En finir avec la nico­tine, sur­tout durant la gros­sesse ? À l’oc­ca­sion de la Journée mon­diale sans tabac du mer­credi 31 mai, un « temps d’in­for­ma­tion et d’é­changes grand public » se tien­dra dans le hall Vercors de l’hô­pi­tal Michallon. Professionnels et asso­cia­tions seront pré­sents de 11 à 15 heures pour infor­mer le public sur les dan­gers du tabac.

Mais dès le lundi 29 mai, l’ac­cent sera mis sur la consom­ma­tion de tabac chez les femmes enceintes. Ainsi, de 11 à 14 heures, l’u­nité de coor­di­na­tion taba­co­lo­gie du Centre hos­pi­ta­lier Universitaire Grenoble Alpes (Chuga) occu­pera le hall d’ac­cueil de l’hô­pi­tal Couple Enfant. Objectif : « pré­sen­ter un dis­po­si­tif d’accompagnement dédié aux femmes enceintes. »

Le taba­gisme des femmes enceintes et ses graves consé­quences à long terme

Dans une lettre com­mune, le doc­teur Ivan Berlin de la Pitié Salpêtrière et la sage-femme taba­co­logue Aline Noblet de l’hô­pi­tal Couple Enfant de Grenoble rap­pellent en effet les dan­gers de la consom­ma­tion de tabac durant la gros­sesse. Une consom­ma­tion qui s’ob­serve sou­vent parmi les publics les plus pré­caires, et « aug­mente le risque pour la santé de la future mère pen­dant sa gros­sesse, et peut avoir des consé­quences néfastes et durables pour l’enfant dès sa nais­sance. »

Les pro­fes­sion­nels attirent notam­ment l’at­ten­tion sur les consé­quences à long terme du taba­gisme de la femme enceinte pour l’en­fant à naître, parmi les­quels « l’augmentation des risques d’addiction au tabac, de troubles psy­chia­triques, d’obésité, d’asthme et de plu­sieurs types de tumeurs. » S’y ajoutent les risques à court terme, telle la pré­ma­tu­rité ou un poids de nais­sance diminué.

« Selon l’enquête péri­na­tale de 2010, qua­si­ment 1 femme enceinte sur 5 (17 %) rap­por­te­rait avoir fumé pen­dant le der­nier tri­mestre de leur gros­sesse. Cela cor­res­pond à 137 180 fœtus expo­sés in utéro au taba­gisme actif pen­dant le der­nier tri­mestre, sur les 802 224 nais­sances rap­por­tées par l’Insee en 2010 », écrivent encore Ivan Berlin et Aline Noblet.

Des bons d’a­chat pour inci­ter les femmes enceintes à arrê­ter de fumer

Comment convaincre les femmes à arrê­ter de fumer durant leur gros­sesse ? Le dis­po­si­tif met en avant… l’in­ci­ta­tion finan­cière. Et la lettre de citer le cas d’une mater­nité écos­saise, où « les inci­ta­tions finan­cières pro­cu­rées aux femmes enceintes fumeuses ont aug­menté l’abstinence taba­gique de 14 % par rap­port aux femmes ayant seule­ment béné­fi­cié des consul­ta­tions habi­tuelles. »

Le dis­po­si­tif pré­voit une récom­pense de l’abs­ti­nence par l’oc­troi de bons d’a­chat d’une valeur de 20 euros à chaque visite pré­na­tale. Financé par l’Institut du Cancer, une étude natio­nale tâche actuel­le­ment d’é­ta­blir l’ef­fi­ca­cité de la démarche. 18 mater­ni­tés y par­ti­cipent, dont l’hô­pi­tal Couple Enfant de Grenoble.

Le sujet, sen­sible, ne risque-t-il pas de faire polé­mique ? « Bien que récom­pen­ser finan­ciè­re­ment de “bons” com­por­te­ments de santé puissent être sujet à contro­verse, une étude d’acceptabilité […] montre que la majo­rité des répon­dants approuve l’idée de pro­cu­rer des inci­ta­tions finan­cières par bons d’achat, afin d’aider les femmes enceintes fumeuses à arrê­ter de fumer », affirment Ivan Berlin et Aline Noblet. Lancée en avril 2016, les pre­miers résul­tats de l’é­tude devraient être dis­po­nibles en 2018.

FM