NOTRE SÉLECTION – Et voilà encore l’un de ces week-ends grenoblois aussi excitant qu’agaçant, culturellement parlant. On ne pourra pas se couper en quatre pour voir tout ce qui nous fait envie ! Alors, soyons beaux joueurs et tentons l’impossible marathon. Ou alors, plus modeste, piochons. Je vous donne un petit coup de main.
JE L’AI VU… JE VOUS EN PARLE !
THÉÂTRE – « Pour Louis de Funès » au Théâtre de poche
A priori, le théâtre de Valère Novarina, très attaché au verbe, ne semble pas avoir grand-chose à faire avec le grimaçant interprète des Gendarmes ! L’auteur et metteur en scène franco-suisse Valère Novarina a pourtant fondé sa théorie du théâtre, du comédien et plus largement de l’humain sur cet acteur populaire au faciès mobile. De son côté, Frédéric Giroutru, alias Frédéric Le Sacripan, voit dans Pour Louis de Funès, véritable manifeste pour l’acteur, le fondement de sa propre pratique.
C’est donc seul en scène – ou presque : un souffleur à l’ancienne est là pour pallier le défaut éventuel de mémoire – que le jeune comédien formé, entre autres, au Conservatoire de Grenoble, nous fait découvrir ce texte incandescent.
Et voilà du théâtre tout ce qu’il y a de contemporain qui célèbre Louis de Funès ! Il y a de belles rencontres tout de même. Il est certain que l’interprète du Gendarme savait comme personne faire sortir l’animal en lui !
Car c’est bien de « bête de scène » dont il s’agit, de celui qui distingue la viande du verbe – thématique obsessionnelle chez Novarina – en enfilant masque sur masque. Ce que défend par l’exemple Frédéric Le Sacripan avec l’énergie d’un beau diable et le regard halluciné du fou qui a su s’extraire de lui-même.
Samedi 26 septembre au Théâtre de poche, ce n’était pas la salle à moitié vide qui empêchait l’acteur de remplir l’espace de sa présence.
DANSE – My Rock à la MC2
Attention ! La recréation My Rock de Jean-Claude Gallotta affiche complet. Je choisis malgré tout de vous en dire deux mots ici même. Ou plus longuement sur mon blog culture et spectacles sur Place Gre’net. Pour deux raisons : c’est le dernier spectacle que le chorégraphe donne en tant que directeur du Centre chorégraphique national de Grenoble (à la tête duquel il est resté trente ans, ce n’est pas rien). Et puis, c’est un beau spectacle et, sait-on jamais, vous pourrez peut-être bénéficier d’une vague d’annulations ou voir le spectacle sur l’une des dates de la tournée…
JE NE L’AI PAS VU MAIS J’EN AI ENTENDU PARLER
La 8e édition de la Biennale Arts Sciences
Et voilà que s’ouvre la Biennale Arts Sciences – autrement appelée Rencontres‑i (i comme imaginaire) – organisée par l’Hexagone de Meylan, labellisée Scène nationale arts sciences. La programmation est toujours aussi enthousiasmante, et dense…
Pour ce premier week-end – l’événement court sur dix jours, du 1er au 10 octobre – j’opterais pour deux propositions originales. Le projet de Gaïa Global Circus, tragi-comédie mâtinée d’arts plastiques, sort de la tête pensante du philosophe et anthropologue Bruno Latour.
La conférence qu’il a donnée mardi 15 septembre à l’université Stendhal Grenoble 3 était archi-bondée ! Et pour cause, ces derniers temps, l’homme est une sorte de star de la pensée climatique.
Dubitatif quant à ce qui pourra bien sortir de la Conférence sur le climat à Paris (Cop 21), Bruno Latour est de ceux qui constatent que plus l’on parle des mutations climatiques, plus les réactions qui en découlent frôlent l’inertie la plus stable !
D’où cette option (désespérée ?) : mêler l’art à l’affaire. Il s’est donc entouré d’une équipe de « vrais » metteurs en scène, comédiens, etc. pour un spectacle qui semble à l’image du climat : soumis aux mutations les plus imprévisibles.
Autre choix, en un sens plus courageux – pour les mollets s’entend – : une randonnée artistique du côté du col du Coq (départ de l’Hexagone en bus), intitulée modestement Waouhhhhh !, imaginée par le chorégraphe Christian Ubl. À noter, la présence de l’excellent guitariste Seb Martel – qui a longtemps accompagné Mathieu Chédid, entre autres – et la participation, plus incertaine, de marmottes et chamois séduits par le concept ! Trois horaires : le premier (6 h 30), à l’heure où blanchit la campa… euh montagne, affiche déjà complet. Reste 12 h 30 et 17 heures (coucher de soleil garanti).
Et sinon, dans le genre spectacle vidéo-lumino-pyrotechnique, colossalement flamboyant – et gratuit, ça peut jouer – le Groupe F donne À Fleur de peau dans le Parc Paul Mistral (Anneau de vitesse). Le Groupe F s’y entend pour concocter ce type de show monumental puisqu’il a signé les cérémonies des JO de Barcelone de 1992. Ça donne une idée des dimensions de la chose…
HUMOUR – « Le professeur Rollin » se rebiffe à L’heure bleue
Le professeur Rollin a‑t-il encore quelque chose à dire ? En cette rentrée, la direction de France inter, qui a coupé le sifflet de l’intarissable François Rollin après un an de pastilles matinales, parfois peu inspirées il est vrai, a répondu par la négative. Qu’importe ! Le fameux personnage de Palace – que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître – a l’éloquence encore verte.
Dans Le Professeur Rollin se rebiffe, programmé vendredi 2 octobre à l’Heure bleue, des explications alambiquées ou confondantes de simplicité, il en débitera, assurément. Mais aujourd’hui les exposés sont moins absurdes que jadis comme lorsqu’il nous expliquait, démonstration linguistico-savantico-déjantée à l’appui, que « lever une gonzesse » pouvait avoir des acceptions différentes selon les zones géographiques.
Place aujourd’hui aux questions d’actualité (environnement, mondialisation…) et place aussi à la relève. Le fringant Vincent Dedienne – qui squatte régulièrement les plateaux de Canal + et que l’on a pu voir au Théâtre 145 dans une programmation signée Le Petit bulletin il y a deux ans, grâce lui en soit rendue – cosigne les textes et assure la mise en scène.
Bien bonne idée de la part de ce vieux briscard de François Rollin que de s’attacher les talents du sémillant humoriste. Alors, merci Professeur Rollin d’avoir toujours quelque chose à dire !
CONCERT – Jeanne Added à La Source
En quelques mots : une bien belle date à La Source vendredi (soir de toutes les tentations culturelles, je sais bien) : Jeanne Added, jeune femme venue du classique puis du jazz avant d’opérer un virage assez radical vers une pop-électro-rock qui n’a rien du côté lisse et sirupeux de tous ces produits romantico-vintages qui inondent nos ondes.
On peut simplement écouter :
CONCERTS – Coup sur coup à la Bobine : Dupain jeudi 1er octobre, Buffle ! vendredi 2 octobre
Le groupe Dupain – marqué par un brassage musical franchement fécond, entre musiques traditionnelles, rock et électro – bénéficiait d’une belle renommée il y a quelque dix ans avant de se séparer. Eh bien, qu’on se le dise, les voilà reformés. Et du coup, ils jouent maintenant dans des salles aux dimensions modestes comme c’est le cas de La Bobine. Eh bien, tant mieux pour nous ! Sam Karpienia, qui s’accompagne à la mandole, chante toujours en occitan. Mais que l’on ne s’y trompe pas : point de militantisme linguistique particulier. C’est juste que c’est beau, profondément.
Des musiciens d’origine, il reste Pierre-Laurent Bertolino, à la vielle à roue électrique, mais la cohésion avec le reste du groupe (ils sont cinq) paraît authentique.
Dieu qu’ils ont l’air rigolo les trois zèbres qui composent Buffle ! Déjà programmé l’an dernier au Théâtre 145, le spectacle avait suscité un fort enthousiasme.
À vue de nez, il se situe entre chanson (attention : passent en revue bien des styles musicaux !), humour et théâtre. Un petit esprit cabaret en somme dont on peut bien se régaler en fin de semaine.
Le trio devait proposer sa petite formule en caravane, avant que cette dernière ne fasse des siennes… C’est donc sur la scène de La Bobine que nous verrons – ou pas, je ne force personne – l’auteur et chanteur Xavier Machault, le pianiste et compositeur Roberto Negro (qui était à La Source la semaine dernière dans un duo avec le slammeur Bastien Mots Paumés) et le comédien Pierre Daudet.
Adèle Duminy
INFOS PRATIQUES :
182 cours Berriat à Grenoble
« Pour Louis de Funès »
jeudi 1er, vendredi 2, samedi 3 octobre, à 20 h 30
14 euros – 9 euros – 7 euros
« My Rock »
jeudi 1er à 19 h 30, vendredi 2 octobre à 20 h 30
De 6 à 25 euros
Avenue Jean-Vilar à Saint-Martin-d’Hères
« Le professeur Rollin se rebiffe »
vendredi 2 octobre à 20 heures
De 7,50 à 27 euros
Réservation auprès de la billetterie de L’heure bleue 04 76 14 08 08 ou en ligne« À Fleur de peau »
Samedi 3 octobre, à 20 h 30Reporté au dimanche 4 octobre, à 20 h 30Parc Paul Mistral / Anneau de vitesse
Gratuit
« Gaïa Global Circus »
Hexagone de Meylan
jeudi 1er et vendredi 2 octobre, à 20 heures
De 8 à 22 euros
« Waouhhhhh ! » Randonnée artistique
Dimanche 4 octobre, 6 h 30 ou 12 h 30 ou 17 heures
Départ de l’Hexagone en bus
Tarif unique : 5 euros sur inscription
38 avenue Lénine à Fontaine
Jeanne Added + Caspian Pool
Vendredi 2 octobre, à 20 h 30
De 9 à 13 euros
42 boulevard Clémenceau à Grenoble
Dupain jeudi 1er octobre, à 20 h 30
8 euros
Buffle ! vendredi 2 octobre, à 20 h 30
8,50 euros