EN BREF – Située 13 quai de la Graille à Grenoble, la crèche La Goélette baissera ses rideaux à l’horizon 2020 et sera transférée dans le nouveau quartier Cambridge de la Presqu’île. Mécontents de perdre un service de proximité d’importance pour les quartiers Arago, Jean Macé et Le Clos des Fleurs, les habitants ont de surcroît découvert avec inquiétude que la future nouvelle crèche ne compterait que dix nouvelles places… en dépit de 400 nouveaux logements livrés en 2017 et 2018 dans le quartier Cambridge.
« Il ne s’agit que d’un transfert de crèche et non pas d’une fermeture ! » La Ville de Grenoble* tient à dissiper tout malentendu, redoutant de nouvelles levées de boucliers… Elle a en effet déjà fort à faire rayon culture.
« Et le transfert de La Goélette n’est pas pour tout de suite », ajoute un membre de la garde rapprochée d’Eric Piolle, maire de Grenoble.
Bref, « ce n’est pas d’actualité ! », assène-t-il. Circulez, il n’y a rien à dire, donc ? Le point de vue de l’union de quartier Arago – Jean Macé – Martyrs – qui a eu, par hasard, vent du projet de transfert de crèche – est tout autre. L’union a même déjà beaucoup à dire. Et ne compte pas sagement garder la nouvelle pour elle, jusqu’à ce que la fermeture soit effective.
La Goélette passera de l’autre côté de la voie ferrée
L’union de quartier Arago – Jean Macé – Martyrs s’émeut tout d’abord de la perte d’un service de proximité bien utilisé, puisque les trente places que compte l’équipement sont toutes occupées.
Et comme toutes les crèches de la Ville archi-pleines, La Goélette refuse des inscriptions à chaque rentrée.
Autre sujet qui fâche : en s’installant sur le nouveau quartier Cambridge, la future crèche passera de l’autre côté de la ligne de chemin de fer. Une rupture urbaine difficile à franchir en dehors de quelques passages.
De fait aussi, la crèche s’éloigne d’environ cinq cents mètres a minima des parents dont les petits fréquentent La Goélette « et [de plus loin] encore pour les habitants du centre-gare (rues Casimir-Brenier et Alsace-Lorraine) », s’alarment les militants de l’union de quartier.
« Une opération très destructrice pour les services publics dans nos quartiers »
Le président de l’union de quartier Alain Lauriot questionne la pertinence du projet : « Cette décision représente un fort impact sur le budget des finances publiques, et il est permis d’avoir des doutes sur [son] intérêt […] Un gain de 10 places (30 supprimées, 40 créées) n’est pas à l’échelle des enjeux sociaux et économiques et ne justifie pas une telle opération très destructrice sur les services publics implantés dans nos quartiers. »
Il est vrai que le nouvel équipement est supposé répondre non seulement aux besoins actuels – qui ne sont pas satisfaits –, mais aussi à ceux des nouveaux habitants qui vont s’installer dans le quartier Cambridge.
Or rien que la première tranche du quartier accueillera près de 400 nouveaux logements en 2017 et 2018.
Sur le nombre de places assez faible, au vu des besoins, l’interlocuteur de la Ville botte en touche : « L’ouverture du nombre de places de la crèche dépendra aussi de la volonté du nouveau gouvernement. »
L’Union de quartier veut rencontrer les élus
Toujours est-il que la décision de fermer La Goélette et son transfert dépend bien, elle, de la municipalité. A ce propos, les membres de l’union de quartier déplorent que les habitants n’aient pas été consultés. Et décochent une flèche à l’endroit du Rassemblement citoyen des élus et des écologistes qui dirige la Ville de Grenoble et a fait vœu de renouveler la démocratie locale :
« Il est ahurissant que ce soit par la rue que nous apprenions un projet aussi impactant, et que la décision ait été prise à l’insu de la population. Pour une commune qui dit partout pratiquer la concertation, ce n’est pas acceptable. » L’union de quartier demande ainsi à rencontrer les élus « pour un réexamen de ce projet et une remise à plat préalable à toute décision ».
Séverine Cattiaux
* Élisa Martin, première adjointe au Parcours éducatif et à la tranquillité publique a refusé notre demande d’interview.