Frederic Naud © Sébastien Bouhana

Le Festival Les Arts du récit en Isère : en avant les histoires !

Le Festival Les Arts du récit en Isère : en avant les histoires !

FOCUS – Le fes­ti­val Les Arts du récit fête ses trente ans en Isère du 5 au 20 mai 2017. Sa pro­gram­ma­tion, extrê­me­ment riche, témoigne de la vita­lité de la trans­mis­sion orale dans un monde pour­tant dominé par l’écrit. Des comp­tines pour tout petits aux expé­ri­men­ta­tions les plus contem­po­raines, cet évé­ne­ment tente d’embrasser l’éventail des pos­si­bi­li­tés offertes par les contes, mythes et légendes. Une belle ode aux racon­teurs d’histoires et à ceux qui aiment les écouter.

Affiche du Festival Les Arts du récit

Affiche du Festival Les Arts du récit

Si vous n’êtes pas féru(e) de lit­té­ra­ture orale, peut-être n’avez-vous pas noté que le fes­ti­val des Arts du récit allait souf­fler ses trente bou­gies du 5 au 20 mai 2017. Martine Carpentier, direc­trice de l’é­vé­ne­ment depuis trois ans, revient sur sa création.

« La pre­mière édi­tion du fes­ti­val a eu lieu à Saint-Martin‑d’Hères et a été ini­tiée par les actuels fon­da­teurs et membres du CA : des biblio­thé­caires et des direc­teurs de MJC sous la hou­lette d’Henri Touati, qui était le direc­teur de la MJC sud de Saint-Martin‑d’Hères. Au début, il y avait quatre ou cinq conteurs qui se pro­dui­saient dans les biblio­thèques et les petites salles de la ville. » L’événement n’a fait que croître ensuite jusqu’à s’étendre à l’ensemble du dépar­te­ment isé­rois – avec 43 com­munes par­te­naires – et à invi­ter une soixan­taine de conteurs cette année.

La trans­mis­sion d’un patri­moine immatériel

Contes, mythes et légendes ont ceci de par­ti­cu­lier qu’ils relèvent de la trans­mis­sion orale. Ce qui les rend tout à la fois intem­po­rels et fra­giles par essence puisque non fixés par l’écriture, aujourd’hui domi­nante dans notre mode de dif­fu­sion culturelle.

« On est dans une société de l’écrit. La lit­té­ra­ture jeu­nesse a pris une grande ampleur. Donc la lec­ture à voix haute est plus impor­tante dans les usages que la parole directe, qui ini­tie des émo­tions et un rap­port au corps très dif­fé­rent pour les tous petits par exemple. On veut aussi per­mettre aux parents de retrou­ver le plai­sir de la comp­tine ou du jeu de doigts pour qu’ils puissent retrou­ver leur propre culture. C’est une manière de redon­ner de la dignité à ce que leurs parents ou grands-parents leur ont trans­mis », explique la direc­trice du fes­ti­val et du Centre des arts du récit, scène conven­tion­née créée en 2000 à Saint-Martin‑d’Hères.

Le fes­ti­val n’est fina­le­ment que la « par­tie visible de l’iceberg », pour reprendre la méta­phore uti­li­sée par Martine Carpentier, qui sou­ligne ainsi le tra­vail entre­pris à l’année par la struc­ture. Laquelle rem­plit des mis­sions de sou­tien à la créa­tion, de copro­duc­tion, de for­ma­tion ou d’éducation artistique.

L’ancien et le nouveau

Don Fabulist © Stephan Vanfleteren

Don Fabulist. © Stephan Vanfleteren

Si les arts du récit sont le fruit d’une tra­di­tion ances­trale, ils n’en sont pas moins tra­ver­sés par dif­fé­rentes expé­ri­men­ta­tions. Ce dont rend compte la pro­gram­ma­tion par­ti­cu­liè­re­ment foi­son­nante de cette 30e édi­tion du fes­ti­val Les Arts du récit.

« On est très atten­tif aux mou­ve­ments que connaissent ces arts en ce moment. Il y a beau­coup d’artistes qui sont dans une démarche col­lec­tive, de croi­se­ment de leurs réper­toires. C’est ce qu’on retrou­vera dans Figures de proue [samedi 6 mai au musée dau­phi­nois, à 19 h 30, ndlr], qui réunit quatre conteurs d’origines et d’univers très dif­fé­rents : le barde Don Fabulist, Matthieu Epp – qui s’intéresse à la trans­mis­sion tra­di­tion­nelle et, en même temps, s’interroge sur des objets contem­po­rains –, Julie Boîte, qui mène un tra­vail poé­tique sur la folie et l’illusion, et Myriam Pellicane, dont le tra­vail s’inspire des formes de rituels et d’interdits », annonce Martine Carpentier.

À ces ren­contres de conteurs répondent des croi­se­ments géné­riques, entre vidéo, musique et conte tra­di­tion­nel, par exemple. Muriel Bloch, qui fait par­tie des conteurs recon­nus en France, mêle ainsi ces dif­fé­rentes com­po­santes dans Les Contes de l’Abracadabra, qu’elle pro­pose à la Source ven­dredi 5 mai, à 18 h 30.

Frédéric Naud & Jeanne Videau, La méningite des poireaux (SAINT-MARTIN-D’HÈRES ESPACE CULTUREL RENÉ PROBY, lundi 15 mai, à 19h30) © Jacques-Olivier Badia

Frédéric Naud & Jeanne Videau, La ménin­gite des poi­reaux. © Jacques-Olivier Badia

La struc­ture du récit tra­di­tion­nel peut aussi convo­quer des thé­ma­tiques tout à fait réa­listes. Aussi, Frédéric Naud, lui aussi très iden­ti­fié au sein de la scène des conteurs, insuffle-t-il à des his­toires extraites du jour­nal interne de l’hôpital psy­chia­trique de Saint-Alban-sur-Limagnole en Lozère une dimen­sion tout à la fois sur­réa­liste et tragi-comique (La ménin­gites des poi­reaux, lundi 15 mai, à 19 h 30, à l’Espace cultu­rel René Proby de Saint-Martin‑d’Hères). On retient éga­le­ment la pro­po­si­tion de Pépito Matéo, Le conteur fait son cinéma, au sein de laquelle on assiste en direct à la concep­tion d’un court métrage (ven­dredi 19 mai, à 20 heures, à l’Odyssée d’Eybens).

Adèle Duminy

LE RENOUVEAU DU CONTE

Muriel Bloch, Les contes de l’Abracadabra, à La Source (Fontaine), vendredi 5 mai, à 18 h 30. DR

Muriel Bloch, Les contes de l’Abracadabra, à La Source (Fontaine), ven­dredi 5 mai, à 18 h 30 DR

« C’est dans les années 1970 qu’on a pu noter en France un véri­table regain d’intérêt pour les arts du récit, notam­ment via de grands conteurs comme Bruno de La Salle ou Muriel Bloch. Ils se sont demandé ce qu’allait deve­nir la lit­té­ra­ture orale. L’idée était de la rendre à nou­veau vivante et transmissible.

Tout un panel d’artistes et de cher­cheurs a pris conscience de cette urgence. Progressivement, depuis ces années-là, il y a eu énor­mé­ment d’initiatives en France et par­tout dans le monde qui se sont pro­pa­gées et qui ont passé les fron­tières », rap­pelle la direc­trice du Centre des arts du récit. Qui tient d’ailleurs beau­coup à ce que la langue fran­çaise ne soit pas la seule repré­sen­tée au sein de la pro­gram­ma­tion du festival.

« La poé­sie marche dans la rue » se pré­sente ainsi comme un pro­jet euro­péen (samedi 20 mai à la Salle noire, à 21 heures) qui ras­semble huit artistes, conteurs, musi­ciens, sla­meurs, impro­vi­sa­teurs, per­for­meurs et poètes, issus de quatre pays euro­péens (Espagne, Italie, Portugal, France).

Info pra­tiques

Festival des Arts du récit

Du 5 au 20 mai en Isère

Toute la pro­gram­ma­tion sur le site du festival

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