Actualité

La prise en charge de l'autisme en France. Photo © Marina B Photographie

Prise en charge de l’au­tisme : les ini­tia­tives gre­no­bloises face au retard français

Prise en charge de l’au­tisme : les ini­tia­tives gre­no­bloises face au retard français

DÉCRYPTAGE – L’autisme, un mys­té­rieux trouble com­por­te­men­tal ? Beaucoup pré­fèrent y voir une « par­ti­cu­la­rité » à inté­grer. Place Gre’net a ren­con­tré des asso­cia­tions gre­no­bloises, des psy­chiatres et des psy­cho­logues pour faire le point sur la prise en charge de l’autisme dans le milieu sco­laire et médi­cal. Constat ? La France a bien des retards en com­pa­rai­son à ses voi­sins européens.

julien

Julien, le fils de Magalie Pignard. © Magalie Pignard

Julien a le visage d’un ange et le sou­rire inno­cent d’un enfant de onze ans. Mais à la dif­fé­rence des autres, il ne parle tou­jours pas. « Malgré tout, j’ai le sen­ti­ment de mieux le com­prendre que cer­taines per­sonnes neuro typiques [sans troubles, ndlr]», confie sa mère Magalie Pignard, dévouée à l’éducation de son fils, atteint d’autisme.

L’origine exacte de ce trouble com­por­te­men­tal demeure très mys­té­rieuse, même pour les scien­ti­fiques. Toutefois, ces der­niers s’accordent à dire qu’il existe des pré­dis­po­si­tions géné­tiques, favo­ri­sant le déve­lop­pe­ment du trouble. C’est pour­quoi Magalie, alors âgée de 32 ans, a décidé à son tour de réa­li­ser un diag­nos­tic, une fois celui de son fils établi.

« Les codes sociaux, ce n’est pas vrai­ment mon truc »

Coup de théâtre pour cette ensei­gnante : les méde­cins diag­nos­tiquent un léger syn­drome d’Asperger. A priori, quand on la ren­contre, rien ne porte à croire qu’elle est atteinte de troubles autis­tiques. Un peu timide, par­fois « mal­adroite », Magalie Pignard s’est pour­tant sou­vent sen­tie dif­fé­rente. « C’est vrai que les codes sociaux, ce n’est pas vrai­ment mon truc », affirme en riant cette qua­dra­gé­naire à l’al­lure élan­cée. Elle est par ailleurs, comme sou­vent les autistes Asperger, dotée de capa­ci­tés artis­tiques ou intel­lec­tuelles éton­nantes. Musicienne dans l’âme, Magalie est par exemple capable de recon­naître les notes de musique dès la pre­mière écoute d’un morceau.

Magalie Pignard et son fils en photo © Anaïs Mariotti

Magalie Pignard et son fils en photo. © Anaïs Mariotti

Pour le doc­teur Philippe Narang, psy­chiatre indé­pen­dant à Grenoble et spé­cia­lisé dans l’au­tisme Asperger, cette par­ti­cu­la­rité n’est pas un han­di­cap mais plu­tôt une « dys­lexie des rela­tions sociales ». En d’autres termes, « l’ap­pren­tis­sage des codes sociaux n’est pas auto­ma­tique pour ces per­sonnes », pré­cise le médecin.

« Trois élèves sur huit ont appris à parler »

Magalie ne garde pas de bons sou­ve­nirs de la sco­la­ri­sa­tion de son fils en milieu ordi­naire. En 2009, elle a décidé de fon­der à Grenoble l’association Le Tremplin, avec sa mère, Françoise Galletti. Son objec­tif ? Permettre une meilleure inté­gra­tion des per­sonnes autistes, grâce aux méthodes péda­go­giques de l’ana­lyse appli­quée du com­por­te­ment (ABA).

Née dans les années 1960 aux États-Unis, « l’a­na­lyse appli­quée du com­por­te­ment est un prin­cipe scien­ti­fique qui se base sur la moti­va­tion et sur les par­ti­cu­la­ri­tés de la per­sonne » explique Coralie Fiquet, psy­cho­logue spé­cia­li­sée dans l’au­tisme et dans la méthode ABA à Grenoble. Les pro­grammes sont indi­vi­dua­li­sés et spé­cia­le­ment créés en fonc­tion des com­pé­tences de l’enfant. « D’une per­sonne à une autre, la mani­fes­ta­tion des troubles autis­tiques est tota­le­ment dif­fé­rente. L’ABA tient compte de ces par­ti­cu­la­ri­tés », explique Magalie Pignard.

Application de la pédagogie ABA à l'association Le Tremplin à Grenoble © Marina B Photographie

Application de la péda­go­gie ABA à l’as­so­cia­tion Le Tremplin à Grenoble © Marina B Photographie

Au Tremplin, un édu­ca­teur spé­cia­lisé se charge ainsi d’un élève à la fois. À la clef, des récom­penses per­mettent de sti­mu­ler leurs pro­gres­sions. « Trois élèves sur huit ont d’ailleurs appris à par­ler, grâce à l’ABA, dans notre asso­cia­tion », se féli­cite Françoise Galleti, direc­trice de la fon­da­tion. « La com­mu­ni­ca­tion est la pre­mière étape pour déblo­quer d’autres troubles », ajoute-t-elle.

En paral­lèle, Magalie a aussi cofondé l’Association fran­co­phone des femmes autistes, un espace d’écoute et de dia­logue qui a pour objec­tif de lever cer­tains tabous, dont celui des vio­lences sexuelles. Dans son entou­rage, Magalie relate en effet des cas de viols : « Ces vio­lences sont fré­quentes, par­ti­cu­liè­re­ment chez les autistes dénués de parole. Mais per­sonne n’en parle, par honte ou par mécon­nais­sance », déplore-t-elle.

« La France a qua­rante ans de retard sur ses voi­sins européens »

« La France a qua­rante ans de retard sur ses voi­sins euro­péens en matière d’autisme », estime Magalie Pignard. Un constat par­tagé par le Docteur Fiquet : « La France a en effet beau­coup de retard, notam­ment en rai­son d’une mécon­nais­sance de l’au­tisme et d’un manque d’in­for­ma­tions. » De plus, « des idées reçues et des sté­réo­types ont long­temps freiné sa prise en charge », ajoute-t-elle.

La méthode ABA a d’ailleurs été adop­tée très tar­di­ve­ment en France, dans le cou­rant des années 2000, contrai­re­ment à d’autres pays euro­péens, comme l’Italie, qui la pra­tiquent depuis de nom­breuses années. Et ce n’est qu’en 2012 que l’approche psy­chia­trique de l’au­tisme a été aban­don­née par la Haute auto­rité de la santé au pro­fit de l’approche com­por­te­men­tale (ABA), désor­mais recom­man­dée par cette ins­ti­tu­tion publique.

Application de la méthode pédagogique ABA à l'association Le Tremplin ©Marina B Photographie

Application de la méthode péda­go­gique ABA à l’as­so­cia­tion Le Tremplin. © Marina B. Photographie

Il faut dire que ces approches com­por­te­men­tales ont fait l’objet de désac­cords idéo­lo­giques au sein même de la sphère médi­cale. Les détrac­teurs de l’ABA contestent le sys­tème de récom­penses, qu’ils qua­li­fient de « dres­sage » ou de « condi­tion­ne­ment ». Pour le Dr Élisabeth Giraud Baro, psy­chiatre à la cli­nique du Dauphiné et fon­da­trice du Centre expert Asperger à Grenoble, il n’en est rien.

Dr. Elisabeth Giraud Baro, psychiatre à la clinique du Dauphiné. © DR

Dr Élisabeth Giraud Baro, psy­chiatre à la cli­nique du Dauphiné. © DR

« Le chan­ge­ment est très anxio­gène pour une per­sonne autiste. La méthode ABA modi­fie l’en­vi­ron­ne­ment de la per­sonne. Les récom­penses leurs per­mettent donc de dépas­ser leurs peurs », explique-t-elle.

D’ailleurs le sys­tème de « récom­pense » est, selon elle, un sti­mu­lant inhé­rent à la nature humaine. « Il en est de même dans le monde du tra­vail. Le salaire encou­rage néces­sai­re­ment la moti­va­tion pro­fes­sion­nelle. »

Autrefois, les méde­cins impo­saient la socia­li­sa­tion des per­sonnes autistes. Un « cal­vaire » pour ces der­niers. Or, on sait aujourd’hui que « l’environnement doit être adapté à la per­sonne, et non pas l’inverse », explique la psy­chiatre, qui a intro­duit les thé­ra­pies cog­ni­tives et com­por­te­men­tales à Grenoble, grâce à son Centre.

Une véri­table révo­lu­tion, qui implique un consen­sus au sein de l’équipe médi­cale. Et sur­tout, davan­tage de moyens à dis­po­si­tion des soignants.

L’autisme est encore assez méconnu, même dans le milieu médical

Pour le Dr Giraud Baro, hors de ques­tion de se mon­trer pes­si­miste. « En vingt ans d’expérience, j’ai vu la situa­tion net­te­ment s’améliorer », affirme-t-elle. Toutefois, des pro­blèmes de taille conti­nuent de frei­ner une meilleure prise en charge de l’autisme en France.

Dr Philippe Narang, psychiatre à Grenoble spécialisé dans le syndrome d'asperger.

Dr Philippe Narang, psy­chiatre à Grenoble spé­cia­lisé dans le syn­drome d’Asperger.

Selon le psy­chiatre Philippe Narang, ce retard fran­çais s’ex­plique tout d’a­bord par un impor­tant manque d’in­for­ma­tions et de connais­sances. En réa­lité, l’au­tisme est encore assez méconnu, même dans le milieu médi­cal. Un manque de for­ma­tion qui a par­fois engen­dré des erreurs de diagnostic…

« Au cours de ma car­rière, j’ai ren­con­tré des per­sonnes qui ont d’a­bord été diag­nos­ti­quées schi­zo­phrènes. Après une révi­sion du diag­nos­tic, les méde­cins se sont rendu compte qu’il s’a­gis­sait en réa­lité d’un syn­drome d’Asperger », témoigne le Dr Narang. Des erreurs médi­cales – dues à une « mécon­nais­sance totale » – loin d’être ano­dines ayant débou­ché sur des prises en charge inadéquates.

Ainsi, ces per­sonnes sont par­fois orien­tées vers des hôpi­taux psy­chia­triques, bien que ces struc­tures ne soient pas adap­tées à ce type de trouble. « Par mimé­tisme, ils imi­te­ront le com­por­te­ment des per­sonnes inter­nées, ce qui ne favo­rise pas leurs pro­gres­sions », explique Philippe Narang.

La France manque consi­dé­ra­ble­ment de moyens et de financements

Pour Magalie Pignard, l’hos­pi­ta­li­sa­tion en milieu psy­chia­trique serait une manière de désen­gor­ger les ins­ti­tuts médico-édu­ca­tifs (IME), très sou­vent sur­char­gés. « On donne encore des neu­ro­lep­tiques qui, au lieu de faire pro­gres­ser l’enfant, aug­mentent ses troubles », estime-t-elle.

Image d'illustration, médicament. Photo Domaine Public

Image d’illus­tra­tion, médi­ca­ments. DR

« Dans la grande majo­rité des cas, ces psy­cho­tropes ne sont pas adap­tés. Mais comme toutes règles, il y a des excep­tions », pré­cise tou­te­fois le psy­chiatre. En effet, la prise de neu­ro­lep­tiques peut être jus­ti­fiée pour un laps de temps très court, quand l’au­tisme est asso­cié à des troubles neu­ro­lo­giques (crise d’épilepsie, épi­sode schi­zo­phré­nique…), confirme Élisabeth Giraud Baro.

Malgré tout, ils ne peuvent en aucun cas se sub­sti­tuer à un trai­te­ment de fond. Fort heu­reu­se­ment, « la ten­dance médi­cale recom­mande davan­tage un trai­te­ment édu­ca­tif que médi­ca­men­teux » explique-t-elle. « Si les médi­ca­ments sont néces­saires, il faut une dose très faible et pro­vi­soire. Sinon, les effets secon­daires peuvent dégra­der la per­sonne et aug­men­ter ses chances de déve­lop­per une défi­cience intel­lec­tuelle », explique le Dr Narang.

En plus du manque de connais­sances, la France manque consi­dé­ra­ble­ment de moyens et de finan­ce­ments. En résultent des listes d’at­tente pour obte­nir une place dans les IME, source de souf­frances pour les familles. « Il faut trois ans pour pou­voir faire un diag­nos­tic. Et les familles attendent en moyenne deux ans pour obte­nir une place dans un IME », explique la psy­cho­logue Coralie Fiquet. Parfois, des adultes res­tent même hos­pi­ta­li­sés dans le pôle pour enfants, en rai­son du manque de places.

Scolarisation des élèves autistes : vers l’intégration ? 

« À la mater­nelle, les ensei­gnants m’ont demandé de n’amener mon fils que six heures par semaine à l’école. Et de com­plé­ter avec l’hôpital de jour pour évi­ter, semble-t-il, le poids de la prise en charge », témoigne Magalie Pignard. Pour Coralie Fiquet, il n’y a pour­tant pas de doute : « Dans la mesure du pos­sible, il faut tendre vers une inté­gra­tion maxi­male des enfants autistes en milieu ordi­naire. »

Si en Italie, la quasi tota­lité des élèves autistes est sco­la­ri­sée en milieu ordi­naire, seule­ment 20 % d’entre eux l’é­taient en France, en 2014. L’Hexagone avait d’ailleurs été sanc­tionné par le Conseil de l’Europe, accusé d’a­voir « délaissé l’é­du­ca­tion des jeunes autistes ». La loi du 11 février 2005 sur l’égalité des chances avait laissé espé­rer une meilleure inté­gra­tion sco­laire des per­sonnes han­di­ca­pées mais les résul­tats sont tou­jours en-deçà des espérances…

Photographie d'illustration. Association Le Tremplin à Grenoble. © Marina B Photographie

Association Le Tremplin à Grenoble. © Marina B Photographie

La méthode ABA per­met jus­te­ment de favo­ri­ser la sco­la­ri­sa­tion des enfants en milieu ordi­naire, assure Coralie Fiquet. « En moyenne, un enfant sur deux réin­tègre l’école ordi­naire grâce à l’analyse du com­por­te­ment », cer­ti­fie-t-elle. Mais pour par­ve­nir à un tel résul­tat, des moyens doivent être alloués par l’État et les col­lec­ti­vi­tés territoriales.

« Il est indis­pen­sable d’ai­der et de sou­te­nir les enseignants »

D’abord, « les ensei­gnants devraient pou­voir être for­més fré­quem­ment et dès le début de leur car­rière pour accueillir tout type de han­di­cap », estime Philippe Narang. Ensuite, l’ef­fec­tif des classes doit impé­ra­ti­ve­ment être dimi­nué. « Dans une classe de trente élèves, entre l’é­lève brillant, le cancre, le dys­lexique et celui autiste, l’en­sei­gnant ne peut pas tout assu­rer seul », affirme-t-il. Enfin, il est indis­pen­sable de recru­ter des ensei­gnants spé­cia­li­sés et des auxi­liaires de vie sco­laire pour l’aide indi­vi­duelle (AVS‑I).

Enfants à l'école. © Joël Kermabon – placegrenet.fr

Enfants sur le che­min de l’é­cole. © Joël Kermabon – pla​ce​gre​net​.fr

En somme, il existe une réelle volonté de la part du corps ensei­gnants, « mais on ne leur donne pas les moyens. Il est impé­ra­tif de les aider et de les sou­te­nir », argue le Dr Narang. Et l’ac­tuelle sup­pres­sion des postes dans l’Éducation natio­nale freine encore davan­tage l’avancée de cette inté­gra­tion. Des réformes sont lar­ge­ment envi­sa­geables, mais actuel­le­ment au point mort, faute de finan­ce­ment par les pou­voirs publics.

Pourtant, les asso­cia­tions et les méde­cins s’accordent à dire que la sco­la­ri­sa­tion en milieu ordi­naire est non seule­ment béné­fique pour les enfants autistes mais aussi pour les élèves sans han­di­cap. « À l’é­cole, les enfants autistes peuvent imi­ter les codes sociaux des autres enfants. S’ils res­tent entre eux, ils ne pro­gres­se­ront pas », estime Magalie Pignard. Sans comp­ter que cette poli­tique per­met de sti­mu­ler l’entraide, la soli­da­rité et la tolé­rance chez les enfants dès leur plus jeune âge. L’autisme, une simple dif­fé­rence parmi tant d’autres ?

Anaïs Mariotti

« IMAGINONS UN EXTRATERRESTRE QUI DÉBARQUE SUR TERRE »

« Le réel han­di­cap, c’est le regard des autres », affirme Magalie Pignard. À tra­vers une inté­res­sante méta­phore, elle par­tage sa vision de l’au­tisme : « Imaginons un extra­ter­restre, qui débarque sur Terre et qui ne com­prend rien aux codes sociaux et aux cou­tumes. Cela ne signi­fie pas qu’il n’est pas moins intel­li­gent que les autres. »

Enfant autiste à l'association Le Tremplin à Grenoble. © Marian B Photographie

Enfant autiste à l’as­so­cia­tion Le Tremplin à Grenoble. © Marian B Photographie

Pour le doc­teur Philippe Narang, « il n’y a pas de han­di­cap, il y a sur­tout un fonc­tion­ne­ment cog­ni­tif dif­fé­rent ». Il explique que le schéma de pen­sée des per­sonnes autistes n’est pas moins effi­cace que les autres, mais fon­da­men­ta­le­ment dif­fé­rent. Pour une per­sonne lambda, le rai­son­ne­ment est « pro­ba­bi­liste » : « Constamment, nous rai­son­nons sous forme d’hy­po­thèses », explique le psychiatre.

Un esprit « en arborescence »

À l’in­verse, une per­sonne Asperger a davan­tage un rai­son­ne­ment ana­ly­tique et prag­ma­tique. « Leur esprit est en arbo­res­cence, il fonc­tionne comme un arbre déci­sion­nel », pour­suit-il. C’est pour­quoi ils ont notam­ment des dif­fi­cul­tés à com­prendre l’ambiguïté, les sous-enten­dus ou encore l’ironie.

Alors peut-on réel­le­ment par­ler de han­di­cap ? « Les autistes Asperger ont un han­di­cap dans les rela­tions sociales, mais dans d’autres domaines, c’est moi qui suis han­di­capé ! », iro­nise Philippe Narang. En d’autres termes, « ils sont extrê­me­ment per­for­mants dans cer­tains domaines tech­niques, là où la majo­rité des gens ne le sont pas. Il n’y a pas de han­di­cap, mais sim­ple­ment des modes de rai­son­ne­ment différents. »

« La variété des per­sonnes fait la richesse d’une société »

Aux yeux de Magalie Pignard, l’au­tisme n’est pas un trouble à com­battre. « Je consi­dère que la variété des per­sonnes fait la richesse d’une société », estime-t-elle. Il s’a­git plu­tôt de com­prendre, d’ap­pré­hen­der et d’in­té­grer, sans vou­loir abso­lu­ment modi­fier le com­por­te­ment de ces personnes.

En d’autres termes, ce ne sont pas les autistes qui doivent coûte que coûte inté­grer la société. « C’est la société qui doit s’ef­for­cer de les inté­grer. » Finalement, « la défi­ni­tion du han­di­cap dépend du regard que lui porte la société », estime-t-elle.

L’ATYPIK, UN RESTAURANT PAS COMME LES AUTRES

À la ter­rasse du res­tau­rant l’Atypik à Grenoble, Annie Raymond attend celui qu’elle nomme « son mer­veilleux ». Diagnostiqué autiste Asperger, son fils Clément est un jeune homme de 23 ans qui n’a pas froid aux yeux.

Clément portrait

Clément, 23 ans, membre actif à l’as­so­cia­tion et au res­tau­rant l’Atypik à Grenoble. © Anaïs Mariotti

À ses heures per­dues, il tra­vaille au café-res­tau­rant l’Atypik, un lieu convi­vial qui porte bien son nom où sa mère est béné­vole. Créée en 2013 par la com­pa­gnie des TED, un sigle qui signi­fie « troubles enva­his­sants du déve­lop­pe­ment », cette enseigne emploie de jeunes autistes comme ser­veurs ou cuisiniers.

Le res­tau­rant est aussi un lieu de vie, de for­ma­tion et d’ac­ti­vité pour les per­sonnes autistes et leur famille. Depuis quatre ans main­te­nant, L’Atypik, situé près de la place Notre-Dame, a un mot d’ordre : valo­ri­ser la dif­fé­rence. Il per­met éga­le­ment à ces jeunes d’in­té­grer le monde du tra­vail en toute sécurité.

Clément veut se lan­cer dans la politique

Mais Clément ne compte pas tra­vailler dans la res­tau­ra­tion à l’a­ve­nir. Après avoir gagné un concours d’é­lo­quence à l’âge de 17 ans, il veut désor­mais se lan­cer dans une car­rière politique.

Passionné de géo­po­li­tique, d’his­toire et de sciences sociales, il sou­haite plus pré­ci­sé­ment deve­nir conseiller muni­ci­pal. Avec ses larges connais­sances cultu­relles et poli­tiques, le jeune homme ne semble pas moins capable que les autres mais recon­naît ren­con­trer davan­tage de dif­fi­cul­tés. « Les dis­cri­mi­na­tions, j’en suis vic­time tous les jours, mais je pré­fère ne pas par­ler de choses qui fâchent », raconte-t-il en esqui­vant rapi­de­ment ce sujet qui semble douloureux.

Sans aucun regret, sa mère, ancienne comé­dienne, a mis de côté sa car­rière pour s’oc­cu­per de lui. Ensemble, ils veulent aujourd’­hui bou­le­ver­ser le regard de la société. « Il est plus dif­fi­cile d’être autiste en France qu’ailleurs », affirme-t-elle. Et pour cause, elle estime que « le sys­tème fran­çais cherche à gom­mer les dif­fé­rences au lieu de les accep­ter et les mettre en valeur ».

AMa

Auteur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

A lire aussi sur Place Gre'net

Les groupes d'opposition de gauche du Département portent leurs propositions en faveur de la jeunesse
Isère : les groupes d’op­po­si­tion de gauche veulent faire entendre leur voix en faveur de la jeunesse

FOCUS - En amont de la séance publique du Conseil départemental de l'Isère vendredi 29 mars, les deux groupes d’opposition de gauche Uges et IES Lire plus

Les opposants au métrocâble interpellent les candidats aux législatives et organisent une réunion publique le 9 juin
Métrocâble : la com­mis­sion d’en­quête rend un avis défa­vo­rable sur la liai­son entre Fontaine et Saint-Martin-le-Vinoux

DÉCRYPTAGE - C'est un vrai coup dur pour le Métrocâble. Dans son rapport rendu mardi 26 mars 2024, la commission d'enquête publique a émis un Lire plus

Programme local de l'habitat de la Métropole : la Ville de Grenoble dit oui, mais…
Programme local de l’ha­bi­tat de la Métropole : la Ville de Grenoble dit oui, mais…

FLASH INFO - La Ville de Grenoble a émis un avis favorable sur le programme local de l'habitat (PLH) 2025-2030 de la Métropole de Grenoble. Lire plus

Dressing du cœur du 14 au 31 mars 2018 collecte de vêtements au profit d'Emmaüs France placegrenet.fr
La start-up The Second Life à Grand Place deux jours pour rache­ter des vêtements

EN BREF - Pourquoi ne pas donner une seconde vie à ses habits ? Un service proposé par la start-up The Second Life qui interviendra Lire plus

L'Agence d'urbanisme lance un appel aux propriétaires et locataires pour participer à l'enquête annuelle sur les loyers
Enquête annuelle sur les loyers : l’Agence d’ur­ba­nisme de la région gre­no­bloise lance un appel aux pro­prié­taires et locataires

FLASH INFO - L'Agence d'urbanisme de la région grenobloise lance un appel à volontaires pour participer à sa grande enquête annuelle de l'Observatoire local des Lire plus

Signature du Contrat de ville 2024-2030, pour définir les orientations de la Politique de la ville en métropole grenobloise
Nouveau contrat de ville fixant les orien­ta­tions dans la métro­pole grenobloise

FOCUS - Les Villes de Grenoble, Fontaine, Échirolles, Pont-de-Claix et Saint-Martin-d'Hères ont signé le contrat de ville 2024-2030 avec la Métropole de Grenoble et la Lire plus

Flash Info

|

28/03

18h14

|

|

28/03

16h12

|

|

27/03

17h54

|

|

27/03

15h59

|

|

25/03

23h21

|

|

25/03

11h22

|

|

22/03

11h12

|

|

22/03

10h39

|

|

21/03

18h10

|

|

20/03

13h02

|

Les plus lus

A écouter| Chronique Place Gre’net – RCF : Des opé­ra­tions de sécu­rité… et de communication

Société| La police à la recherche d’un poten­tiel vio­leur en série sur Grenoble, avec déjà huit vic­times à son actif

Société| Tribune libre : « Montrons notre recon­nais­sance ainsi que notre amour au cinéma Le 6 Rex »

Agenda

Je partage !