PORTRAIT INTERACTIF – Le centrisme nécessite parfois l’isolement volontaire. Malgré un mandat au sein de la majorité municipale et une loyauté parfois saluée par ses partenaires, l’adjoint à l’urbanisme sortant joue, cette fois-ci, la carte de la candidature autonome « pour proposer une alternative aux déçus » du bipartisme. D’un naturel calme et tempéré, Philippe de Longevialle se présente comme un homme de consensus. Atypique, il a dû alterner à plusieurs reprises mandats politiques et carrière professionnelle.
Les municipales : un scrutin de listes mais un bulletin de cœur. Plus qu’une équipe, c’est surtout le nom d’un maire qui sera glissé dans l’urne les 23 et 30 mars prochains. Place Gre’net vous fait découvrir un candidat chaque dimanche jusqu’au premier tour. Son parcours politique, mais aussi ses attaches personnelles et son tempérament pour faire votre choix avec conscience et conviction.
Passez votre souris sur l’image et cliquez sur les vignettes pour les animer. Photo : Véronique Serre / Interactivité : Victor Guilbert © placegrenet.frLe local de campagne du boulevard Agutte Sembat fait face à la Chambre de commerce et d’industrie. Les vitres sont ornées de deux autocollants photographiques du candidat et d’un troisième à l’effigie des premiers membres de sa liste. Plus haut, un bandeau en donne le nom : « Imagine Grenoble », comme un invitation à se projeter dans la ville idéale de demain. L’utopie, Philippe de Longevialle l’assume. « Je rêve d’une ville et d’un pays qui feraient fi du clivage politique gauche/droite et où les compétences pourraient travailler ensemble dans l’intérêt commun ». Lucide, il complète, « ce n’est pas le fonctionnement réel. Le système électoral actuel ne peut faire émerger que les partis de masse ». Le consensus est-il possible en politique ? Le centriste estime au moins en faire sa méthode de campagne. Sa liste presque finalisée, constituée « à 95% de personnes issues de la société civile », aide peut-être. Il rejette d’ailleurs tout dogmatisme. « Je n’aime pas l’autoritarisme. Je n’aime pas imposer des décisions ». Et, prenant les devants, il précise, « concernant les projets d’urbanisme, le consensus est rarement possible ». « Philippe de Longevialle est un solitaire, il s’auto-suffit », tempère un adversaire, pour qui sa liste est « un rassemblement seulement électoral qui ne représente que lui-même ». Cible des écologistes « Cet éléphant sur la table lui correspond bien. C’est la force tranquille », plaisante Marie-Claire Népi, deuxième de la liste et adjointe au maire de Grenoble en charge du secteur 3. Durant le mandat, son tempérament « posé » a été mis à rude épreuve par une contestation régulière et de plus en plus pressante de ses projets d’urbanisme. Dernièrement, celui de l’Esplanade a même été en partie retoqué par une décision du tribunal administratif. Une « opposition politique de principe » des écologistes qui agace l’adjoint. Par ailleurs, en 2012, le groupe politique qu’il préside au conseil municipal se scinde. Quatre élus restent, deux s’en vont. Ces derniers apparaissent aujourd’hui sur la liste de Jérôme Safar, qui reconduit toutes les composantes politiques de la majorité sortante, à l’exception du Modem. Ont-ils été les victimes collatérales d’une future alliance ? Un membre de la liste concurrente l’admet. « Les Modems se sont retrouvés isolés dans une majorité qui ne voulait plus d’eux. Les Verts auraient voulu la tête de Philippe de Longevialle ».
Passez votre souris sur l’image et cliquez sur les vignettes pour les animer. Photo : Véronique Serre / Interactivité : Victor Guilbert © placegrenet.frLe boulet Carignon Les écologistes ne lui reprochent pas seulement ses choix urbanistiques, mais également son parcours politique. Gaulliste et jeune adhérent du RPR, il a débuté son parcours comme chargé de mission auprès du secrétaire général de la mairie, sous Alain Carignon. « Un boulet » qu’il portera « tout le reste de (sa) vie politique », regrette-t-il. Il rejoint finalement l’UDF, dont il prend la tête en Isère en l’an 2000, puis fonde le Modem isérois en 2007. Son cheminement politique a évolué autant que sa carrière professionnelle. Informaticien de formation puis entrepreneur, il retourne sur les bancs de l’université à 42 ans et devient expert immobilier. « Avec l’âge, on traduit les enseignements de manière plus concrète ». Il défend aujourd’hui la nécessité de pouvoir se former aux différents âges de la vie. L’ensemble de son parcours est marqué par cette alternance entre vie professionnelle et politique. « Contrairement à l’idée préconçue, les mandats politiques sont difficiles et inconfortables car ils sont temporaires. Il n’est pas facile de retrouver son activité professionnelle après l’avoir abandonnée, surtout dans le privé. Il faut respecter les élus pour cela et créer un statut de l’élu en dépassionnant le débat », conclut-il sereinement. Victor Guilbert