ÉVÉNEMENT – Adapté de La nuit tombée, un roman de l’écrivain grenoblois Antoine Choplin, mis en scène par Chantal Morel, Ce quelque chose qui est là embarque le spectateur en Ukraine, près de la frontière biélorusse… Plus précisément dans la « zone », à 3 km de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Un voyage théâtral marquant.
Coproduite par l’Équipe de Création théâtrale et le Festival de Caves, la pièce fut jouée pour son lancement le 26 avril 2014 à Lyon, 28 ans jour pour jour après la catastrophe de Tchernobyl. Le nucléaire restant plus que jamais un sujet de préoccupation majeur, on ne peut que se réjouir qu’elle soit reprise à Grenoble du 19 novembre 2014 au 15 janvier 2015.
Beaucoup le connaissent déjà, d’autres vont le découvrir, Le Petit 38 est un théâtre de l’intime. La jauge est petite, à la mesure de celui qui écoute et regarde. Une heure avant la représentation, les spectateurs peuvent entrer dans l’espace chaleureux, de pierre et de bois, rue Saint Laurent. S’y réchauffer sous une lumière tamisée. Puis, invités dans l’arrière-salle, s’asseoir coude à coude, à un mètre de la petite scène.
Deux acteurs pour une pièce intense. Modestement – l’un plus chétif, l’autre massif –, les deux hommes entrent et s’immobilisent dans la pénombre, dos au public. Le spectacle a pour cadre la « zone » délimitée autour de Tchernobyl.
Une traversée au cœur de vies bouleversées
« Nous reviendrons bientôt, c’est ce que les habitants des villages alentours ont écrit sur la porte de leur maison en partant… » commente Chantal Morel. La tonalité est posée. Ce n’est pas la grande histoire qui est ici racontée mais la “petite vie” des hommes, meurtris dans leur chair et au plus profond d’eux-mêmes.
Pour l’incarner « Gouri qui revient à moto dans la zone interdite, à Pripriat, située à 3 km de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Il veut y récupérer quelque chose. Sur le chemin il passera voir Lakov et Véra. Ils parleront, boiront de la vodka. C’est tout ».
C’est tout ? N’en croyez rien. Les radiations ont explosé leur vie. Impossible de revenir en arrière. Alors les masques tombent. La vérité est à nue. Écorchés, c’est d’âme à âme qu’ils se parlent dans la nuit enveloppante. La tragédie humaine n’en finit pas de mourir, réinventant perpétuellement son théâtre.
Une pièce à découvrir « pour ne pas rester des analphabètes de l’émotion » comme le résume Chantal Morel, et pour penser la question nucléaire – est-il nécessaire –, plus en conscience, après avoir opéré cette traversée au cœur de vies chavirées.
Véronique Magnin
Le spectacle :
Du mercredi au samedi à 20 h 30. Sauf les soirs de rencontres ou de lecture : spectacle à 19 h 30
Réservations indispensables car la jauge est petite.
Par téléphone : 04 76 54 12 30 ou par mail equipedecreationtheatrale [at] wanadoo.frTarifs :
7 € / 10 € /15 € selon les moyens
Le Petit 38 ouvre ses portes une heure avant. Il est possible de venir s’y réchauffer autour d’un thé ou d’un verre de vin.
Dans le prolongement du spectacle, des rencontres et lectures sont aussi programmées :
Les 21 novembre, 5 décembre et 8 janvier :
Lecture de textes de Günther Anders par François Jaulin et Roland DepauwLe 27 novembre :
Rencontre avec Antoine Choplin autour de sa Lettre de VolodarkaA déterminer : rencontre avec Sortir du Nucléaire