REPORTAGE VIDÉO – La 38e édition du festival du film court de plein air organisé par la Cinémathèque de Grenoble s’est achevée ce dimanche 12 juillet. En cinq jours, plus de cent films, dont quarante-six en compétition, ont été projetés gratuitement place Saint-André et salle Juliet Berto. Zoom arrière sur un des rendez-vous annuels majeurs du court-métrage en France.
Certains arrivent en avance, soucieux d’avoir une place de choix, les sièges étant pris d’assaut. D’autres s’installent à la terrasse d’un café attenant, tandis que les derniers s’assoient tout simplement par terre.
Puis arrive le moment où, les lumières s’éteignant, l’obscurité totale s’installe. Les premières images apparaissent, le brouhaha des conversations cesse… Place au cinéma !
Habitants, vacanciers, néophytes ou cinéphiles avertis, ils ont été nombreux à se rendre ainsi chaque soir, du 7 au 12 juillet, sur la place Saint-André, en plein cœur de la ville, pour s’installer face au grand écran gonflable et profiter des séances gratuites de projection en plein air du Festival du film court de Grenoble.
Ce festival, c’est d’abord une compétition de courts-métrages – films de moins de soixante minutes – de toutes catégories. Le public aura ainsi pu visionner des fictions, documentaires, films d’animation ou encore des films expérimentaux.
Retour en images sur l’édition 2015 du plus ancien festival de courts-métrages de France.
Réalisation Joël Kermabon
Une centaine de courts-métrages retenus sur… 3500
Imaginez ! Trente journées pleines ont été nécessaires à la Cinémathèque de Grenoble pour choisir les films de la sélection officielle parmi 3500 propositions en provenance de plus de cent pays ! Tout ça avec le seul concours des quatre salariés, dont un à mi-temps, que compte la cinémathèque. C’est dire l’ampleur de la tâche…
Autres chevilles ouvrières du festival et non des moindres, plus de soixante-dix bénévoles se sont impliqués dans l’organisation de cette édition. Étudiants pour certains en cinéma ou en audiovisuel, ils ont pu ainsi côtoyer des professionnels. A l’exemple de Julie, étudiante en cinéma. « J’aime beaucoup faire de l’analyse de films. Participer au festival me permet de discuter avec des professionnels et d’en apprendre un peu plus », confie-t-elle.
Des rencontres, des débats et… un bémol
Car la présence des réalisateurs des films présentés confère au festival une ambiance toute particulière. En gravitant autour de la place, près de la cinémathèque ou du restaurant La table ronde, il était ainsi possible de rencontrer des membres des jurys, des producteurs et des journalistes aux côtés des acteurs, techniciens et bénévoles.
« C’est une des caractéristiques rares de ce festival », se félicitait d’ailleurs Nicolas Tixier, président de la Cinémathèque de Grenoble lors de son discours d’inauguration.
Autre pan de cette ouverture au public : les nombreux débats qui ont jalonné l’événement, permettant ainsi à tout un chacun d’échanger avec les auteurs des films présentés la veille.
Seul bémol, les rencontres avec les professionnels du cinéma, organisées tous les soirs à 17 heures au parc Paul Mistral en lien avec L’Été oh ! parc, n’ont pas été un succès. Problème de communication ? Lieu trop excentré ? Différence de publics ou tout simplement absence de projections faisant le lien sur place ? Malgré les annonces au micro, toujours est-il qu’il n’y avait pas foule. C’est la plupart du temps devant des chaises longues vides ou occupées par quelques bénévoles que les intervenants ont répondu aux questions de Sylvain Angiboust, enseignant universitaire et membre du jury presse.
Pour autant, le festival s’est déroulé dans d’excellentes conditions, notamment météorologiques, et a rencontré un franc succès. C’est du moins ce que pense Guillaume Poulet, directeur de la Cinémathèque de Grenoble, qui nous a fait part de ses toutes premières impressions au terme du festival.
Réalisation JK Production
Donner leur chance aux (jeunes) réalisateurs
Les festivals de courts-métrages jouent-ils réellement leur rôle de tremplin pour les jeunes ou moins jeunes réalisateurs ? Jean-Pierre Andrevon, critique de cinéma membre du jury presse, est catégorique. « Tous les réalisateurs de longs-métrages ont commencé par faire du court, comme par exemple Godard ou Truffaut. Les festivals de courts-métrages sont effectivement un tremplin. Comme ils ne sont plus projetés dans les salles comme jadis, il ne reste plus que les festivals. »
Un avis partagé par Guillaume Poulet : « Les festivals de courts-métrages sont fondamentaux pour les réalisateurs et les producteurs parce qu’ils sont, pour eux, une fenêtre essentielle de visibilité et de notoriété. »
Et de souligner : « C’est tellement important qu’à Grenoble nous essayons vraiment d’accorder une place non négligeable aux premiers films, en particulier. Cela nous semble très important de donner leur chance à de jeunes réalisateurs ».
Jean-Pierre Andrevon est toutefois lucide : « Notre problème, notre douleur, c’est qu’une fois projetés une grande part des films réalisés vont rester dans des boîtes. Mais ça, c’est une question commerciale… », regrette le critique.
L’édition 2016 déjà en préparation !
L’effervescence qui régnait place Saint-André est désormais retombée. Clap de fin pour cette édition mais la prochaine est déjà en préparation. « Avant même le début de l’édition 2015, nous avons commencé à réfléchir à celle de 2016, ne serait-ce que sur la problématique de la sélection et du nombre de films que l’on reçoit », relate Guillaume Poulet.
Devant cette inflation, le directeur de la Cinémathèque en est convaincu, « pour garder la même exigence et la même égalité de traitement des films prétendants à la compétition, il faudra revoir le processus de sélection ».
Le festival devrait par ailleurs connaître quelques changements. « Si nous le pouvons, notre envie serait de développer encore plus les séances et d’offrir à un plus grand nombre de spectateurs la possibilité de découvrir les films de courts-métrages. »
Pour autant, la place Saint-André n’est guère extensible. Noire de monde lors des séances, elle atteint déjà les limites de sa jauge. Pour l’accès à un plus grand nombre peut-être faudra-t-il démultiplier les séances de projection dans différents lieux ? Nous n’en saurons pas plus… Rendez-vous en 2016 pour la 39e édition !
Joël Kermabon
Pour en savoir plus sur les lauréats de cette 38e édition, vous pouvez en consulter le palmarès sur le site de la Cinémathèque de Grenoble.