AVANT-PREMIERE - Démocratiser le "do it yourself" ou l’art de fabriquer des objets soi-même. Tel est l’objectif de la nouvelle exposition du Fab Lab grenoblois, inaugurée le 17 mai, qui mettra en scène des objets fabriqués par des particuliers rhônalpins.
Fabriquer des objets soi-même… C’est possible, et c’est même une tendance encouragée par le Fab Lab de Grenoble. « Nous avons eu l’idée de lancer un appel à contributions au public afin que les gens qui fabriquent des objets chez eux nous envoient ce qu’ils ont déjà réalisé », explique Ludovic Maggioni, responsable des expositions à la Casemate et au Fab Lab. Au total, près d’une trentaine de dossiers ont été présentés devant un jury, composé de membres du CCSTI (centre de culture scientifique, technique et industriel), des universités, du CEA mais aussi de designers. Et le résultat est plutôt surprenant pour une première cuvée… « Nous avons choisi les sept projets les plus originaux », affirme Ludovic Maggionni.
Des coquilles de Bernard l’Hermite
Parmi les objets qui figureront sur les présentoirs, on retrouve par exemple des coquilles de Bernard l’Hermite réalisées avec une imprimante 3D, des poubelles qui se transforment en instruments de musique, ou encore un four solaire. « L’objectif est de montrer qu’il est possible de s’amuser et de faire des choses surprenantes grâce à des appareils comme les imprimantes numériques. Et ce, avec très peu de technicité », affirme Ludovic Maggioni. Une manière de rendre au public son potentiel créatif, mais aussi et surtout de dépoussiérer l’image de la science et du monde manufacturier. « L’un des problèmes aujourd’hui, c’est que l’on dit aux enfants qu’il ne faut pas se diriger vers des filières techniques. Or, nous essayons de montrer que l’on peut réaliser soi-même beaucoup de choses ! », rappelle Jean-Michel Molenaar, chef de projet au Fab Lab. De la science-fiction ? Ouvert depuis mars 2012, le Fab Lab grenoblois se veut à la fois un lieu d’échange et de fabrication, bâti autour de machines à commandes numériques. Dans cet atelier des temps modernes, où toutes les créations (lampes, chaises, tables…) sont exposées et mises à profit, les professionnels du monde scientifique côtoient des étudiants, des curieux et même des familles. « Nous proposons en moyenne six ateliers par mois pour que les gens puissent réaliser un objet ou un projet de A à Z. Cela va de la construction d’une lampe design à de petits haut-parleurs, par exemple », explique Jean-Michel Molenaar.
N’importe qui peut donc franchir les portes du Fab Lab pour se frotter aux règles des mathématiques et de la physique. Le tout sans aucun prérequis. Grâce aux conseils d’un médiateur, les visiteurs pourront réaliser et repartir avec leur propre lampe de chevet, le tout en deux heures trente de travail. « Souvent, les gens nous disent que c’est un peu de la science-fiction, car ils ne pensaient pas qu’ils pouvaient fabriquer de tels objets ! », glisse le chef de projet. Une fabrique collective Une tendance à la réappropriation des moyens de production serait-elle en train de naître ? Depuis quelques années, c’est en tous cas ce que suggère l’essor de ces ateliers qui fleurissent un peu partout, si bien qu’on en retrouve désormais en Europe, aux Etats-Unis, en Afrique, au Costa Rica ou encore en Afghanistan. Surfant sur la philosophie des logiciels libres, ces ateliers sont de plus en plus interconnectés entre eux et vont jusqu’à s’échanger des fiches de fabrication, de manière à reprendre et à améliorer sans cesse les créations de manière collective. A Grenoble, une webcam permet ainsi de rester en permanence en contact avec d’autres fab labs du réseau, basés en Angleterre, en Norvège ou aux Etats-Unis. Marie Lyan ENGLISH VERSION HERE - En attendant la rubrique Grain of Salt, Place Gre'net vous propose une version en anglais ici. BONUS - Vidéo Jean-Michel Molenaar, chef de projet, nous ouvre les portes du Fab Lab grenoblois : Une vidéo de Emeline Wuilbercq
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