Journée “blanche”, ce jeudi 18 mai, pour les émissions de France Bleu Isère qui risquent fort d’être très perturbées. En cause, un préavis de grève national déposé ce 12 mai par les organisations syndicales CFDT, CGT, SNFort, SNJ, Sud et Unsa suite à la réorganisation des programmes que tente de mettre en place – dès la rentrée – la direction de France Bleu.
La pilule est dure à avaler pour les 44 stations locales de France Bleu. La direction parisienne de la station tente en effet de leur imposer – brutalement et sans concertation selon les syndicats – le remplacement des tranches horaires 8 h 45 – 9 h 25 ainsi que celle de 14 heures – 16 heures par une émission nationale. Tout en leur confiant la charge des rendez-vous d’information nationaux de 7 h 30 et de 8 heures.
Une manière « d’enterrer la rédaction nationale », fustige le Syndicat national des journalistes (SNJ) de Radio France qui craint des suppressions de postes sur Paris. Mais pas seulement puisque tout cela va contraindre les 44 rédactions à « se réorganiser pour absorber cette charge de travail et donc sacrifier un peu plus le terrain », déplore le SNJ. Qui augure « un cauchemar de planification avec le risque de devoir sacrifier le sport et les rendez-vous d’informations du soir, et tuer dans l’œuf le projet d’organisation du travail sur le web. »
« La direction de France Bleu nous livre sa vision cauchemardesque de l’avenir »
Et c’est bien là que le bât blesse. Les organisations syndicales estiment en effet que l’identité du réseau, en un mot sa proximité, serait ainsi réduite à la part congrue. Le syndicat ne manque d’ailleurs pas de pointer une direction de France Bleu qui se contredit lorsqu’elle incite les stations à « faire plus de local » tout en leur demandant désormais « de réduire les journaux à cinq minutes et de caser les éléments nationaux dans le temps restant ».
« À moyens constants, après les baisses de ces dernières années, cette politique condamnera la grande majorité des locales à sacrifier les journaux du soir, des chroniques ou reportages, et/ou le web. Dans le même temps, elle dévalorise les stations et les équipes », fustige le SNJ dans son communiqué.
L’occasion pour l’organisation syndicale d’exprimer tout le dépit que lui inspire cette réorganisation. « Ces décisions interviennent dans le contexte de l’organisation, dans une majorité de locales, des ateliers de grille pour imaginer la « radio rêvée ». Au lieu de cela la direction de Bleu nous livre sa vision cauchemardesque de l’avenir », s’inquiète-t-elle encore. Autant de reproches compilés par la CGT dans une lettre adressée à Éric Revel, le directeur de France Bleu, intitulée « Un réseau local désincarné, on n’en veut pas ! »
« Nous sommes prêts à la grève »
Que réclame l’intersyndicale ? « Le respect des particularismes de chaque locale, qui est l’ADN du réseau : avec des populations, des cultures et des moyens différents, toutes ne peuvent pas avoir la même grille », assure-t-elle. Mais aussi, pour la rédaction nationale de France Bleu, « les moyens et la ligne éditoriale qui correspondent à son rôle naturel de complément des 44 locales ». Le tout s’appuyant sur « un arrêt des mesures d’économies imposées au réseau » tout autant que puissent cesser « les excès d’autoritarisme dont l’ensemble des personnels du réseau souffre ».
« Nous sommes prêts à la grève, et je pense qu’elle sera massivement suivie », déclare Christophe Bernard, de la CGT-France Bleu à notre confrère de L’Humanité. « Eric Level, le directeur n’est pas très à l’écoute. Si le Comité central d’entreprise de vendredi [ce 19 mai, ndlr] n’aboutit pas, nous allons vers une grève reconductible », promet encore le syndicaliste.
JK