Ophélie David L'Alpe d'Huez ski saut neige

JO d’hi­ver : Grenoble c’est fini ?

JO d’hi­ver : Grenoble c’est fini ?

FOCUS – Échaudée par l’échec de sa can­di­da­ture aux Jeux olym­piques d’hiver de 2018 et le revers d’Annecy, Grenoble ne se pré­ci­pite pas pour pos­tu­ler au titre de ville orga­ni­sa­trice en 2026. D’autant qu’une étude cana­dienne enfonce le clou : la capi­tale des Alpes n’est pas “cli­ma­ti­que­ment fiable” pour rece­voir les JO d’hiver.

Crédit Nils Louna/Place Gre'net

Jean-Guillaume Béatrix, médaillé de bronze de la pour­suite en biath­lon à Sotchi. © Nils Louna – Place Gre’net

Les Jeux olym­piques d’hiver à Grenoble, c’est fini ?
Après l’échec cui­sant de la capi­tale des Alpes, et de la France, pour l’organisation de l’édition 2018*, fau­dra-t-il tirer un trait sur tout espoir de dérou­ler à l’a­ve­nir le tapis rouge aux ins­tances olympiennes ?
Une étude de cher­cheurs cana­diens de l’u­ni­ver­sité de Waterloo vient enfon­cer un peu plus le clou. Quelle ville déjà hôte pour­rait à nou­veau accueillir les Jeux olym­piques d’hiver dans les années à venir, compte tenu du chan­ge­ment cli­ma­tique ? Pas Grenoble, où la flamme a brillé en 1968. Ni Chamonix, qui avait orga­nisé les pre­miers Jeux olym­piques d’hiver en 1924. 
Les conclu­sions de l’étude, basées sur les tem­pé­ra­tures moyennes mini­males, l’épaisseur du man­teau nei­geux et les pro­jec­tions d’émissions de gaz à effet de serre (en fonc­tion de deux scé­na­rios, l’un opti­miste, l’autre pes­si­miste), sont sans appel : d’ici 2050, quatre des 19 villes-hôtes (**) ne pour­raient plus accueillir les Jeux dans de bonnes conditions. 
Les tem­pé­ra­tures maxi­males s’envolent
La faute au ther­mo­mètre qui, en hiver, atteint désor­mais des som­mets. Sur la période 1920 – 1950, la tem­pé­ra­ture moyenne maxi­male en février dans les villes orga­ni­sa­trices des JO était de 0,4° C. Elle était de 3,1° C en 1960 – 1990. Et de 7,8° C en 2002 – 2010.

Credit Nils Louna/Place Gre'net

La skieuse de l’Alpe d’Huez Ophélie David en lice à Sotchi au ski acro­ba­tique. © Nils Louna – Place Gre’net

En 2010, de telles envo­lées du mer­cure avaient conduit Vancouver à repor­ter de jour en jour de nom­breuses épreuves. Même scé­na­rio à Sotchi, où les tem­pé­ra­tures prin­ta­nières donnent des sueurs froides aux organisateurs.
Rapatrier les sports de glace à l’intérieur, réfri­gé­rer les pistes de luge et de bobs­leigh, ennei­ger arti­fi­ciel­le­ment les pistes a atteint ses limites. 
Pour les auteurs de l’étude, il fau­drait une tem­pé­ra­ture moyenne infé­rieure à 0°C pour accueillir les Jeux d’hiver. Ainsi qu’une couche de neige de 30, voire 60 cm, pour que les épreuves se déroulent en toute sécurité.
Etude canadienne

Grenoble comme Chamonix ne sont, pour les auteurs de cette étude cana­dienne, pas “cli­ma­ti­que­ment fiables” pour orga­ni­ser les JO d’hi­ver. Alberville, elle, reste dans la course.

Pour la France, et pour les Alpes, le seul espoir réside du côté d’Albertville, déjà orga­ni­sa­trice en 1992. Encore faut-il un mini­mum de volonté poli­tique, et pas seule­ment locale. La France, absente des pos­tu­lants pour 2022***, sera-t-elle sur les rangs pour 2026 ?
A Grenoble, à quelques semaines des élec­tions muni­ci­pales, l’enthousiasme qui pré­va­lait est pour le moins retombé dans le camp de la majo­rité sortante…

« Si Grenoble devait être can­di­date à l’avenir, ce serait sous deux condi­tions, pointe le pre­mier adjoint Jérôme Safar et tête de liste. Que cette can­di­da­ture soit por­tée natio­na­le­ment par l’État fran­çais et dans un contexte de consen­sus local. Pour 2018, l’État ne vou­lait pas de Jeux olym­piques d’hiver ! Ils ont planté Annecy. »
La France devra-t-elle désor­mais jouer la carte des Jeux d’été ? 
Patricia Cerinsek
* C’est fina­le­ment la ville d’Annecy qui avait été rete­nue pour repré­sen­ter la France. Cette der­nière n’avait recueilli que 7 voix contre 28 à Munich et 63 à Pyeongchang, en Corée du Sud, où seront orga­ni­sés ces JO 2018.
** Chamonix, Grenoble, Sotchi et Garmisch-Partenkirchen ne pour­raient plus, d’a­près l’é­tude, orga­ni­ser les JO d’hi­ver dans de bonnes conditions.
*** Cinq villes sont can­di­dates à l’or­ga­ni­sa­tion des Jeux olym­piques 2022 : Oslo (Norvège), Lviv (Ukraine), Almaty (Kazakhstan), Cracovie (Pologne) et Pékin (Chine). La Suède a, en jan­vier, renoncé à se por­ter can­di­date après le refus de la mai­rie de Stockholm d’organiser les Jeux.

Patricia Cerinsek

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