REPORTAGE PHOTO – Des médecins, des plongeurs, des personnages de dessins animés et de jeux vidéo… Environ 900 Isérois ont traversé les rues et les parcs de Grenoble, ce dimanche 8 novembre 2015, à l’occasion de la première course La.Mud.Gre, offrant un spectacle insolite aux habitants de la capitale des Alpes.
Douze kilomètres de traversée en passant par Gières, Saint-Martin-d’Hères et Grenoble, dans la boue et dans l’eau, à travers des labyrinthes de cordes, en se frayant un chemin à travers des pneus et en sautant au-dessus de voitures. Voilà ce qui attendait, ce dimanche 8 novembre, les participants de La.Mud.Gre, dont certains s’étaient déguisés pour l’occasion.
La course a démarré par une première vague de participants, d’une centaine de personnes environ. Parmi eux, le parrain de la course Jean-François Dor, tri-athlète isérois ayant participé à la Norseman, une prestigieuse course de triathlon en Norvège à la difficulté jugée « extrême ».
Après cette « vague élite » – dont certains coureurs s’attendaient à un niveau de difficulté plus élevé et ont déploré une mauvaise organisation* –, plusieurs départs différés ont suivi, avec des équipes ayant chacune leur code vestimentaire, mais progressant toutes dans un esprit d’entraide. Et pour cause : contrairement aux participants de la première vague, la compétition n’était pas le mot d’ordre pour ces coureurs du dimanche qui souhaitaient avant tout s’amuser.
Un parcours du combattant urbain
D’où vient l’idée de ce parcours urbain ? De la volonté de rendre le parcours du combattant militaire ludique et accessible à tout le monde, explique l’équipe d’organisation de La.Mud.Gre.
Catherine, une participante à la course, nous présente son compagnon, Olivier, qui a l’habitude de participer à des trails. « Aujourd’hui, il aurait pu jouer le chrono, mais il m’amène avec lui. Il lui fallait donc trouver un déguisement qui me permette de suivre son rythme tout au long de la course ! »
« On nous a dit qu’il faudra traverser l’Isère, continue Olivier. J’ai donc choisi un déguisement qui me donnera probablement l’avantage sur les autres. Plus sérieusement, on participe à cette course pour rigoler ! »
Avant le départ, Olivier et Catherine ont estimé leur temps de course à deux heures et demie ou trois heures. Tout au long du parcours, ils ont franchi divers obstacles, toujours avec le sourire, et finalement réussi à finir la course en moins de trois heures.
« Depuis trois ans, chaque année, on participe à des courses ou des semi-marathons en étant déguisés », expliquent quant à elles Roseline et Marjorie.
Dans leur équipe, chaque membre est déguisé en un personnage du jeu vidéo Mario Bros. « Pour nous, ce n’est pas une compétition, on n’est pas des sportifs. En ce qui concerne notre déguisement, on a tous joué à la Wii. L’univers de Mario nous est familier. On a donc choisi ce thème. »
Un seuil de rentabilité bientôt atteint
Prendre du plaisir, s’amuser et relever un défi ensemble avec ses amis : tel étaient donc les objectifs des organisateurs de La.Mud.Gre. « On a été plusieurs à participer l’année dernière à la course d’obstacles à Lyon. Après cette expérience, nous avons voulu organiser une course semblable à Grenoble. Début 2015, on a commencé à préparer la première édition. »
Pour envisager les éditions suivantes, il fallait atteindre le seuil de rentabilité du projet sur celle-ci. En clair, couvrir toutes les dépenses d’organisation, en réunissant environ mille participants, le budget de la course étant de 30.000 euros. D’après le premier bilan, le palier est presque franchi. Les Grenoblois peuvent donc commencer à s’entraîner et à parfaire leurs déguisements pour la prochaine édition.
Yuliya Ruzhechka
Revivez la course en images !
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Photos : © Yuliya Ruzhechka
* Complément d’information ajouté le 9 novembre, suite à plusieurs témoignages de participants de la catégorie “élite” mécontents, laissés en commentaires.
De gros problèmes d’organisation
Absence de puces de chronométrage (volées pendant la nuit selon les organisateurs) et donc de résultats à l’arrivée, manque de diversité parmi les obstacles, absence de boue dans un événement “mud”, ravitaillements jugés « ridicules », parcours insuffisamment balisé et sécurisé avec « des traversées de route » et des « cyclistes passant à contre-sens », pénurie de tickets de tram pour le retour, T‑shirts avec un choix de tailles insuffisant, manque de photos de la course, absence de communication et organisateurs « injoignables » depuis la fin de l’épreuve… Sur les réseaux sociaux et en commentaires, la grogne se fait sentir. Beaucoup de coureurs demandent un dédommagement.
Ce mercredi 10 novembre, l’équipe d’organisation a finalement posté un message sur Facebook à l’attention des participants : « Nous tenions à tous vous remercier pour être venus en nombre pour notre grande première, un grand MERCI à tous les bénévoles présents, MERCI à tous les coureurs.
Nous sommes conscients des ratés, l’heure est actuellement au rangement, nous allons rapidement nous réunir et faire le bilan en toute transparence, nous reviendrons vers vous pour partager nos conclusions et suite à donner.
Nous sommes une petite association à but non lucratif, nous ne disposons pas des ressources ni des structures comme d’autres grands noms reconnus des courses à obstacles. Les photos sont en cours de montage, elles seront prochainement disponibles et accessibles, vous serez informés. » Visiblement pas de quoi calmer la colère de certains coureurs…
Mise à jour le 12 novembre 2015.
POST SCRIPTUM
Quelques jours après la La.Mud.Gre, le nombre de réactions de participants ne cesse de croître. Les avis sont partagés entre ceux qui soulignent la bonne ambiance de la course et ceux qui se disent profondément déçus par la façon dont a été organisé cet événement, surtout par rapport à d’autres courses du même type dans d’autres villes.
Parmi ces derniers, Antoine, qui a participé à la course au sein d’une équipe de neuf personnes : « Le terme “loisirs” dans les autres Mud ne signifie pas “catégorie inférieure”. On peut courir en loisir et se donner à fond ». Antoine avait d’ailleurs de grandes attentes pour cette course. La preuve : il s’entraînait 4 à 5 fois par semaine depuis septembre « pour pouvoir être à la hauteur le jour J ».
Un autre point important suscite le questionnement des participants : où est parti leur argent ? 40 euros, disent beaucoup entre-eux, n’est, en effet, pas une somme négligeable. Surtout quand certains coureurs racontent leur expérience dans d’autres courses d’obstacles en France : plus diversifiées quant aux obstacles et parfois même moins chères.
Cette comparaison avec d’autres courses similaires n’a fait qu’augmenter la déception d’Antoine et de son équipe, mais aussi des autres participants : « les obstacles, pour leur grande majorité, n’avaient rien à voir avec ce que les autres Mud proposent habituellement ; ils étaient médiocres ». Selon ces coureurs, l’animation n’était pas à la hauteur ni au point de départ (« l’animateur répétait toujours la même chose »), ni lors du warm-up – une séance d’échauffement promise par les organisateurs – qui n’a pas eu lieu.
La manque de ravitaillements, le buffet insuffisant à l’arrivée, l’absence de chrono, des épingles pour les dossards, des bracelets… Autant de promesses non-tenues qui déçoivent de plus en plus les internautes. Sans compter la réaction des organisateurs, vis-à-vis de ces retours négatifs, laissée sur les pages internet et Facebook, 48 heures après l’évènement : « Nous ne pouvons pas répondre pour le moment, nous finissons sous peu le rangement de la course et la gestion des différentes démarches de fin de course. Nous allons également nous réunir très rapidement pour faire le point sur le dossier et vous aviserons le cas échéant. Nous restons des bénévoles et devons gérer avec le quotidien pour apporter au plus vite notre réponse ».
Un message qui n’a rien de satisfaisant et témoigne d’une forme de lâcheté, selon Antoine : « Je suis quelqu’un de positif et je garde un super souvenir de cette journée car j’étais avec des amis que j’apprécie beaucoup. D’une manière générale je suis compréhensif et pardonne facilement les erreurs surtout pour les gens qui débutent. Cependant je suis très en colère car j’ai le sentiment que les organisateurs se sont “cachés” et n’ont pas assumé leurs erreurs ni pris la peine d’expliquer au micro ou par mail ou via Facebook ce qui s’était passé et pourquoi les choses avaient mal tournées ».
Aujourd’hui, Antoine n’a pas l’intention de participer à cette course l’année prochaine : « Je préfère faire des kilomètres et payer dix euros plus chers pour faire une vraie Mud, plutôt que cette mascarade ».