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Les trois can­di­dats sur­prises à Grenoble

Les trois can­di­dats sur­prises à Grenoble

FOCUS – Ce sont les Petits Poucets du scru­tin muni­ci­pal gre­no­blois. Tardivement entrés en cam­pagne, ces trois can­di­dats campent dans les der­nières places des son­dages d’intentions de vote. Leurs pro­fils divergent autant que leurs ambi­tions élec­to­rales. Place Gre’net fait les présentations.
Lahcen Benmaza, l’aventurier transparent
© Véronique Serre

Lahcen Benmaza © Véronique Serre

« La pre­mière des vic­toires, c’est d’avoir pré­senté cette liste. Maintenant, c’est que du bonus », se féli­cite avec luci­dité, Lahcen Benmaza. À 27 ans, le ben­ja­min des can­di­dats n’en est pas à son coup d’essai. Déjà can­di­dat sans éti­quette aux élec­tions légis­la­tives de 2012 sur la pre­mière cir­cons­crip­tion de l’Isère, il avait recueilli 0,55% des suf­frages expri­més, soit 177 voix.
Engagé dans le milieu asso­cia­tif en tant qu’éducateur de foot­ball, il a pris la direc­tion d’un centre de loi­sirs à Fontaine, puis est devenu ani­ma­teur réfé­rent d’une école gre­no­bloise. Il se lance aujourd’hui dans l’entrepreneuriat de com­mu­ni­ca­tion. Après une période de réflexion et le lan­ce­ment du Mouvement citoyen et soli­daire – sa propre orga­ni­sa­tion poli­tique – il s’est fina­le­ment porté can­di­dat, en jan­vier 2014. « En indé­pen­dant », pré­cise-t-il, pour « faire évo­luer la société, hors de ce sys­tème poli­tique de bipar­tisme ».
Réalisation : JK Production.
« Je me sens hors de l’échiquier poli­tique. Le cli­vage droite-gauche me dérange énor­mé­ment. Les bonnes idées n’ont pas de cou­leur », résume-t-il désor­mais. S’il tient autant à son auto­no­mie aujourd’hui, c’est cepen­dant après une pre­mière expé­rience en tant que « spec­ta­teur » en poli­tique, à l’UMP notam­ment. Il y a appris « com­ment fonc­tion­nait un parti, la place des mili­tants et ce qu’était une car­rière poli­tique ». Déçu, il a rapi­de­ment cla­qué la porte. « Je me suis rendu compte que les par­tis pre­naient beau­coup de place, les citoyens net­te­ment moins ».
© Véronique Serre

Lahcen Benmaza, tête de liste Grenoble en valeur pour les muni­ci­pales Grenoble 2014. © Véronique Serre

Dans la pré-cam­pagne muni­ci­pale, il croise le che­min de Gilles Dumolard, l’ancien pré­sident de la Chambre de com­merce et d’in­dus­trie de Grenoble qui, comme lui, sou­haite mon­ter une liste autonome.
« Gilles Dumolard avait un entou­rage néfaste. L’homme était res­pec­table et res­pec­tueux. Malgré son âge, il était le plus jeune en poli­tique ! Mais beau­coup de per­sonnes vou­laient pro­fi­ter de sa noto­riété pour leurs propres ambi­tions. Cela deve­nait opaque », com­mente l’ancien par­ti­san. L’aventure a tourné court.
La trans­pa­rence jus­te­ment, c’est la valeur qu’il sou­haite incar­ner dans cette cam­pagne. « La poli­tique, c’est l’affaire de tous. Les tech­ni­ciens de la poli­tique, c’est les citoyens. Aujourd’hui, les par­tis veulent com­plexi­fier les dos­siers pour empê­cher le citoyen lambda de les com­prendre », ana­lyse-t-il. Son arme ? L’open-data. « Le numé­rique est un atout, uti­li­sons-le ! Il faut rendre toutes les don­nées muni­ci­pales aux citoyens pour qu’ils puissent s’approprier leur ville ».
Catherine Brun, lut­teuse nostalgique
Catherine Brun, tete de liste Lutte Ouvriere aux Municipales de Grenoble 2014 © Véronique Serre

Catherine Brun, tête de liste Lutte ouvrière aux muni­ci­pales de Grenoble 2014. © Véronique Serre

« Je suis de la géné­ra­tion d’après mai 68 qui est tou­jours res­tée révol­tée par cette société pro­fon­dé­ment injuste et inhu­maine ». La mélan­co­lie révo­lu­tion­naire revient régu­liè­re­ment dans le dis­cours de Catherine Brun. À 57 ans, cette ensei­gnante d’histoire-géographie exerce en zone d’é­du­ca­tion prio­ri­taire (Zep) depuis onze ans. 
Militante de tou­jours chez Lutte ouvrière depuis ses 17 ans, c’est avec la même opi­niâ­treté qu’elle par­ti­cipe aux dif­fé­rents scru­tins élec­to­raux pour repré­sen­ter sa for­ma­tion poli­tique. Mais ses résul­tats sont moins linéaires. Après 1,43 % des voix aux muni­ci­pales en 2008 et 0,49 % aux légis­la­tives de 2012, elle est aujourd’­hui cré­di­tée de 1 % dans les sondages.
Catherine Brun, tete de liste Lutte Ouvriere aux Municipales de Grenoble 2014 © Véronique Serre

Catherine Brun, tête de liste Lutte ouvrière aux muni­ci­pales de Grenoble 2014. © Véronique Serre

« Les élec­tions font par­tie du com­bat poli­tique pour popu­la­ri­ser nos idées, même si nous pen­sons qu’elles ne chan­ge­ront pas la vie des tra­vailleurs. Elles ont tou­jours une signi­fi­ca­tion poli­tique. Il faut les uti­li­ser pour per­mettre aux tra­vailleurs de reje­ter la poli­tique gou­ver­ne­men­tale, sans avoir à cau­tion­ner la droite et l’extrême droite », jus­ti­fie la candidate.
Service public du loge­ment, inter­dic­tion des licen­cie­ments et des aides publiques aux grandes entre­prises… La can­di­date n’a aucun pro­gramme local. Et l’as­sume : « J’ai l’honnêteté de dire que les pro­blèmes fon­da­men­taux seront réso­lus par des inter­ven­tions à l’échelle du natio­nal. Comme les luttes de mai 68 ou de juin 36. Je n’ai aucun mépris pour les pro­blèmes locaux car ce sont les mêmes par­tout : la misère et le chô­mage mas­sif. Mais ce ne sont pas les muni­ci­pa­li­tés qui ont les moyens de lut­ter. »
Catherine Brun, tete de liste Lutte Ouvriere aux Municipales de Grenoble 2014 © Véronique Serre

Catherine Brun, tête de liste Lutte ouvrière aux muni­ci­pales de Grenoble 2014. © Véronique Serre

Derrière les élec­tions locales, les scru­tins auront aussi une signi­fi­ca­tion poli­tique natio­nale et seront en par­tie ana­ly­sés comme tels. « Il faut mon­trer une oppo­si­tion ouvrière à ce gou­ver­ne­ment qui a conduit une poli­tique plus des­truc­trice pour les milieux popu­laires que le pré­cé­dent. » En revanche, c’est à l’échelle locale que s’amorce cette « oppo­si­tion ouvrière », selon Catherine Brun. « J’étais la semaine der­nière avec les tra­vailleurs de Vencorex à Pont-de-Claix qui se mobi­lisent pour conser­ver leurs emplois. Puis avec les pos­tiers qui luttent contre la réor­ga­ni­sa­tion de leur tra­vail ».
Lorsque sont évo­quées des affi­ni­tés idéo­lo­giques avec le can­di­dat éco­lo­giste Eric Piolle – telles la lutte contre la spé­cu­la­tion immo­bi­lière, l’opposition au sub­ven­tion­ne­ment d’entreprises pri­vées ou la muni­ci­pa­li­sa­tion de ser­vices essen­tiels – la can­di­date se braque. « Les éco­lo­gistes sont au gou­ver­ne­ment. Je ne les ai pas enten­dus se déso­li­da­ri­ser des mesures anti-ouvrières prises par leur gou­ver­ne­ment, comme l’accord natio­nal inter­pro­fes­sion­nel. Je condamne ce jeu des par­tis qui se rangent fina­le­ment tou­jours der­rière les socia­listes. Ils trompent les tra­vailleurs depuis des années et les mettent à la remorque du PS qui défend la bour­geoi­sie. » Elle n’oublie pas pour autant ses prin­ci­paux adver­saires. « Droite et extrême droite res­tent des enne­mies mor­telles ».
Maurice Colliat, le pas­séiste inoxydable
Affiche de campagne de Maurice Colliat du Parti Ouvrier Indépendant © Nils Louna

Affiche de cam­pagne de Maurice Colliat du Parti ouvrier indé­pen­dant. © Nils Louna

L’avant-dernière semaine de cam­pagne était la pre­mière pour Maurice Colliat et son équipe du Parti ouvrier indé­pen­dant (POI). Il n’en est pas plus joi­gnable pour autant. Sept jours auront été néces­saires pour contac­ter direc­te­ment celui qui se plaint, par ailleurs, du manque de repré­sen­ta­tion de son parti dans les médias.
L’enseignant spé­cia­lisé de 64 ans, syn­di­qué depuis ses 20 ans, n’est guère pré­cis sur le nombre de can­di­da­tures qu’il a por­tées. « Je par­ti­cipe aux scru­tins élec­to­raux depuis une ving­taine d’années ; trois ou quatre fois aux élec­tions can­to­nales, quelques fois éga­le­ment aux élec­tions légis­la­tives ». Il n’a jamais dépassé 1% des voix avec cette for­ma­tion poli­tique qui met peu en avant la per­son­na­lité des can­di­dats. « C’est notre pro­gramme qui prime. Peu importe la per­sonne qui le porte. J’ai été dési­gné tête de liste car j’avais un peu d’expérience. »
Pour le pre­mier tour des muni­ci­pales de ce dimanche, le tirage au sort a posi­tionné le POI à l’extrême gauche des pan­neaux élec­to­raux. C’est géné­ra­le­ment de la même manière que ce parti est classé sur l’échiquier poli­tique, même s’il s’en défend. « Nous refu­sons d’être qua­li­fiés d’extrême gauche. Nous sommes très calmes, très patients. Nous n’organisons aucune action spec­ta­cu­laire, s’agace le can­di­dat tête de liste. Le parti a même entamé des démarches jusqu’au conseil d’État pour être qua­li­fié de divers gauche » Une demande dont il a été débouté.
© Nils Louna

© Nils Louna

Le pro­gramme de la liste tient sur l’affiche de cam­pagne. La pre­mière mesure – l’abrogation de la réforme des rythmes sco­laires – ne fait pour­tant pas par­tie des com­pé­tences muni­ci­pales. L’ancien ensei­gnant estime que cette mesure « a été mise en place de façon anti­ci­pée à Grenoble. Les petites com­munes n’auront pas les moyens de faire appli­quer cette réforme conve­na­ble­ment. Cela va à l’encontre de l’école répu­bli­caine. Nous ne pou­vons que nous y oppo­ser. »
Seconde mesure défen­due par la liste : faire sor­tir Grenoble de la Métro. « Nous prô­nons le retour aux syn­di­cats inter­com­mu­naux qui res­pec­taient la sou­ve­rai­neté com­mu­nale ». Le rétro­pé­da­lage comme méthode poli­tique au ser­vice d’une ambi­tion de taille : « Nous sou­hai­tons gagner et obte­nir une majo­rité muni­ci­pale ».
Victor Guilbert

VG

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