DÉCRYPTAGE - Versée chaque année aux alentours du 20 août depuis 1974, l'allocation de rentrée scolaire (ARS) reste très attendue par nombre de familles modestes. Cette aide, calculée en fonction des ressources du foyer et de l'âge des enfants, vise à participer aux frais liés à la scolarité. D'aucuns s'interrogent toutefois sur l'utilisation réelle des sommes versées et déplorent l'absence de contrôles. État des lieux.
Clap de fin pour les vacances : la rentrée est bel et bien là. Liste de fournitures en main, les parents n'ayant pas pris la précaution d'acheter leurs fournitures scolaires à l'avance ont dû sacrifier les derniers beaux jours du mois d'août sur l'autel de la sainte consommation dans les rayons spécialisés des magasins.
Un poste de dépenses qui serait délicat à gérer pour les familles les plus modestes, juste au sortir des vacances, sans le versement à partir du 18 août de l'allocation de rentrée scolaire (ARS). Près de trois millions de familles en bénéficient, dont 53.962 foyers allocataires en Isère. Nouveauté en 2015 : les parents d'un enfant de 6 ans ou plus en situation de handicap peuvent désormais percevoir cette allocation.
Cette année, la hausse du coût de la rentrée scolaire est relativement modeste, selon la dernière enquête réalisée par l'association Familles de France. Quant à l'ARS, elle est restée quasiment inchangée en 2015, après avoir été revalorisée de 25 % en 2012, 1,2 % en 2013 et 0,7 % en 2014.
Les familles concernées toucheront ainsi 363 euros pour les élèves de 6 à 10 ans, 383 euros pour ceux de 11 à 14 ans et 396 euros pour ceux de 15 à 18 ans.
A noter : l'écart grandissant entre le montant de l'allocation versée et le coût de la rentrée calculé par Familles de France. A titre d'exemple, pour un élève de sixième, l'écart a ainsi été multiplié par près de trois en quinze ans, passant de 68,30 euros d'excédent au profit des parents en 2001 à 192,58 euros cette année.
Reste que la rentrée n'implique pas seulement l'achat de fournitures scolaires. D'autres frais annexes, notamment pour tout ce qui touche au périscolaire, viennent gréver le budget. Quid de ces dépenses annexes pour les allocataires ?
Un ballon d'oxygène pour beaucoup de foyers
« La rentrée coûte beaucoup plus cher aux familles que les 300 et quelques euros de l’ARS », a affirmé, le 18 août dernier en conférence de presse Patrick Chrétien, président de Familles de France. Ce dernier se réfère à la dernière étude de la Caisse des allocations familiales (Caf) publiée en juin 2014 qui précise que les foyers ayant au moins un enfant à l’école élémentaire ont dépensé 1.291 euros pour la rentrée, ceux avec au moins un enfant au collège 1.439 euros et ceux avec au moins un enfant au lycée 1.669 euros.
Le delta est de taille ! D'où vient cette différence ? De la méthode de calcul du panier moyen de Familles de France, qui comprend des articles de papeterie (cahiers, agenda, classeurs, feuillets mobiles…), des fournitures (cartable, calculatrice, trousse, paire de ciseaux, stylos, cartouches d’encre, feutres, crayons de couleur, scotch, règle, rapporteur, équerre, compas, boîte de gouache, pinceaux…) et des vêtements (jogging, baskets, paires de chaussettes).
Ne sont notamment pas pris en compte des postes de dépenses comme les manuels scolaires, les transports, la cantine ou bien encore le mobilier de bureau.
Quoi qu'il en soit, tous les allocataires que nous avons rencontrés dans les allées d'une grande surface en périphérie de Grenoble plébiscitent l'ARS. Pour beaucoup, c'est une bouffée d'oxygène après des vacances qui ont mis à mal un budget déjà peut-être un peu bancal.
La plupart de ces parents d'élèves estiment que le montant de l'allocation perçue est suffisant pour les fournitures, le petit matériel scolaire et le cartable. Devant une palette de cahiers, une liste à la main, une mère de trois enfants entrant respectivement en maternelle, cours élémentaire et au collège, nous le confirme.
« La somme que j'ai perçue couvre l'ensemble des fournitures nécessaires à mes trois enfants pour toute l'année scolaire. Mais je me limite strictement aux seules fournitures. Ça ne me sert pas pour l'achat de vêtements. Pour ça, nous avons les allocations familiales qui nous sont versées mensuellement tout au long de l'année. »
Les avis sont plus mitigés dans les foyers où les enfants intègrent le collège ou le lycée. Bon nombre de parents concernés estiment ainsi que les paliers ne sont pas cohérents. « La différence des montants attribués à chaque tranche d'âge devrait être recalculée. On dépense beaucoup plus pour un élève entrant en sixième que pour un enfant rentrant en cours préparatoire », souligne un parent d'élève.
« Ça me permettra de payer sa licence de foot »
Quid de l'affectation de la prestation perçue destinée aux « frais liés à la scolarité » ? La plupart des bénéficiaires privilégient les fournitures. Certains les vêtements car « c'est plus cher ». D'autres encore étendent les frais de rentrée aux activités périscolaires, voire extra-scolaires. « Il faut être honnête, je n'ai besoin que de la moitié de l'allocation. Cette année, la part de la somme qui n'est pas employée pour les fournitures scolaires me permettra de payer la licence de foot de mon garçon », confie un parent.
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