REPORTAGE – Il suffit de lever les yeux… Scellée dans un paysage de carte postale, entre les quais de l’Isère et le fort de la Bastille, la cité universitaire du Rabot surplombe singulièrement l’entrée nord de Grenoble. Retirée dans son écrin fortifié, elle accueille chaque année 500 étudiants venus du monde entier. Qui sont-ils et comment vivent-ils dans ce lieu peu ordinaire, perché entre deux mondes ? Immersion dans une étrange cité aux allures insulaires, où anciens et nouveaux venus nous racontent “leur” Rabot.
« La marche pour arriver là-haut, ça me tue ! », souffle en plein effort Amandine, Ardèchoise de 17 ans en DUT Techniques de communication, depuis un mois au Rabot. « Le problème ici, c’est qu’il n’y a pas beaucoup de navettes. Par exemple, aujourd’hui samedi, il n’y en a aucune. C’est un peu bizarre quand-même », se désole l’étudiante. Cette fois-ci, Amandine est contente. Elle finira la montée en voiture. Tout au long de la journée, un ballet incessant de “sportifs malgré eux” défile ainsi sur la route du Musée dauphinois pour atteindre la cité universitaire, perché à un peu moins de 100 mètres d’altitude. La condition pour étudier au Rabot est donc d’avoir les mollets costauds ! Installé dans une chambre de 18 m² du bâtiment Esclangon, Simon, 24 ans, en master Mécanique énergétique et ingénierie, se souvient de son arrivée au Rabot, il y a quatre ans : « Quand tu arrives ici, tu te dis : qu’est ce que c’est que ce truc ? C’est loin, c’est en hauteur, y a pas de bus, c’est vieux et moche ! » Oui, le Rabot, c’est haut ! Il y a pourtant bien une navette qui dessert la cité. Mais le service n’est que partiel, pour l’essentiel du lundi au vendredi, aux heures de pointes, et interrompu pendant les vacances universitaires. « T’es Rabotin, t’es d’là-haut ! » Avec un peu d’entraînement, acquis au prix de quelques ascensions éprouvantes, quinze minutes de marche restent tout de même nécessaires pour atteindre la cité U. Et arrivé là-haut, il n’y a plus rien d’autre que le Rabot. Pas de commerce, pas de restaurant… Avis aux étourdis !Y a‑t-il seulement une récompense au bout de la montée ? « Oui ! » assure Simon. « Le privilège évident est le panorama exceptionnel sur Grenoble. Il suffit de regarder par la fenêtre : le lieu est ensoleillé du matin au soir. Les promoteurs immobiliers se l’arracheraient. Tu es à l’extérieur de la ville mais seulement à quinze minutes à pied du centre, avec l’avantage d’être au calme. Et puis, très vite, tu t’aperçois qu’il règne une ambiance particulière ici. » Un cadre exceptionnel, donc, en lisière de forêt, où Simon cultive même un petit potager qu’il a aménagé avec des amis. Et finalement, le sentiment d’isolement, très présent au début, fait tout le charme du lieu. « L’éloignement crée une solidarité entre les gens. On devient une espèce de famille » continue Simon. « Ce n’est pas comme dans les autres cité U, où toutes les portes sont fermées, où c’est froid, parfois glauque et austère. Ici, tout le monde a sa porte ouverte, les gens échangent et se rencontrent. Ils s’appellent entre voisins pour manger ensemble… Une dynamique de collectif se met en place, c’est ça qui est très important et qui fait la richesse du lieu. » Un esprit communautaire dont le terme rabotin, adopté par les habitants, est une illustration. « Clairement, t’es rabotin, t’es d’là-haut ! », confirme Simon. Le Rabot, cité cosmopolite La cité U accueille traditionnellement 150 étudiants Erasmus, du nom du programme d’échange entre universités européennes. Créé en 1987 et initialement européen, le programme s’est élargi au monde entier en 2004, avec la création de l’extension Erasmus Mundus. Les étudiants Erasmus poursuivent ainsi une partie de leur cursus à l’étranger pour une période de trois mois à un an. C’est le cas de Bettina, 24 ans. Ordinateur sur les genoux, la jeune fille finit de discuter avec sa mère, connectée depuis Postdam en Allemagne. Elle connaît bien le Rabot, puisque c’est la deuxième fois qu’elle y pose ses valises : « Je suis venue une première fois étudier à Grenoble avec Erasmus en 2010. J’y suis restée dix mois pour suivre des études de français à l’université Stendhal. Cette année je reviens pour travailler en tant qu’assistante de langue. » Bettina n’avait pas choisi le Rabot par hasard. « Avant de partir en Erasmus, je me suis un peu informée. Il y avait beaucoup de rapports sur Grenoble et j’ai lu que l’atmosphère ici n’était vraiment pas comparable à celle des autres résidences. Du coup, j’ai décidé de m’y inscrire et je n’ai jamais regretté. C’est pour ça que je suis de retour d’ailleurs ! » précise-t-elle en riant. Preuve de cet attachement, elle a préféré rester sur place, alors que la directrice de l’école où elle travaille lui avait proposé un petit appartement à proximité et en plein centre. Toilettes à la turque Maria, 25 ans, qui suit un master linguistique des langues étrangères à Stendhal vient pour sa part de s’installer pour six mois. La jeune allemande parle un français teinté d’une pointe d’accent québécois, héritage d’un précédent voyage. Avant son arrivée, elle avait pris connaissance d’une spécificité rabotine : « Je suis allée sur Internet et j’ai vu qu’il y a des toilettes à la turque. J’étais un peu choquée mais, après, je n’ai lu que de bonnes choses. Alors, je suis quand même venue ici. Il faut s’habituer mais finalement c’est plus propre que les toilettes habituelles. Par contre, je voulais une douche et des toilettes à l’intérieur de ma chambre et ça, c’est raté ! » Maria se souvient encore de ses premières impressions lorsqu’elle est arrivée au Rabot. « La vue était tellement superbe que je me suis dit que ça valait la peine de monter la côte tous les jours. Un résident m’a fait faire le tour du Rabot et m’a montré comment je pouvais vivre ici. C’était vraiment gentil ! Ici, c’est comme une colocation. Les gens venus de partout dans le monde cuisinent ensemble », s’enthousiasme Maria. Simon, lui, apprécie la présence des Erasmus sur le fort : « C’est un autre atout majeur du Rabot sur le plan culturel. Des fois, sur dix personnes en soirée chez les uns ou chez les autres, il y a quatre ou cinq nationalités différentes. » L’Arcur, pilier du dynamisme rabotin Si l’isolement crée cette union particulière entre les Rabotins, le dynamisme du lieu peu commun doit beaucoup à l’Arcur, l’Association des résidents de la cité universitaire du Rabot. Créée le 12 décembre 1962, c’est l’une des plus vieilles association d’étudiants de France et, à en croire Simon, l’une des plus actives.
Le Rabot apparaît ainsi comme un lieu autogéré par ses habitants. Un endroit où chacun peut exercer son esprit d’initiative ou développer des qualités organisationnelles via l’association. C’est ce qu’a décidé de faire Simon en rejoignant les bénévoles de l’Arcur, il y a plus de trois ans. Il en est devenu le responsable évènements. « Le but de l’Arcur est d’améliorer le quotidien et d’animer la vie à la résidence. L’association accueille les nouveaux arrivants. Le 28 septembre, nous avons par exemple organisé pour la deuxième année consécutive un barbecue géant sur le parking. Avec des jeux, de la musique… 120 personnes se sont inscrites, c’était très sympa ! » Tout au long de l’année, l’Arcur propose également des services réguliers, en accès gratuit et illimité ou bien à des tarifs très accessibles. Maria s’étonne : « Il y a même une bibliothèque, une salle de musculation et un gymnase ! C’est très surprenant. » Et Betti de renchérir : « C’est vraiment extraordinaire. L’association s’occupe de tout et tout est toujours très bien organisé. » Nous retrouvons Amandine l’Ardéchoise, maintenant blottie dans sa chambre de 10m² du pavillon Vercors : « Ce qui me plaît ici, c’est qu’on a plein de trucs pas chers. Comme par exemple, la machine à laver à 50 centimes. » Les cinéphiles et artistes de tout poil, ne sont pas non plus oubliés. « Dans la bibliothèque, nous avons un vidéoprojecteur pour organiser des soirées cinéma », souligne Simon. « Il y a aussi une salle de musique qui a été ré-équipée il y a trois ans et qui permet de répéter sur une batterie acoustique, un piano électrique avec des amplis et un micro chant. Très peu de résidences universitaires ont de tels lieux en libre exploitation. » Le foyer, lieu de partage incontournable Si l’Arcur est en mesure de proposer tous ces services gratuitement ou presque, c’est en grande partie grâce aux recettes provenant de l’activité du foyer, une salle d’environ 140 m², équipée d’un bar tenu par des bénévoles. L’association n’est ainsi aidée qu’à hauteur de 30% par les subventions du Centre régional des œuvres universitaires (Crous). « Malheureusement, le Crous a décidé de la fermeture du foyer en novembre 2012 pour non conformité sécuritaire. Il est en train de statuer sur des solutions provisoires. C’est une perte énorme de convivialité pour les gens. La dynamique festive et sociale du Rabot était axée autour du foyer. Tu pouvais avoir les mêmes soirées qu’en ville ici », explique Simon. « Parallèlement aux ouvertures régulières, nous y organisions des soirées évènementielles très accessibles. » Sans oublier des concerts ayant vocation à promouvoir la scène locale et, tous les printemps depuis les années 2000, le festival Ivresse de Son. « L’édition 2010, en coproduction avec l’association Retour de scène, a été très particulière pour nous. Le groupe de ska new-yorkais The Toasters, alors en tournée européenne, est venu le soir de clôture. C’était fantastique de voir un groupe qui a l’habitude de jouer devant plusieurs milliers de personnes, venir au foyer devant 200 personnes ! » Autre événement qui a marqué les esprits : une soirée “pirates”. « Qui dit pirates, dit île au trésor. Qui dit île au trésor, dit sable… Nous avons donc loué un camion et posé cinq tonnes de sable dans le foyer ! », se souvient Simon. « C’était juste trop drôle de voir la tête des gens qui entraient et qui disaient : Mais qu’est-ce que c’est que ce délire ? Il y a des palmiers partout ! » Quand le Rabot prend des allures de camping… Si, de l’avis général l’ambiance est “géniale”, la résidence n’est pas du dernier cri. Et vivre au Rabot pas toujours une sinécure. Il y règne même parfois un petit air de camping. Certains bâtiments datent, en effet, de la période militaire et sont listés monuments historiques, tandis que d’autres ont été construits pour l’université dans les années 60. Pas de quoi entamer le moral des troupes. Car ils l’aiment bien leur Rabot. Et c’est avec beaucoup d’humour que les Rabotins énumèrent les aléas du quotidien. « C’est digne de l’avant-guerre de mettre un câble dans une prise pour avoir Internet ! » s’exclame Maria. Hé oui, pas de wifi au Rabot ! « Ici, à Esclangon, c’est bien mais à Chartreuse, si je voulais faire un Skype avec mes parents, c’était soit le dimanche, soit le samedi très tôt le matin, quand personne n’était connecté, parce qu’après rien ne chargeait », confie de son côté Betti. Simon, lui, se souvient d’un hiver difficile : « Il y a quelques années, la chaudière a pété, il n’y a pas eu d’eau chaude pendant deux mois, en plein hiver. C’était rigolo de voir les étudiants en peignoir traverser la cour par moins 10° C pour aller prendre leur douche de l’autre côté. » Et Betti de confier : « Quand j’étais à Chartreuse, il n’y avait plus de lumière dans les salles de bains après minuit, pas de pression dans les tuyaux, ni d’eau chaude. C’était incroyable, surtout en plein hiver ! » « A Esclangon, les toits fuient et l’eau se retrouve dans les murs. Le résultat c’est ça… », explique Simon en montrant le plafond qui se délite. « Ils disent que les cuisines sont équipées mais en fait c’est une pièce vide ! », déplore pour sa part Maria . « Il n’y a que quatre plaques électriques pour tout l’étage ! J’ai été obligée de tout m’acheter moi-même, notamment des casseroles, mais je ne peux pas prendre un four pour seulement six mois. » Betti enfonce le clou avec le sourire : « Je me souviens qu’à Chartreuse il n’y avait qu’une seule plaque qui marchait pour soixante personnes. C’était insupportable ! » Amandine ne se formalise pas : « C’est vétuste, les murs sont dégueulasses mais je m’en fous, j’ai mis des trucs dessus. Du coup, ça ne me gène pas vraiment. » La résidence n’est donc plus aussi fringante que ses pensionnaires. Mais pour Maria c’est un mal pour un bien : « Je trouve que ça donne du charme au lieu, cela fait partie du Rabot. Si tout était propre et nouveau, ça ne marcherait pas. L’ambiance serait complètement détruite. » En dépit de toutes ses imperfections, la cité universitaire haute perchée n’a semble-t-il pas fini de séduire les nouveaux arrivants. Delphine Chappaz
Une ancienne citadelle militaire
Si avec ses 600 000 visiteurs par an, la Bastille représente aujourd’hui l’un des premiers sites touristiques de l’Isère, le Rabot en contrebas a connu un tout autre destin, loin des touristes. Il a toutefois, lui aussi, une histoire militaire. Premier élément de fortification datant de la fin du XVème siècle, sa maison forte tiendrait son nom de Bertrand Rabot. Conseiller au parlement de Grenoble, celui-ci l’aurait acquise en 1513 et sa famille en serait restée propriétaire plus de 120 ans. Quant au fort du Rabot, construit entre 1840 et 1847 sur les flancs du Mont Rachais, il fait partie d’un vaste ensemble fortifié dont la pièce principale est la Bastille, située au sommet. Il répondait alors au souhait, qui s’était exprimé durant trois siècles, de faire de l’extrémité sud du massif de la Chartreuse un site défensif de la vallée iséroise. Un site dont Lesdiguières, Vauban et le lieutenant général Haxo ont été les principaux édificateurs. Rien d’étonnant dès lors à ce que l’ensemble des ouvrages militaires de la Bastille, dont les bâtiments du Rabot, soit inscrit à l’inventaire des monuments historiques depuis le 30 janvier 1989. « Dès la fin des années 40, cent ans après sa construction, l’armée cède le bastion militaire » rappelle Bernard Merg, directeur adjoint du Rabot. Le lieu change alors d’univers. Les soldats ayant déposé les armes et s’étant retirés, les premiers étudiants investissent pacifiquement les lieux. « En 1952, le Rabot devient définitivement cité universitaire. L’Université construira par la suite les bâtiments Vercors, Chartreuse et Nouveau Barbillon, entre 1960 et 1965 » précise Bernard Merg.
C’est ainsi que, depuis plus de soixante ans, sur la colline du Rabot, les murs d’une ancienne forteresse militaire vibrent de l’énergie de jeunes étudiants, bien loin de la discipline d’origine.
Paul : “Le Rabot m’a donné envie de parcourir le monde”
Témoignage – Âgé de 29 ans, Paul vit aujourd’hui à Durban, en Afrique du Sud. Il a passé sept ans au Rabot, le temps de terminer des études de physique. Une période “rabotine” qui l’a fortement marqué. Il raconte en quoi cette expérience a été une étape spéciale et déterminante de sa vie. « Le Rabot, c’est assez surréaliste. Ce qui m’a le plus marqué, c’est peut-être cette sorte de « réalité augmentée » propre à un espace un peu perché, isolé, mais vivace, avec des personnes de tous horizons. Un état d’esprit solidaire qui s’instaure entre des personnes liées par une même (légère ?) épreuve quotidienne : la montée du Rabot. Et bien sûr, les chiottes turcs ! C’est peut-être là le début de la relation si spéciale au lieu… C’est une relation « physique », forgée dans l’effort. Ce qui me tenait à cœur, c’est ce que l’espace me donnait comme liberté et le refuge qu’il constituait, adossé à la montagne. Ce lieu nourrit l’inconscient et donne des moyens au conscient. En cinq minutes, on peut monter dans la forêt, contempler la ville de nuit, puis revenir boire des bières lors d’une fête dans une chambre, un couloir ou au foyer. Faire des dîners d’étage qui s’éternisent, s’éternisent… Ou juste boire le thé et dormir. Un lieu qui allie une vie sociale riche et diversifiée, avec la nature derrière son bâtiment et la ville devant, ça n’est en fait plus tellement fréquent ! Sans mentionner le cadre original bien propre au lieu : un ancien fort perché sur une colline dominant la ville. Le Rabot réserve ses surprises et une activité cachée toujours présente. Des anecdotes un peu caractéristiques du Rabot ? Pouvoir monter sur un coup de tête à la Bastille, de jour comme de nuit, grimper le mur sous la neige ou la pluie et finalement s’arrêter en chemin : on trouve quelques personnes autour d’un feu dans la montée ou on s’arrête simplement au pied d’un arbre, pour profiter de l’instant présent. Et des fois, on ne s’arrête pas : on monte jusqu’au Mont Jalla !
Et puis il y a les feux d’artifices du 14 juillet de Grenoble, Saint-Martin-d’Hères et Claix, simultanément visibles depuis sa fenêtre. Ou depuis le toit de son bâtiment, un verre à la main, une cigarette dans l’autre. Ah, tiens, il neige ! On peut aller essayer les skis dans la résidence ! Les soirées, les concerts et festivals encore aussi. On a eu le privilège d’accueillir des artistes de tous horizons et de tous styles. Parfois, le Rabot, c’est un peu la solitude aussi, surtout l’été quand il n’y a plus personne et que l’on n’a pas bien envie de descendre en ville. Alors on vit en ermite, l’espace de quelques temps, et on se sent bien étranger, de “retour à la civilisation”. Je ne saurais pas quoi dire qui ne réduirait pas le Rabot à un cliché. En tout cas, je suis profondément reconnaissant à la conseillère qui, lors de mon premier jour à Grenoble, m’a demandé, après deux heures de queue avec mes sacs au Crous du campus : « Alors, vous voulez quelle résidence ? – Euh, ben je ne sais pas trop… Vous me conseillez quoi ? – Le Rabot ! » (sourire)
Le Rabot m’a donné des amis, des aventures, des expériences de toutes les couleurs, et l’envie de parcourir le monde : « Merci » est dérisoire ! »
2 réflexions sur « Le Rabot : une cité U pas comme les autres »
Salut les rabotins.
Je viens de retourner au Rabot après 25 ans d’absence..triste d’avoir ce site vraiment abandonné et délaissé..
Je suis Russe, j’habite Moscou et je garde de merveilleux souvenirs de mon séjour au Rabot (Esclangon, chambre 221, avec vue sur la Bastille). A l’époque il n’y avait pas de navette, on montait à pied. Par contre, il y avait un restaurant.
Mais l’essentiel, c’était une ambiance tout à fait particulière, familiale – on y vivait vraiment en famille.
C’était une éxpérience tout à fait unique que je n’ai jamais vécu nulle part ailleurs.
Maintenant, lorsque je m’en souviens, je trouve que c’était un bonheur, dont je ne me rendais pas compte à l’époque.