EN BREF – Des œufs fossiles trouvés lors de fouilles en Thaïlande en 2003 ont récemment été identifiés. Le mystère était entier depuis une douzaine d’années, mais une équipe scientifique internationale du synchrotron européen de Grenoble a finalement découvert à l’intérieur un embryon de lézard vieux de 125 millions d’années.
La découverte n’est pas passée inaperçue dans le milieu de la paléontologie. Une équipe scientifique internationale du synchrotron européen de Grenoble (ESRF) a récemment découvert la nature de petits œufs fossiles vieux de 125 millions d’années.
Ces derniers avaient été trouvés en 2003, lors de fouilles dirigées par le paléontologue thaïlandais Varavudh Suteethorn, dans la localité de Sao Khua, au nord-est de la Thaïlande. Les analyses des coquilles réalisées à l’époque avaient conclu qu’il pouvait s’agir de petits dinosaures carnivores ou d’oiseaux primitifs.
L’imagerie par rayons X du squelette embryonnaire fossilisé vient finalement de révéler qu’il s’agit d’un lézard anguimorphe. Un groupe comprenant plusieurs espèces, comme les dragons de komodos, les mosasaures (aujourd’hui disparus) ou encore les orvets. Il s’agit du plus vieil embryon de lézard jamais retrouvé dans un œuf fossile.
« La découverte d’un anguimorphe dans un œuf à coquille dure est une véritable surprise » explique l’ESRF. « Jusqu’à présent, seuls les geckos étaient connus pour pondre des œufs à coquille dure, la plupart des lézards pondant des œufs à coquille molle », commente l’établissement.
L’imagerie par rayonnement synchrotron : une technique peu invasive
L’imagerie par rayonnement synchrotron est de plus en plus utilisée en paléontologie pour l’étude des fossiles, explique le synchrotron européen de Grenoble. Cette méthode offre des solutions non destructives et non invasives : elle permet de visualiser l’intérieur d’une structure et d’extraire un os de la roche dans laquelle il est fossilisé.
Pour étudier ces embryons, l’équipe scientifique internationale a utilisé plusieurs techniques de rayonnement synchrotron comme la tomographie par rayons. Chaque œuf a ainsi été scanné à très haute résolution (5 microns, soit l’épaisseur d’un fil de toile d’araignée) pour permettre aux scientifiques d’observer les moindres détails des os fossilisés. Chaque os ou fragment d’os a ensuite été analysé, au sein de chaque embryon, pour permettre une reconstitution 3D.
Cette identification ouvre aujourd’hui de nouveaux champs scientifiques sur l’évolution de la reproduction chez les lézards et sur la diversité des œufs produits par différentes lignées de ces reptiles.
Maïlys Medjadj