Cérémonie de commémoration de la Saint-Barthélémy grenobloise mercredi 25 novembre à 11h

“Saint-Barthélémy gre­no­bloise” : un nou­vel espace au Musée de la résistance

“Saint-Barthélémy gre­no­bloise” : un nou­vel espace au Musée de la résistance

Le Musée de la Résistance et de la Déportation de Grenoble ouvre un nou­vel espace muséo­gra­phique. Consacrée à la “Saint-Barthélémy gre­no­bloise”, répres­sion nazie ayant tou­ché Grenoble durant l’au­tomne 1943, cette nou­velle expo­si­tion “per­ma­nente” choi­sit de jouer sur l’am­biance d’une époque et fait la part belle à l’interactivité. 

Devant le fron­ton d’un immeuble gre­no­blois défilent au pas de l’oie les sil­houettes cas­quées de sol­dats alle­mands. Voici la pre­mière image que découvre le visi­teur en accé­dant au deuxième étage par l’es­ca­lier, dans lequel résonne l’en­tê­tant bruit des bottes. Et c’est ainsi que s’ouvre le nou­vel espace muséo­gra­phique du Musée de la Résistance et de la Déportation de Grenoble.

Le défilé des silhouettes allemandes sur bruits de bottes incessant © Yuliya Ruzhechka - Place Gre'net

Le défilé des sil­houettes alle­mandes sur bruits de bottes inces­sant © Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net

Cette fois, ce n’est pas une expo­si­tion tem­po­raire que pro­pose le Musée, mais un réamé­na­ge­ment de son espace per­ma­nent. Ou plu­tôt, insiste la res­pon­sable du Musée Alice Buffet*, « son espace de longue durée ». « Nous n’a­vons jamais parlé d’es­pace per­ma­nent parce que nous esti­mons que le par­cours est vivant et qu’il peut évo­luer, au gré des avan­cées de l’Histoire, des recherches scien­ti­fiques ou des expo­si­tions réalisées. »

Une “Saint-Barthélémy grenobloise”

C’est bien le cas de ce nou­vel espace, décou­lant direc­te­ment de l’ex­po­si­tion Automne 1943, Résistance et répres­sions, orga­ni­sée en 2013 à l’oc­ca­sion des 70 ans de la “Saint-Barthélémy gre­no­bloise”. L’objectif : consa­crer une par­tie entière du musée à l’ar­ri­vée des Allemands dans Grenoble – sous occu­pa­tion ita­lienne avant sep­tembre 1943 – et à la répres­sion san­glante qui s’ensuivit.

Car lorsque l’ar­mée alle­mande prend le contrôle de Grenoble, elle met fin à l’oc­cu­pa­tion “douce” qu’a connue la ville sous domi­na­tion ita­lienne. Les rafles et les exé­cu­tions som­maires ne tardent pas.

Une borne interactive permet de dérouler le profil et le destin de « collabos » Ici, la photographie de l'une de leurs victimes. “Saint-Barthélémy grenobloise” © Yuliya Ruzhechka - Place Gre'net

Une borne inter­ac­tive per­met de dérou­ler le pro­fil et le des­tin de « col­la­bos » Ici, la pho­to­gra­phie de l’une de leurs vic­times. © Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net

Le 11 novembre, des cen­taines de mani­fes­tants gre­no­blois sont arrê­tés et dépor­tés. La réac­tion de la Résistance ne se fait pas attendre, avec les explo­sions du Polygone d’ar­tille­rie et, quelques jours plus tard, de la Caserne de Bonne.

Vers la fin du mois de novembre 1943, les Nazis confient à un groupe de col­la­bo­ra­tion­nistes une vaste opé­ra­tion de répres­sion. Une “Saint-Barthélémy” durant laquelle 25 per­sonnes seront arrê­tées et dépor­tées ou assas­si­nées. La Résistance gre­no­bloise sort qua­si­ment déca­pi­tée de ce coup de filet macabre orches­tré par le mili­cien Francis André, « gueule tor­due » de la Collaboration, qui sera fusillé en 1946 après avoir reconnu 120 assas­si­nats et de mul­tiples actes de torture.

« Laisser la place à l’i­mage et à l’ambiance »

Le parti-pris du nou­vel espace ? « Nous avons choisi de mini­mi­ser la place du texte pour lais­ser la place à l’i­mage et à l’am­biance, explique Alice Buffet. On a fait appel à des tech­no­lo­gies plus modernes, avec des dis­po­si­tifs inter­ac­tifs, de l’i­mage, de la vidéo. C’est une façon d’al­ter­ner entre réflexion et émo­tion, et cela per­met la trans­mis­sion. Notamment pour les plus jeunes géné­ra­tions qui viennent en nombre. »

Si l’es­pace ne perd pas sa dimen­sion péda­go­gique, l’ac­cent est en effet mis sur le carac­tère “vivant” des évé­ne­ments rela­tés : repré­sen­ta­tions ani­mées des explo­sions du Polygone et de la Caserne de Bonne, figu­ra­tion des fusillés avec incrus­ta­tions vidéos pour pré­sen­ter leur par­cours… ou consul­ta­tions inter­ac­tives des pro­fils et des par­cours de dif­fé­rents col­la­bo­ra­teurs. Et des dif­fé­rentes collaborations.

Alice Buffet présente le nouvel espace muséographique du Musée de la Résistance. © Yuliya Ruzhechka - Place Gre'net

Alice Buffet pré­sente le nou­vel espace muséo­gra­phique du Musée de la Résistance. © Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net

Mais le musée n’ou­blie pas de repré­sen­ter des docu­ments d’é­poque, à com­men­cer par une carte de toutes les entre­prises du ter­ri­toire éta­blie par les auto­ri­tés alle­mandes, mon­trant que les Nazis s’in­té­res­saient de près à la vie éco­no­mique de la région gre­no­bloise. Nouveauté : la pré­sen­ta­tion, pour la pre­mière fois, d’ob­jets per­son­nels ayant appar­tenu à Jean Perrot. Dont un éphé­mé­ride met­tant cruel­le­ment en relief la date de son exé­cu­tion, le 29 novembre 1943.

Des docu­ments, parmi de nom­breux autres, qui per­pé­tuent eux aussi une mémoire aussi dou­lou­reuse que néces­saire. Et que le Musée de la Résistance s’emploie à faire vivre en évi­tant l’é­cueil du didac­tisme his­to­rique puni­tif comme du sen­sa­tion­na­lisme ou du voyeurisme.

Florent Mathieu

* Alice Buffet suc­cède ainsi à Olivier Cogne, qui a rejoint la direc­tion du Musée Dauphinois.

Florent Mathieu

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