négocié.
« Ce plan de restructuration est devenu obligatoire du fait de l’érosion des finances publiques et de nos activités ! », se défend Pascal Caluori.
Le directeur général de l’association, qui assume totalement sa décision, affirme procéder à ces licenciements « la mort dans l’âme ».
Et ce dernier d’interroger : « Neuf emplois supprimés pour en sauver soixante-dix, est-ce trop ? » Les salariés grévistes estiment cependant que ces licenciements ne sont pas la solution et craignent surtout qu’ils ne soient pas les derniers.
Des salariés qui condamnent les choix stratégiques de la direction, estimant que l’association aurait intérêt à se recentrer sur certaines activités, quitte à renoncer, par exemple, à participer à un plan de dispositif hivernal « largement déficitaire ». Autre grief : une « absence de concertation et de dialogue ».
Un reproche réfuté par Pascal Caluori qui affirme avoir organisé nombre de comités d’entreprise ou de comités d’administration, avant de conclure : « Si dire la vérité c’est refuser le dialogue… »
Incompréhension mutuelle
L’incompréhension semble régner dans les deux camps. D’un côté, des salariés qui parlent « d’opacité sans nom », se considèrent « maltraités » et ironisent sur le « confort » des cadres de l’association, jugés par ailleurs trop nombreux.
« Ces licenciements ne changeront rien : nous avons des frais de siège astronomiques », affirme Marie, éducatrice et militante syndicale CGT.
De l’autre, une direction qui soupire : « Nous hébergeons plus de six cents personnes par an, en accompagnons près de mille… Est-ce que quatre cadres fonctionnels, c’est trop ? », répond le directeur général, sans cacher sa lassitude.
Parmi les futurs licenciés, figurent les trois salariés du service des enquêtes de personnalité. Des experts sollicités par les tribunaux pour établir le profil de prévenus, en complément des expertises psychologiques.
Ces trois salariés étaient présents, la semaine dernière, au procès des agresseurs présumés de Kevin et Sofiane, assassinés le 28 septembre 2012 à Échirolles. Dernière mission, à huis-clos mais sous pression médiatique, pour de futurs chômeurs.
Florent Mathieu