Le chantier Anru du 50 galerie de l'Arlequin, en février 2016. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Les loca­taires des 40 et 50 gale­rie de l’Arlequin menacent d’at­ta­quer la SDH et Actis

Les loca­taires des 40 et 50 gale­rie de l’Arlequin menacent d’at­ta­quer la SDH et Actis

FOCUS – Après plu­sieurs mois de tra­vaux, les immeubles 40 et 50 de la Galerie Arlequin ont été inau­gu­rés en décembre der­nier. Mais les rési­dents qui ont vécu, in situ, cette remise en état de fond en comble demandent aux bailleurs SDH (40) et Actis (50) un dédom­ma­ge­ment finan­cier au titre des pré­ju­dices maté­riel et moral subis. Faute de réponse satis­fai­sante, ils pour­raient por­ter l’af­faire devant les tribunaux.

Inauguration le 8 décembre 2016, des 40 et 50 Galerie de l'Arlequin à Grenoble par les élus, partenaires et financeurs. DR

Inauguration le 8 décembre 2016, des 40 et 50 Galerie de l’Arlequin à Grenoble par les élus, par­te­naires et finan­ceurs. DR

Menés sous la hou­lette des groupes Eiffage pour le 40 et Bouygues pour le 50 de la gale­rie de l’Arlequin à la Villeneuve, les tra­vaux réa­li­sés ont été colos­saux : réno­va­tion des loge­ments, iso­la­tion des façades, ins­tal­la­tion de nou­veaux esca­liers, réha­bi­li­ta­tion des halls d’en­trée, etc.

Bailleurs et élus sem­blaient ravis du résul­tat lors de l’i­nau­gu­ra­tion le 8 décembre der­nier et ces der­niers l’ont réaf­firmé à l’oc­ca­sion du conseil muni­ci­pal le 19 décembre der­nier. Étonnamment, les loca­taires font part de leur mécon­ten­te­ment. Pourquoi, donc ? Par exemple, les fini­tions ne sont pas tout à fait au ren­dez-vous et la sécu­rité des portes d’entrée laisse encore à dési­rer… Voilà qui devrait tou­te­fois pou­voir s’arranger.

En revanche, ils ne digèrent vrai­ment pas « l’enfer », selon leur expres­sion, qu’ils ont vécu durant les tra­vaux. Leur exas­pé­ra­tion n’a fait que croître ces der­nières semaines. Car Actis (bailleur du 50) tout comme la SDH (bailleur du 40) refusent de répondre favo­ra­ble­ment à leurs doléances.

« Ils nous ont pris en otages »

À les en croire, les 77 loca­taires res­tés dans les immeubles en tra­vaux en ont bavé… Bruits, pous­sières, va-et-vient intem­pes­tifs des sous-trai­tants dans les loge­ments, par­ties com­munes sales, ascen­seurs hors ser­vice… Leur quo­ti­dien n’au­rait pas été une siné­cure pen­dant trois ans.

Organisation d'un point Presse mercredi 31 mai 2017, par les habitants du 40 et du 50 galerie de l'Arlequin, quartier Villeneuve à Grenoble. Ils réclament des dédommagements auprès des bailleurs la SDH et Actis, pour préjudices moral et matériel subis pendant la durée des travaux de leur immeuble. © Séverine Cattiaux - Place Gre'net

Point presse orga­nisé le 31 mai 2017 par les habi­tants du 40 et du 50 gale­rie de l’Arlequin, quar­tier Villeneuve à Grenoble. Ils réclament des dédom­ma­ge­ments auprès des bailleurs la SDH et Actis pour pré­ju­dices moral et maté­riel subis pen­dant la durée des tra­vaux de leur immeuble. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net

Les der­niers temps, les ouvriers ont même tra­vaillé les week-end, ne lais­sant aucun répit aux locataires.

Quelle drôle d’i­dée aussi que de res­ter dans un loge­ment en pareille situa­tion ? Apparemment, les habi­tants n’imaginaient pas ce qui les atten­dait. En revanche, ils consi­dèrent que les bailleurs – SDH et Actis – en savaient bien plus qu’eux sur la lour­deur des tra­vaux, et auraient dû par consé­quent les relo­ger préventivement.

Mohammed, habi­tant du 50 ne mâche pas ses mots : « Actis nous a tra­his. Ils nous ont pris en otages. Les tra­vaux ont été un véri­table fiasco. »

Échec des négo­cia­tions et de la médiation

Plusieurs fois, les loca­taires ont pris leur plume et ren­con­tré des res­pon­sables des deux bailleurs concer­nés… Il y a même eu une amorce de solu­tion trou­vée avec Actis. Mais la direc­tion et son pré­sident Eric Piolle, maire de Grenoble, ont fait volte-face et sont appa­rem­ment reve­nus sur ces négociations.

Organisation d'un point Presse mercredi 31 mai 2017, par les habitants du 40 et du 50 galerie de l'Arlequin, quartier Villeneuve à Grenoble. Ils réclament des dédommagements auprès des bailleurs la SDH et Actis, pour préjudices moral et matériel subis pendant la durée des travaux de leur immeuble. © Séverine Cattiax - Place Gre'net

Point presse du 31 mai 2017 orga­nisé par les habi­tants du 40 et du 50 gale­rie de l’Arlequin, quar­tier Villeneuve à Grenoble. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net

Le ton n’a ensuite fait que s’en­ve­ni­mer. Dans une lettre adres­sée au pré­sident d’Actis, le style est cin­glant : « Actis a traité ses loca­taires avec un mépris et un manque de res­pect évi­dents, fai­sant pas­ser les avan­tages qu’il escompte reti­rer des tra­vaux avant les obli­ga­tions les plus élé­men­taires qui sont les siennes en tant que bailleur. »

Les voi­sins du 40 ont, eux, tiré la son­nette d’a­larme bien en amont.

En février 2016, la Confédération syn­di­cale des familles (CSF) inter­ve­nant en sou­tien auprès de l’association des habi­tants du 30/40 a demandé une média­tion auprès de la SDH, faute de réponses appor­tées aux pro­blèmes. « Oui, on a eu le mal­heur de leur deman­der une média­tion ! », regrette, après coup, Ariane Béranger, pré­si­dente de l’as­so­cia­tion. Car le temps que la SDH trouve le pres­ta­taire ad hoc, cette média­tion est arri­vée à la fin de l’année et la mis­sion du cabi­net s’est trans­for­mée en enquête de satisfaction…

Les bailleurs estiment avoir fait le nécessaire

« Tout ce que nous vou­lons, c’est que les bailleurs recon­naissent que ce que nous avons subi n’est pas accep­table », explique France, loca­taire du 40. Sauf que la SDH autant qu’Actis refusent de répondre aux doléances for­mu­lées par les habi­tants, en rela­ti­vi­sant l’im­pact des tra­vaux sur leur vie quo­ti­dienne. Et en sou­li­gnant le gain sur leur qua­lité de vie au final…

« Durant toute la période du chan­tier, rap­pelle, par ailleurs dans un cour­rier, la direc­trice de clien­tèle de la SDH, un ren­for­ce­ment de l’é­quipe de proxi­mité a été mis en place, des loge­ments meu­blés ont été mis à dis­po­si­tion et une inter­lo­cu­trice au sein d’Eiffage a éga­le­ment fait le relais [avec les habi­tants, ndlr] pen­dant toute la durée des tra­vaux. »

Christine Garnier, Stéphane Duport Rosand et Éric Piolle. © Véronique Magnin - placegrenet.fr

Éric Piolle, maire de Grenoble et pré­sident d’Actis, Christine Garnier, vice-pré­si­dente à l’Habitat, au Logement et à la Politique fon­cière et admi­nis­tra­trice à Actis et Stéphane Duport Rosand direc­teur géné­ral d’Actis et © Véronique Magnin – pla​ce​gre​net​.fr

Stéphane Duport Rosand, direc­teur géné­ral d’Actis, sou­tient pour sa part dans un autre cour­rier, qu”« il a été pré­cisé que les loca­taires, dont le loge­ment n’é­tait pas lour­de­ment impacté par les tra­vaux, pour­raient éga­le­ment sol­li­ci­ter une muta­tion, dans la mesure où ils avaient déposé une demande au Pôle Habitat social. Cela a été le cas pour cer­tains habitants. »

Faux, selon Khaled, habi­tant du 50 qui affirme qu”« Actis s’est ravisé, et a laissé les loca­taires en plan ! »

La SDH et Actis refusent les 1 000 euros de dédom­ma­ge­ment par locataire

A force de cour­riers, de ren­contres et de péti­tions, les bailleurs ont fini par pro­po­ser une remise sur les charges de net­toyage et d’as­cen­seurs. C’est bien la moindre des choses selon les habi­tants, pour qui ce « geste com­mer­cial » reste tou­te­fois insuffisant.

Organisation d'un point Presse mercredi 31 mai 2017, par les habitants du 40 et du 50 galerie de l'Arlequin, quartier Villeneuve à Grenoble. Ils réclament des dédommagements auprès des bailleurs la SDH et Actis, pour préjudices moral et matériel subis pendant la durée des travaux de leur immeuble. © Séverine Cattiax - Place Gre'net

Point presse orga­nisé le 31 mai 2017 par les habi­tants du 40 et du 50 gale­rie de l’Arlequin. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net

Ils conti­nuent ainsi de récla­mer 1 000 euros par loge­ment en dédom­ma­ge­ment. Demande à laquelle la SDH et Actis demeurent fer­me­ment oppo­sés. Par crainte de créer un pré­cé­dent, peut-être ?

Actis s’est tout de même rési­gné à faire un geste sup­plé­men­taire, en accor­dant 1000 euros… aux loca­taires qui déci­de­raient d’en­tre­prendre des tra­vaux. Une pro­po­si­tion irre­ce­vable pour les rési­dents qui exigent le ver­se­ment de la somme sans condition.

A récep­tion d’une péti­tion des loca­taires, la SDH a par ailleurs elle aussi lâché du lest, et accepté de reve­nir sur l’aug­men­ta­tion pré­vue des loyers du 40. Au lieu de 10 %, elle ne sera que de 7 % pour les habi­tants actuels. Les loyers seront en revanche rehaus­sés de 12 % pour les nou­veaux arri­vants. Car la SDH ne cache pas son inten­tion d’attirer des ménages plus aisés dans ses appar­te­ments fraî­che­ment refaits à neuf. « On vou­drait chas­ser les classes popu­laires de l’Arlequin que l’on ne s’y pren­drait pas mieux ! », com­mentent cer­tains habi­tants… visi­ble­ment peu sen­sibles à l’ar­gu­ment de la mixité sociale.

Tous les moyens pour obte­nir leur 1 000 euros pour pré­ju­dice morale et maté­riel ayant été épui­sés, une démarche en jus­tice n’est désor­mais pas exclue. « Si on doit aller en jus­tice, on peut éga­le­ment deman­der davan­tage », menacent les intéressés.

Séverine Cattiaux

Séverine Cattiaux

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