FIL INFO – Après le centre courrier de Saint-Marcellin, c’est au tour de la plateforme de distribution de Saint-Laurent-du-Pont de lancer un mouvement de grève à compter du jeudi 4 octobre, pour protester contre la future réorganisation de ses services. Un arrêt de travail qui se tient dans une ambiance particulière, alors que Sud PTT accuse la direction de La Poste de chercher à « interdire la grève » et de faire pression sur les salariés.
La Poste a‑t-elle tenté de faire pression sur un syndicat et sur des salariés pour les empêcher de faire grève ? C’est ce que considère Sud PTT, qui accuse dans un tract la directrice de la plateforme de distribution de Saint-Laurent-du-Pont de vouloir « interdire la grève », et même de « menaces de représailles » via SMS par des cadres du centre postal. Le syndicat ne cache pas son intention de porter l’affaire devant la justice.
Tout a commencé avec un préavis de grève, déposé par le syndicat le 28 septembre 2018, pour un mouvement social devant débuter le jeudi 4 octobre. Deux motifs étaient avancés : d’une part, Sud PTT demandait la requalification en CDI du contrat d’une personne en CDD. D’autre part, les syndicalistes s’opposent, à l’image de leurs collègues de Saint-Marcellin (voir encadré), à la réorganisation de leur centre.
Une réorganisation qui impliquerait notamment l’instauration obligatoire de la pause méridienne, jugée préjudiciable pour des raisons pratiques telles que la chaleur l’après-midi en été, l’allongement des tournées et, par répercussion, l’impact sur la vie familiale des salariés. Autre motif de mécontentement : le passage d’un poste en “tournée sacoche”, voué uniquement à la distribution du courrier. Dans les deux cas, le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) retoque les projets et en appelle à l’Inspection du travail.
La Poste juge le préavis de grève invalide
En réponse au préavis de grève, la directrice du centre postal adresse un message de quelques mots au syndicat. « Le préavis reçu comporte un motif individuel ne découlant […] pas d’une revendication collective et ne répondant pas aux dispositions légales en vigueur. » Et la direction d’ajouter que le préavis est ainsi considéré invalide. Un message relayé via SMS par un cadre du centre postal : « Demain, c’est absence irrégulière si vous n’êtes pas là. »
Côté Sud, l’argument est jugé irrecevable. D’une part, le préavis comporte deux motifs de grève : si le cas d’un salarié en particulier est mentionné, la réorganisation du centre postal est également signalée noir et sur blanc. D’autre part, écrit la secrétaire générale du syndicat, « la grève de Solidarité interne pour soutenir un collègue de travail est parfaitement légale », selon une décision de la Cour de cassation.
La Poste met en avant la baisse de volume du courrier
Après réunion des salariés au matin du jeudi 4 octobre, le mouvement de grève a été maintenu, et remporte même un franc succès. Pas moins de 70 % des salariés sont en effet en arrêt de travail, selon les chiffres diffusés par La Poste elle-même. Et Sud PTT de se montrer très clair : si des sanctions devaient toucher les salariés grévistes, une action en justice à l’encontre de La Poste serait mise en place dans les plus brefs délais.
Signe de détente ? Dans son communiqué dressant l’état des lieux du mouvement, La Poste ne fait aucune mention du préavis « invalide » et se contente de justifier sa position, en évoquant une baisse du volume du courrier de 25 % en l’espace de cinq ans. Et en défendant une réorganisation qui « se fera sans licenciement et permettra de garantir à chaque facteur une activité à temps plein ». Ceci afin de mener à bien « sa mission de service public ».
FM
SAINT-MARCELLIN : LE TRAVAIL REPREND
Après le lancement d’un mouvement de grève contre la réorganisation de ses services, le centre courrier de Saint-Marcellin aurait repris le travail, indique la direction de La Poste. « Hormis une factrice, l’ensemble des facteurs et factrices de l’établissement […] ont repris le travail », écrit-elle dans un communiqué. Avant d’ajouter que de nouveaux facteurs viendront en renfort « accompagner la mise en place de la nouvelle organisation ». Et anticiper d’autres mouvements sociaux ?