FOCUS – L’intersyndicale CGT-FO-Sud et CNT des agents territoriaux de la ville de Grenoble a annoncé, ce lundi 13 mars, le dépôt d’un préavis de grève pour l’ensemble des agents les 24 et 25 mars 2017. Dans le même temps, une délégation d’agents du réseau des bibliothèques de Grenoble se rendra au Salon du livre de Paris pour rencontrer des bibliothécaires en lutte dans d’autres collectivités ainsi qu’Annick Girardin, la ministre de la Fonction publique.
« Nous avons lancé une souscription sur Internet qui rencontre un énorme succès. Le départ sur Paris d’une délégation de plus de 30 agents aura bien lieu dans la nuit du 23 au 24 mars », déclare Philippe Candegabe, secrétaire général FO Ville de Grenoble. De fait, la souscription lancée a déjà permis de réunir près de 800 euros.
Une somme qui se rapproche des 1 000 euros visés pour ce déplacement des bibliothécaires de Grenoble en lutte au Salon du livre de Paris. Leur objectif ? Faire entendre leurs voix dans des médias autres que locaux et ainsi donner à leur combat une dimension nationale.
Ce n’est d’ailleurs pas la seule annonce de l’intersyndicale CGT-FO-Sud et CNT des agents territoriaux de la Ville de Grenoble. Cette dernière confirme également qu’un préavis de grève concernant l’ensemble des agents municipaux pour ces prochains 24 et 25 mars a été déposé. En cause, l’interminable conflit qui oppose depuis neuf mois les syndicats territoriaux à la municipalité sur son plan de sauvegarde des services publics.
« Nous décidons de porter au niveau national notre combat ! »
« Depuis neuf mois, nous menons la lutte par divers moyens. Grève, rassemblements, tractage, pétition, interpellation des élus […] Face à l’inflexibilité de notre employeur, nous décidons de porter au niveau national notre combat », déclare après avoir empoigné un porte-voix une des bibliothécaire présentes. Comment ? « En envoyant, sur un temps de grève le 24 mars, une délégation au Salon du livre de Paris et au ministère de la Fonction publique », précise l’agent de la ville. De fait, selon cette dernière, il n’y a pas qu’à Grenoble « que les bibliothèques sont sacrifiées sur l’autel des logiques comptables et gestionnaires ».
« Partout en France, les collectivités cherchent à faire des économies sur la culture en fermant des établissements, en réduisant les budgets et en supprimant des postes », déplore la bibliothécaire en lutte. Raison pour laquelle cette dernière tient à affirmer l’entière solidarité des agents bibliothécaires de Grenoble avec leurs collègues d’autres villes, notamment ceux de Clamart, Aubagne, Chambéry, Saint-Étienne… « Un coup porté contre l’une d’entre elles est un coup porté contre tous », explique-t-elle encore.
Ce sont bien là toutes les raisons constitutives de l’appel qu’avaient lancé ce 20 février les bibliothécaires en lutte de Grenoble à tous leurs collègues, ou autres professionnels de la lecture publique, aux prises avec des difficultés similaires.
« Nous leur demandons de nous rejoindre le 24 mars au Salon du livre de Paris et au ministère de la Fonction publique pour lutter, se battre et gagner », résume la bibliothécaire. Quant à la manière dont se déroulera ce déplacement de la délégation grenobloise à Paris, une autre bibliothécaire présente nous en livre le détail.
« On entre dans des méthodes comme à France Télécom »
Autre annonce de ce lundi 13 mars, le dépôt par l’intersyndicale CGT-FO-Sud et CNT des agents territoriaux de la ville de Grenoble d’un préavis de grève reconductible, ces 24 et 25 mars, contre le plan de sauvegarde des services publics concocté par la municipalité.
« Ce plan de sauvegarde est un plan toxique pour les travailleurs, du point de vue de la santé puisqu’on entre dans des méthodes comme à France Télécom où l’on est dans une perte de sens de notre travail mais aussi dans une fuite importante d’effectifs », explique Denis Bagarry du syndicat Sud territoriaux de la ville de Grenoble.
Ce dernier, qui décrit « une situation extrêmement tendue dans les services », en veut pour preuve le départ volontaire, chaque année, de 75 agents, auxquels s’ajoutent les départs aidés financés par la Ville. Sans compter les départs « en masse » de nombre de chefs de services, signe révélateur, selon le syndicaliste, « d’une situation très dégradée ».
Dans ses revendications, le préavis de grève est d’ailleurs sans ambiguïté. L’intersyndicale demande le retrait pur et simple du plan de sauvegarde. Aux motifs qu’il serait « un plan asocial et de souffrance, inacceptable par les suppressions de postes, la suppression des renforts, des remplacements, la dégradation des conditions de travail, la suppression des missions de service public, les fins de contrats, les fermetures d’établissements et les réorganisations successives », est-il indiqué dans le document.
« C’est pour cela que nous [l’intersyndicale, ndlr] appelons l’ensemble de nos camarades à faire grève les 24 et 25 mars mais aussi à apporter leur soutien à nos collègues qui montent à Paris », conclut Denis Bagarry.
Joël Kermabon