débat municipal ADTC

Politique cyclable : chan­ger de braquet ?

Politique cyclable : chan­ger de braquet ?

REPORTAGE – Après un pre­mier débat orga­nisé par l’AmpéRage début jan­vier sur les ques­tions cultu­relles, un deuxième réunis­sait, ce samedi 1er février, six can­di­dats aux élec­tions muni­ci­pales de la ville de Grenoble. Avec, comme ques­tion cen­trale : « Quelles poli­tiques cyclables pour atteindre 20% de part modale en 2020 ? ». Une table ronde orga­ni­sée par Un p’tit vélo dans la tête et l’Association pour le déve­lop­pe­ment des trans­ports en com­mun, voies cyclables et pié­tonnes de la région gre­no­bloise (ADTC).

De gauche à droite, Jérôme Safar de la liste PS « Aimer Grenoble pour vous », Matthieu Chamussy de la liste UMP « Croire en Grenoble », Éric Piolle à la tête du rassemblement de la gauche et des écologistes « Grenoble une ville pour tous », Denis Bonzy de la liste apolitique « Nous citoyens », Philippe de Longevialle tête de la liste centriste « imagine Grenoble » et la candidate FN Mireille d’Ornano pour « Grenoble bleu Marine ».

De gauche à droite, Jérôme Safar de la liste PS « Aimer Grenoble pour vous », Matthieu Chamussy de la liste UMP « Croire en Grenoble », Philippe de Longevialle, tête de la liste cen­triste « Imagine Grenoble », la can­di­date FN Mireille d’Ornano pour « Grenoble bleu Marine », Éric Piolle à la tête du ras­sem­ble­ment de la gauche et des éco­lo­gistes « Grenoble une ville pour tous » et Denis Bonzy de la liste apo­li­tique « Nous citoyens ».

La petite salle de la Maison de la nature et de l’environnement réser­vée à l’évènement était comble : les cin­quante places assises étaient occu­pées par un public atten­tif. Quelques cou­ra­geux se tenaient même debout. Tous étaient venus écou­ter les pro­po­si­tions des six can­di­dats aux muni­ci­pales de Grenoble, dans le cadre de ce débat orga­nisé à l’oc­ca­sion des vingt ans de l’as­so­cia­tion Un p’tit vélo dans la tête, qui pro­meut la pra­tique du vélo comme mode de dépla­ce­ment quotidien.
Étaient dont pré­sents Jérôme Safar de la liste PS « Aimer Grenoble pour vous », Matthieu Chamussy de la liste UMP « Croire en Grenoble », Éric Piolle à la tête du ras­sem­ble­ment de la gauche et des éco­lo­gistes « Grenoble une ville pour tous », Denis Bonzy de la liste apo­li­tique « Nous citoyens », Philippe de Longevialle tête de la liste cen­triste « ima­gine Grenoble » et la can­di­date FN Mireille d’Ornano pour « Grenoble bleu Marine ».
Le coût et l’achat de vélos, la répa­ra­bi­lité, le vol, le sta­tion­ne­ment, le par­tage de la voi­rie, la sen­si­bi­li­sa­tion auprès des plus jeunes… Toutes ces ques­tions ont été dis­cu­tés en pre­mière par­tie de soi­rée. Chacun des can­di­dats a ainsi pu lon­gue­ment s’ex­pri­mer sur la poli­tique cyclable qu’il met­trait en place et tous ont répondu avec une cer­taine fran­chise aux ques­tions posés par les organisateurs.

20% de part modale en 2020 ?

Eric Piolle lors de la Véloparade

Eric Piolle lors de la Véloparade

20 % ? « C’est un objec­tif agres­sif », a jugé l’é­co­lo­giste Eric Piolle, par ailleurs cycliste et très proche des acteurs du vélo. « Cela néces­si­tera un por­tage poli­tique impor­tant ». Et celui-ci d’ap­pe­ler de ses vœux un vice-pré­sident de la Métro au vélo.
Philippe de Longevialle, qui rap­pelle un cer­tain nombre de pro­jets qu’il a déjà menés, notam­ment dans le quar­tier Flaubert, recon­naît que « la part modale du vélo est bien trop faible », mais se demande si l’ob­jec­tif peut être atteint en un man­dat. Celui-ci a aussi évo­qué les ques­tions de sécu­rité. Thème qui sera repris et déve­loppé par Mireille d’Ornano. « Les pistes cyclables ne sont pas clai­re­ment iden­ti­fiées. Il ne faut pas que le vélo devienne une gêne pour les autres modes de trans­port » a affirmé la candidate.

Denis Bonzy, qui « pra­tique le vélo depuis sa plus tendre enfance », a pris les exemples de Chicago, Toronto et d’Amsterdam et rap­pelé la néces­sité de tra­vailler avec l’en­semble des par­te­naires. En par­ti­cu­lier les entre­prises. « Si vous arri­vez à votre tra­vail en vélo et que vous n’a­vez nulle part pour vous chan­ger ou vous garer, c’est un pro­blème. Il fau­dra, aussi, de grandes auto­routes du vélo. »

vélo à Grenoble

Utilisateur ran­geant son vélo de loca­tion dans une « boîte » Métrovélo de l’ag­glo­mé­ra­tion gre­no­bloise.
© Grenoble-Alpes Métropole

Jérôme Safar a alors tenu à rap­pe­ler les pro­grès faits dans l’ag­glo­mé­ra­tion. A savoir 4000 MétroVélos et 31 MétroVéloBox et « une pra­tique du vélo, qui, en dix ans, a pro­gressé et est deve­nue dif­fuse. »
Un bilan qui ne satis­fait pas Matthieu Chamussy. Celui-ci a ainsi sou­levé le manque de points d’accès aux vélos de la Métro dans la ville, alors que l’on « nous avait pro­mis un sys­tème de libre-ser­vice en 2008 comme à Paris ». Le can­di­dat UMP envi­sage pour sa part de faire émer­ger « une géné­ra­tion vélo », en lien avec le péri­sco­laire, par la créa­tion d’ateliers de sen­si­bi­li­sa­tion auprès des plus jeunes. « Si nous vou­lons déve­lop­per la pra­tique du vélo, il faut mul­ti­plier les points d’accès dans la ville » a répété plu­sieurs fois le can­di­dat UMP.
Éric Piolle s’est, quant à lui, féli­cité de la non mise en place du sys­tème de « vélibre », très coû­teuse en rap­port avec le “Métro vélo”. Il faut, selon lui, néan­moins aug­men­ter le nombre de vélos en ser­vice, notam­ment en sen­si­bi­li­sant les jeunes. Ce qui passe par la mise en place d’un véri­table ser­vice de réparation.

Pour une filière de réem­ploi des vélos

Concernant le sou­tien à ce sec­teur, les can­di­dats sont tom­bés d’accord pour ne pas ache­ter direc­te­ment de vélos ni pous­ser à l’a­chat chez les fabri­cants et ven­deurs de cycles. « La Ville doit créer les condi­tions pour que la filière pri­vée vive d’elle-même et non l’aider direc­te­ment » sou­ligne ainsi Denis Bonzy, en notant l’importance de mettre fin au gas­pillage de vélos.

L'association Un p’tit vélo dans la tête qui recycle les vieux cycles et bicyclettes à Grenoble possède un atelier à Grenoble et un autre à Saint-Martin-d'Hères

Atelier de répa­ra­tion de vélos © Un P’tit vélo dans la tête

Même dis­cours pour Philippe de Longevialle « qui n’est pas favo­rable à pous­ser à l’achat ». La prio­rité doit, selon lui, être mise sur la dimi­nu­tion des vols et sur les ser­vices de répa­ra­bi­lité. Le can­di­dat cen­triste a notam­ment lancé l’idée d’une appli­ca­tion télé­pho­nique pour trou­ver faci­le­ment les lieux où répa­rer son vélo. Avant d’a­jou­ter : « Les entre­prises sont prêtes à tra­vailler sur un sys­tème de finan­ce­ment total ou par­tiel de vélos pour leurs employés ».
Mettre en place une filière de réem­ploi des vélos sur la métro­pole gre­no­bloise ? Tous les can­di­dats sont pour. Et donc sur la créa­tion d’une coor­di­na­tion multi-acteurs. Pour cela, deux pistes ont été évo­quées : en amont, la sen­si­bi­li­sa­tion des plus jeunes et, en aval, un tra­vail de recy­clage des vélos usés.
L'association Un p’tit vélo dans la tête qui recycle les vieux cycles et bicyclettes à Grenoble possède un grand nombre de guidons issus de vélos désossés

Atelier Un p’tit vélo dans la tête
© JB Auduc / pla​ce​gre​net​.fr

Jérôme Safar a, quant‑à lui, évo­qué la néces­sité de tra­vailler au niveau des déchè­te­ries afin de récu­pé­rer les vélos jetés. « Mais ce tra­vail de recy­clage est aussi envi­sa­geable pour les Métro vélos en fin de vie » a pour­suit le can­di­dat socia­liste. Ces vélos pour­raient ensuite être redis­tri­bués aux asso­cia­tions et béné­fi­cier aux familles qui ne peuvent pas en acheter.

« Il faut essayer de dif­fu­ser la pra­tique du vélo à ceux qui ne l’ont pas » a lancé le can­di­dat PS. Ce der­nier a éga­le­ment évo­qué les nou­velles normes d’urbanisme de la ville qui pri­vi­lé­gient la construc­tion de par­king à vélos pour les nou­velles rési­dences sur les par­kings à voi­tures. « Même si cela ne fait pas que des heu­reux ».
« Pas de mon­sieur vélo »
La parole a ensuite été don­née aux deux asso­cia­tions orga­ni­sa­trices. L’occasion pour l’ADTC de deman­der à cha­cun des can­di­dats si un élu de son équipe serait en charge du vélo. « Pas de mon­sieur vélo » pour Matthieu Chamussy mais « une aug­men­ta­tion du temps d’écoute et de dia­logue dans la concer­ta­tion ». Denis Bonzy appelle, lui, à une « nou­velle logique de gou­ver­nance par­ti­ci­pa­tive », tout en fai­sant de la refonte de la Métro une prio­rité. « Il faut remettre à zéro l’organisation poli­tique qui ne fut rien d’autre à la base qu’un Yalta poli­tique sans aucune cohé­rence » estime le candidat.
DebatMunicipalVelo3Pas d’élu en charge du vélo non plus pour le can­di­dat PS. « Il n’y aura que quinze pré­si­dents à la Métro et il n’y aura qu’un pré­sident pour l’ensemble des trans­ports. » Et Jérôme Safar de sou­li­gner : « il faut pen­ser les modes de trans­port pour le centre mais éga­le­ment autour des pôles d’activités et dépla­ce­ments péri­phé­riques ».

« Que feriez-vous pour faci­li­ter le déve­lop­pe­ment d’ateliers sur le modèle de ceux de l’association ? » a ensuite demandé le pré­sident d’Un p’tit vélo dans la tête. Une ques­tion qui n’a pas tou­jours été bien com­prise. Si Matthieu Chamussy est revenu sur l’im­por­tance des dépla­ce­ments dans les écoles, notam­ment dans un cadre péri­sco­laire, Jérôme Safar a ainsi insisté sur le fait que « la gra­tuité jusqu’au bout de tout, tout le temps, finit par nous empê­cher d’avoir de vraies marges de manœuvre. On parle d’économie cir­cu­laire ? Eh bien, écou­tez, met­tons-la en place à tout point de vue ! ». Comme si le débat avait fini, lui aussi, par tour­ner en rond, faute peut-être d’a­voir laissé suf­fi­sam­ment de place aux réac­tions du public.
Esther Manteca

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