La sentence est tombée le 9 mars : Thomas Gallay, condamné en première instance à six ans de réclusion par la justice marocaine, a vu sa peine “réduite” à quatre ans de prison ferme. Cet ingénieur travaillant pour la société grenobloise Dolphin est accusé de financement d’une organisation terroriste.
En cause, la somme d’environ 70 euros que ce Français de 38 ans a prêtée à un ressortissant marocain. Thomas Gallay affirme qu’il pensait cet argent destiné à payer des soins dentaires. Mais l’homme en question a par la suite été arrêté en possession d’armes lourdes, dans le cadre d’un coup de filet anti-terroriste mené par les autorités marocaines.
Questionné par la police, Thomas Gallay signera deux procès-verbaux en arabe, une langue qu’il ne parle pas, sans l’assistance d’un interprète ou d’un avocat. Dans ces textes, le Français déclarerait s’être converti à l’Islam, engagé dans la cause djihadiste et avoir sciemment cherché à financer un acte terroriste. Des déclarations qu’il nie farouchement avoir tenues.
Le soutien des ONG et de Christiane Taubira
Fondé par ses proches, un comité de soutien défend depuis plus d’un an Thomas Gallay, incarcéré le 10 février 2016 à Rabat et condamné le 14 juillet de la même année à six ans de prison. Il a notamment reçu le soutien des ONG Human rights watch et Amnesty international, qui ont dénoncé des « vices constatés durant la procédure ».
L’ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira s’est également prononcée en faveur du détenu français. Parlant de « maltraitance judiciaire », elle a estimé, « sans commettre ni ingérence judiciaire, ni impair diplomatique (…) possible pour les autorités françaises de demander que ce jeune homme dispose d’un procès équitable ».
Une peine réduite de six à quatre ans de prison ferme
Le 8 mars 2017, jour du jugement en appel, l’optimisme n’était pas de mise sur la page Facebook du comité de soutien. « Ça ne s’annonce pas très bien, l’avocat général est très agressif. Il a sorti que dans les journaux on avait parlé de torture et que donc il pensait qu’il fallait faire une enquête sur le sujet », écrivait ainsi l’oncle de Thomas, Alain Gallay.
Si la peine du Français est réduite à quatre ans, elle est évidemment une déception pour ses défenseurs. « La défense et les droits de l’Homme ont été piétinés », affirme son avocat, le renommé Frank Berton, qui n’hésite pas à dénoncer une « décision politique. »
La pétition adressée à François Hollande frôle les 50 000 signatures
Aujourd’hui, le comité de soutien demande « Que fait la France ? » Il reproche à la diplomatie française de ne pas s’être suffisamment impliquée dans ce dossier. « Une pareille attitude s’appelle dans la réalité de la complicité, de la non-dénonciation et de la non-assistance à personne en danger », peut-on encore lire sur sa page Facebook.
La pétition adressée à François Hollande, appelant les « responsables politiques à faire leur devoir en se rapprochant de leur homologues marocains pour trouver une issue à cette impasse judiciaire interminable », a recueilli à ce jour près de 49 000 signatures. Contre 2 000 au début du mois de janvier.
Quelles suites, à présent que le verdict de la Cour d’appel est tombé ? « Il ne reste plus maintenant que le transfert avec éventualité de requalification et aménagement de la peine sur le territoire français. Le procureur peut se pourvoir en cassation, auquel cas mon neveu le ferait également. Cela doit se décider dans les jours qui viennent », déclarait la tante de Thomas Gallay, Odile Gallay-Janin, le 18 mars à nos confrères du Journal du Gers.