ÉVÉNEMENT – Le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD) – Terre Solidaire lance Content pas comptant, remettre l’économie à sa place, du 31 janvier au 7 février 2015 à Grenoble. Une semaine d’animations et de débats autour des notions de croissance, richesses et bien-être, qui vise à s’interroger sur le modèle économique actuel mais, surtout, sur ses alternatives possibles.
Dans les médias, à la terrasse des cafés et même dans les repas de famille… le terme “croissance” est omniprésent. Gage de richesse et de prospérité, l’augmentation du Produit intérieur brut (PIB), – pur concept créé par l’homme – n’a pourtant rien de naturel.
À travers cette semaine de débats, discussions et animations, le CCFD – Terre Solidaire souhaite souligner l’importance de ne pas prendre pour acquis ce qui nous semble inné. En clair, remettre en question le modèle de la croissance économique – « qui fait l’impasse sur les inégalités et l’impact environnemental » – pour s’orienter vers des solutions plus humaines, en accord avec notre habitat, la Terre.
« On doit mettre en avant des conceptions alternatives à l’échelle nationale, affirme Tiphaine Billot, organisatrice de l’événement. C’est une nécessité face au modèle de la croissance qui nous amène toujours plus devant le mur. Pour ce faire, il faut que les citoyens se posent les bonnes questions et participent au débat public ».
« Se questionner sur “ce que l’on compte” pour aller vers “ce qui compte” »
Les auteurs aborderont justement ce débat public, à la fois avec des activités ludiques et des conférences plus sérieuses. Un débat de rue à partir d’une question sera, par exemple, lancée avec la technique du « porteur de paroles », samedi 31 janvier dans le local du CCFD – Terre Solidaire, 16 place Lavalette à Grenoble. Les passants pourront prendre la parole et afficher leurs positions dans un dispositif dit « éphémère ».
Diverses conceptions du bien-être dans le monde seront par ailleurs présentées, dans le cadre d’un atelier plus formel. L’occasion de mieux appréhender le Bonheur national brut (BNB) au Bhoutan ou encore le concept de Buen vivir dans les pays latino-américains.
« L’idée n’est pas de dire que telle alternative doit être suivie, mais bien de réfléchir ensemble à quelque chose d’autre. Il n’y a pas de solution toute faite et prête à l’emploi », ajoute Tiphaine Billot.
But unique, procédés multiples
Des solutions sont aussi expérimentées dans l’agglomération grenobloise. C’est le cas du projet Ibest qui s’efforce de construire des “indicateurs de bien-être soutenables et territorialisés”. L’objectif ? Créer des variables qui intègrent ce qui compte pour chacun d’entre nous.
Née de la rencontre entre associations de la société civile et acteurs politiques, et désormais intégré au sein du Centre de recherche en économie de Grenoble (Creg), cette initiative sera présentée dans le cadre de l’atelier C’est quoi le bien-être, le mardi 3 février à l’Espace vie étudiante (Eve) sur le campus de Grenoble. Y participeront notamment les économistes du Creg et Hélène Clot, chargée de mission évaluation et observation à la Métro.
Une démarche totalement laïque
Initiateur de l’événement, le réseau Richesse Rhône-Alpes rassemble un large éventail d’associations qui œuvrent pour la mise en place d’indicateurs nouveaux. Il est né en 2010 de la rencontre avec l’organisme thaïlandais The school for Well Being, qui se concentre sur le Bonheur national brut (BNB) du Bhoutan. Ces derniers souhaitaient également organiser une conférence internationale à Grenoble sur cette thématique.
Sur le long terme, une délégation de bénévoles de l’association, de chercheurs, d’élus, de techniciens d’organes publiques, ou bien encore de membres du CCFD – Terre Solidaire, ont prévu de se rendre en plusieurs fois au Bhoutan afin de collecter des informations sur le terrain.
A noter : le réseau Richesse agit dans un cadre totalement laïque. « Certes, nous émanons d’un organisme catholique, mais nous défendons des valeurs universelles sans connotation religieuse, assure l’organisatrice de l’événement. Le bien-être de chacun et l’harmonie avec la nature n’ont pas de confession ».
Comme l’a écrit Edgar Morin, célèbre philosophe et sociologue français, dans son ouvrage La Voie : pour l’avenir de l’Humanité : « La mondialisation porte en elle la probable catastrophe ; elle porte aussi en elle l’improbable, mais donc possible espérance ».
Arnaud Chastagner
PROGRAMME
➔ Samedi 31 janvier de 9 heures à 16 h 30 au CCFD – Terre Solidaire :
Formation et expérimentation au porteur de paroles (animation de rue). Gratuit.
➔ Dimanche 1er février à 18 heures à la Salle Rouge :
La méthode Kloche. Pièce de théâtre tout public par le Collectif Kloche, suivi d’un buffet. Spectacle : 7 – 12 euros, buffet à prix libre.
➔ Lundi 2 février à 18 h 30 au restaurant égyptien Le Karkadé :
Le bien-vivre ici et là-bas. Atelier sur le Buen Vivir en Amérique latine et le BNB (Bonheur national brut) au Bhoutan. 12 euros (atelier + plat égyptien).
➔ Mardi 3 février de 12 heures à 14 heures à Eve (campus) :
A Grenoble, c’est quoi le bien-être ? Atelier autour de l’indicateur de bien-être de l’agglomération grenobloise. Gratuit.
➔ Mardi 3 février de 18 heures à 20 heures à l’Ampérage :
Atelier L’imaginaire de la croissance. Gratuit.
Mardi 3 février à 20 h 30 à l’Ampérage :
Dans les dents la croissance, théâtre de l’instant avec la compagnie grenobloise Tête au cube.
5 – 7 euros.
➔ Mercredi 4 février à 18 heures à l’Amphithéâtre République (office de tourisme) :
Quels impacts des indicateurs de bien-être sur les politiques publiques ? Table-ronde participative en présence de représentants de la ville de Grenoble, de la Métro, du conseil régional, et de chercheurs universitaires, suivi d’un pot. Gratuit.
➔ Jeudi 5 février à 17 h 30 sur le campus et à 20 heures à l’Hexagone de Meylan :
Sacrée croissance ! Projection-débat autour du film de Marie-Monique Robin, en sa présence. 5 – 7 euros.
➔ Samedi 7 février à 11 heures à La Soupape Le Café des enfants :
Compter, conter, se contenter. Contes sur la richesse (à partir de 4 ans). Prix libre.