Ils étaient environ une centaine de sapeurs-pompiers à retirer leur tenue, ce mercredi 12 février, afin de continuer le combat contre le nouveau volume horaire annuel de 1607 heures. Un volume jugé beaucoup trop important au vu de leurs conditions de travail. Si leur mobilisation a porté ses fruits, avec l’abaissement de cette durée à 1554 heures, les sapeurs-pompiers appellent encore la direction à diminuer ce chiffre.
Ce mercredi 12 février, la mobilisation des sapeurs-pompiers contre leur durée de temps de travail a pris la forme d’un strip-tease collectif. Devant l’état-major du Sdis, des sapeurs-pompiers mécontents se sont déshabillés et ont jeté leur tenue afin de protester contre les 1607 heures que la direction souhaitait leur imposer depuis novembre. Pourquoi ce geste ? Parce que pour les sapeurs-pompiers, l’entretien des tenues, c’est du temps, mais aussi de l’argent dépensé à côté de leur volume horaire de travail. Un exemple de la spécificité du métier sur lequel ils ont souhaité attirer l’attention. De plus, cet entretien revient légalement à la charge de l’employeur, expliquent-ils. Une obligation légale qu’il ne respecterait pas. « On a fait une démonstration pour montrer que notre employeur avait une obligation d’entretenir les équipements de protection individuels », raconte Thierry Granger de l’intersyndicale CGT Syndicat autonome Sdis 38.“On dépassait largement les 1607 heures !”
Ce strip-tease est un nouveau moyen pour les sapeurs-pompiers d’interpeller leur direction. Mettant en parallèle le volume d’heures annuelles et l’entretien des tenues, Thierry Granger avertit : « au bout du bout, si l’élu s’entête à vouloir mettre en place ce qu’il avait prévu, eh bien en plus on va (leur) mettre à la charge le lavage des tenues qui est une obligation. Un coût phénoménal », précise-t-il. Les sapeurs-pompiers souhaitent, avant tout, « mettre sur la table tout ce qui n’était pas décompté (du temps de travail, ndlr) : le travail les jours fériés, de nuit, les week-ends, le temps d’habillage et de déshabillage, le lavage de tenue et les déplacements horaires qu’on effectue pour se rendre en formation », énumère Thierry Granger. Autant d’éléments qui n’ont pas été pris en compte au moment du choix de l’augmentation de la durée du temps de travail, critiquent les pompiers. « Tout bout à bout, on dépassait largement les 1607 heures ! » note le syndicaliste. Problème : « Tous les élus politiques disaient qu’on était à 32 heures ». C’est ce qui a conduit à décider une augmentation de 67 heures par rapport à l’ancien volume horaire datant de 1999. La médiation du président du Conseil général de l’Isère, André Vallini, a néanmoins permis de mettre fin à une situation où les négociations entre syndicats et direction étaient au point mort. « On était dos à dos et on n’arrivait plus à se parler », explique Thierry Granger. Ce dernier se félicite que le président du Conseil général ait réussi à « remettre de la sérénité dans les débats et permettre aux organisations syndicales et à l’administration de se retrouver autour de la table ».Un difficile retour en arrière
Suite à mobilisation qui a débuté en novembre, les sapeurs-pompiers reconnaissent un certain nombre d’avancées. « Aujourd’hui, l’administration a reculé sur pas mal de choses », se réjouit Thierry Granger. « On a réussi à obtenir un nombre d’heures pour l’habillage déshabillage qui correspond à 32 heures », raconte le syndicaliste. Mais aussi « deux journées de fractionnement » et une journée supplémentaire, dite « le jour du président ».« Il reste 14 heures encore (sur les 67 d’augmentation, ndlr) et, là, on a toujours pas pris en compte ce que prévoit la loi », regrette-t-il. A savoir des aménagements liés à la dangerosité du métier de sapeur-pompiers mais aussi au travail de nuit, lors des jours-fériés et du week-end. Il appartiendra au conseil d’administration de prendre la décision finale liée au volume horaire annuel. « Ils nous ont débloqué 53 heures sur les 67 qu’ils voulaient nous imposer. Ca va être difficile pour eux de revenir en arrière » note Thierry Granger. « On ne peut pas faire un coup j’avance, un coup je recule » conclut-il. Une démarche qui passerait mal auprès des sapeurs-pompiers. Guillaume Rantet