REPORTAGE – À l’appel de plusieurs associations, près d’une centaine de personnes ont manifesté à Grenoble contre le projet de loi Asile et immigration de Gérard Collomb présenté en Conseil des ministres ce mercredi 21 février. Un texte censé maîtriser l’immigration qui, selon les manifestants, bafoue les droits de l’homme les plus fondamentaux pour les étrangers.
Près d’une centaine de personnes tentent de se protéger de la brise glaciale qui balaie la rue Félix Poulat, ce mercredi 21 février aux alentours de midi. Déterminés, tous répondent à l’appel lancé par plusieurs associations* d’aide aux migrants afin de protester contre le projet de loi Asile et immigration porté par le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb.
La date n’a pas été choisie au hasard puisque c’est précisément celle de la présentation du texte en Conseil des ministres. Un projet de loi « liberticide, inique et injuste », estiment les associations qui ne partagent pas – et tiennent à le montrer – la même vision de la politique d’accueil des migrants sur le territoire français.
« Ce texte bafoue les droits de l’homme les plus fondamentaux pour les étrangers »
Construit dans une logique de fermeté, le projet présenté par Gérard Collomb repose sur trois axes de travail : l’asile et l’accueil, la lutte contre l’immigration irrégulière, ainsi que le séjour et l’intégration. Avec, pour principaux objectifs « la réduction des délais de procédure d’asile », « la lutte contre l’immigration irrégulière » tout autant que la « simplification du droit au séjour » des étrangers en situation régulière.
« Nous voulons dire solennellement au gouvernement qu’on ne peut pas enterrer les droits de l’homme pour les étrangers. Cette loi a une finalité essentielle, c’est de réduire le nombre de migrants qui pourraient obtenir le statut de réfugiés », se révolte Monique Vuaillat, de l’Association de parrainage républicain des demandeurs d’asile et de protection (Apardap**).
Les associations pointent la négation des valeurs d’hospitalité qui entache le projet de Gérard Collomb, estimant qu’il « bafoue les droits de l’homme les plus fondamentaux pour les étrangers ». Pour la militante, cette loi « trie les “bons” et les “mauvais” migrants, ceux qui auraient droit à l’asile et “ceux qui n’auraient rien à faire sur notre territoire” », s’indigne-t-elle.
Des durées d’assignation à résidence et de rétention prolongées
Quid des autres griefs des défenseurs des migrants ? Ces derniers dénoncent « un projet qui jette la suspicion de fraude généralisée des étrangers et qui donne des outils encore plus répressifs de contrôle et d’enfermement systématique dans les centres de rétention ». Sans compter la prolongation « des assignations à résidence ainsi que des durées de rétention », et ce, « tout en limitant les recours à des avocats ».
« Ce projet est marqué par la volonté de refuser le statut de réfugié à un grand nombre de demandeurs d’asile ou encore de refuser l’accueil en France pour les demandeurs de titre de séjour, lesquels seront expulsés sans ménagement au prix fort, humainement et financièrement », déplorent les associations.
Que demandent les militants ? La révision de ce projet afin qu’il puisse refléter les valeurs d’hospitalité et d’humanité de la France. Et ce à travers un accueil digne et respectueux des droits de ceux qui cherchent refuge, comme l’explique Jo Briant, l’âme infatigable du Centre d’information inter-peuples (CIIP).
Joël Kermabon
* Notamment Migrants en Isère, la Coordination iséroise de solidarité avec les étrangers migrants (Cisem) et AUI-Alerte (Associations unies Isère)
** L’Apardap fait partie de la Cisem
Une action symbole du deuil des droits des étrangers
Toujours au chapitre des manifestations organisées partout en France contre le projet de loi Immigration et asile, le Patio solidaire a tenu ce 21 février en début de soirée son propre événement « à fins de cohérence nationale ». Que proposait ce collectif ? Une marche symbolique au départ de la rue Félix Poulat durant laquelle les participants – tout de noir vêtus – étaient invités à accrocher ou tendre des tissus noirs devant les bâtiments publics ou le long des rues. Avant de se retrouver sur certaines places pour une minute de « mort collective ». Le tout en signe de deuil des droits des étrangers.
Le Patio solidaire est très actif et très présent sur le terrain pour tout ce qui concerne l’aide aux étrangers migrants. Il avait notamment lancé très récemment une campagne de financement participatif afin de répondre aux besoins les plus urgents des migrants accueillis sur le campus de l’Université Grenoble-Alpes.