3 QUESTIONS A - Grenoble fête l’Europe tout le mois de mai, à travers des rencontres, des expositions, autour de la journée du 9 mai, date anniversaire de la création de l’Union européenne. Une initiative qui ne peut occulter la réalité : une Europe mal en point, cumulant revers, difficultés, erreurs : Brexit, dumping social, gestion houleuse de la crise des migrants, conflits d'intérêts de hauts responsables… L'eurodéputée écologiste Michèle Rivasi estime que la situation est critique mais pas complètement désespérée.
MICHÈLE RIVASI, 64 ANS, EURODEPUTÉE ÉCOLOGISTE DEPUIS 2009
Elle fonde la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) après l’accident de Tchernobyl de 1986. De 1997 à 2002, Michèle Rivasi est députée de la Drôme. Cette professeur agrégée en biologie est coutumière des prises de paroles sans langue de bois au Parlement et connue pour son franc parler dans les médias.
Au cœur de son combat : la santé environnementale, ce qui l'amène à ferrailler dans l’hémicycle à propos de très nombreux sujets : le nucléaire, le gaz de schiste, les médicaments, les perturbateurs endocriniens, les OGM, les ondes électromagnétiques, la responsabilité sociétale des entreprises, l'éthique de la recherche…
Candidate aux élections présidentielles 2017, elle est battue au second tour par Yannick Jadot, lors de la primaire écologiste de 2016.
Place Gre’net - Vous avez récemment participé à l'élaboration du livre L’Europe des citoyens : une nouvelle feuille de route pour l'Europe, où il est question des problèmes que rencontre l’Union européenne. Que reprochez-vous principalement à son fonctionnement ?
Michèle Rivasi - Le problème est que l’Europe est devenue une Europe du business et rien que cela […] Je le vois par rapport aux scandales actuels, que ce soit sur les perturbateurs endocriniens, où la commission a été plus ou moins poussée à faire une étude économique, alors que ce n’était pas son rôle. Il fallait qu’elle établisse une définition précise des perturbateurs endocriniens. On le voit aussi sur le glyphosate où on a une agence qui trouve une conclusion différente que l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et elle ne veut pas publier justement les études qui ont permis à définir cet avis !
Moi, au fur et à mesure, je trouve que l’influence des multinationales au sein à la fois de la Commission et au sein des États membres va grandissante. C’est plutôt « protégeons nos industries, protégeons l’emploi et au détriment de la santé des gens ». C’est très business. Alors on va faire une réglementation pour ne pas avoir des produits toxiques, on va faire une réglementation pour que la santé des gens soit protégée, mais c’est non parce que ça va à l’encontre de l’emploi et, surtout, des diktats qui sont proférés par les multinationales de l’industrie chimique, de l’industrie du plastique, de l’industrie pharmaceutique…
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