REPORTAGE VIDÉO – Bientôt le clap de fin pour les Détours de Babel, dont la 5e édition s’achève ce samedi 4 avril 2015. Tout au long du festival, le public n’a pas boudé son envie de découvertes puisque l’événement a fait salle comble. Dimanche, le second brunch du festival se déroulait dans le cadre chargé d’histoire du Musée dauphinois. L’occasion d’aller à la rencontre des visiteurs.
Un brunch ? Non, il ne s’agissait pas de combiner les plats et boissons du petit déjeuner et du repas de midi, mais bien d’un rendez-vous musical où chacun venait piocher, en fonction de ses goûts et de ses envies, dans la programmation concoctée par les Détours de Babel.
Le Musée dauphinois avait de son côté mis les petits plats dans les grands pour l’occasion, en offrant au public un cadre patrimonial unique : la chapelle, les terrasses surplombant Grenoble et son cloître.
Curieux à la recherche de nouvelles émotions, passionnés de musique affranchis ou encore habitués fidèles du festival… Ils étaient nombreux à avoir gravi les marches pavées de la montée Chalemont pour se rendre au Musée dauphinois et ce malgré une météo peu clémente. Sans parler des élections !
Réalisation JK Production
L’attente, rançon du succès
Au rendez-vous, toujours ces fameuses silhouettes muettes des « Figures de l’exil », dépourvues de visage car visibles de dos, et porteuses de nuages. Silencieuses, certes, mais seulement en apparence car un casque audio, fourni par l’organisation, permettait d’écouter le récit de leurs anecdotes, leur voyage, leur exil…
Vision étrange que de voir les visiteurs déambuler dans les galeries, l’air concentré, happés par une histoire qu’eux seuls peuvent entendre. Une agréable manière aussi de passer le temps en attendant l’heure des concerts.
Parfois, les spectateurs s’agacent car, enfin parvenus à l’entrée de la yourte ou de la chapelle où se déroule le concert convoité, il leur est annoncé, avec courtoisie que, faute de place, il va falloir revenir pour la session suivante. La rançon du succès mais aussi des limites imposées par les jauges des différents espaces pour conserver cette proximité du public avec les artistes.
Un pépinière pour les projets de création
Quid des concerts justement ? Il n’y avait, pour ce deuxième brunch, que l’embarras du choix, des genres. Au programme notamment : « Jardin clos » par l’Ensemble de Caelis, des voix de femmes chantant a capella des compositions médiévales et contemporaines, Araïk Bartikian, virtuose arménien jouant du doudouk, Taghi Akhbari et ses chants soufis iraniens, les Hongrois du Trio Gipsy et ses musiques tziganes.
Autre clin d’œil à l’interculturalité, c’est dans une yourte spécialement aménagée, située sur une des terrasses dominant la ville, que le groupe de jazz contemporain français Emma proposait une création évoquant l’exil, à base de poèmes et de chansons traditionnelles suédoises. Le tout plaqué sur une musique jouant avec les influences électro, jazz et pop-rock.
Pour les amateurs de musique électro-acoustique et de performances, c’est dans une des salles du musée que se déroulait « Trou de mémoire ». Une création, qui tout comme le travail produit par Emma, fait partie des quatre projets en création retenus dans le cadre des « chantiers ». En effet, chaque année, l’organisation lance des appels à projets qui permettent ensuite à de jeunes artistes de les concrétiser dans des conditions professionnelles. Une opportunité et un tremplin, en quelque sorte, puisque les projets retenus sont inclus officiellement dans la programmation des Détours de Babel.
Joël Kermabon
« La prise de risque artistique a payé »
La clôture du festival approche et, bien qu’il soit encore un peu tôt pour en dresser un bilan définitif, quelques tendances fortes se dégagent et autorisent l’optimisme selon les organisateurs.
« Nous constatons une très forte fréquentation, autant pour les concerts que les salons de musique ou les brunchs. Nous avons même du refuser du monde sur les brunchs ! » déclare Benoît Thiebergien, le directeur du festival. Et de poursuivre : « Pour les concerts payants, nous enregistrons 90 % de remplissage et c’est 114 % de plus par rapport à nos prévisions. Nous tournons entre 10 000 et 10 500 entrées payantes et, pour les concerts gratuits, c’est environ 5000 personnes qui s’y sont rendues ».
« C’est une très bonne édition, avec un vrai mélange des publics » se félicite Benoît Thiebergien. « Nous sommes très satisfaits des retours du public qui confirment l’existence d’une vraie demande pour des propositions qui sortent des itinéraires culturels habituels ». Ce dernier dresse un constat en forme de conclusion : « La prise de risque artistique a payé. Les gens ont été emballés. C’est un signal très important pour le festival ».
Un seul regret pour Benoît Thibergien : l’annulation du concert du 28 mars de Abd Al Malik pour raisons de santé.