Durant quatre jours et quatre nuits, des fossiles d’œufs de dinosaures ont été analysés au synchrotron européen de Grenoble – ce puissant scanner qui permet de voir l’intérieur d’un fossile sans le détruire. L’objectif de cette recherche ? Comprendre comment de petits reptiles ont évolué jusqu’à devenir les plus grandes créatures terrestres jamais découvertes.
Pendant quatre jours au siège à Grenoble, des paléontologues ont examiné des œufs de dinosaures – de rares fossiles en provenance d’Argentine – grâce à l’ESRF, l’installation européenne de rayonnement synchrotron.
Révolution en matière de paléontologie depuis une dizaine d’années, le synchrotron permet d’examiner et d’analyser l’intérieur d’un fossile sans le détruire. Et certains paléontologues ont une obsession : mieux comprendre l’origine de la taille titanesque des plus grands reptiles jamais découverts de l’Histoire.
Une collection de fossiles rares, examinée à Grenoble
Dans les années 1970, un groupe de paléontologues découvre un squelette complet de bébé dinosaure dans un endroit désertique au centre de la Patagonie, en Argentine. Trente ans plus tard, le paléontologue argentin Diego Pol et son équipe retournent sur ce site et y font une nouvelle découverte exceptionnelle : un nid de dinosaure abritent près de 80 œufs fossilisés. « Le sentiment de découvrir quelque chose d’unique est absolument fantastique », avait affirmé le paléontologue.
L’Argentin contacte alors Vincent Fernandez, scientifique et paléontologue français à l’ESRF. Ensemble, ils décident de transférer momentanément 30 œufs de cette collection à Grenoble afin de les scanner au synchrotron. De même qu’un squelette complet de bébé dinosaure herbivore, âgé de 200 millions d’années. De l’embryon au juvénile, l’analyse à l’ESRF d’une telle variété de fossile est exceptionnelle.
Le synchrotron : une réponse au gigantisme des dinosaures ?
L’ESRF de Grenoble est l’un des trois plus importants synchrotrons actuellement en fonctionnement dans le monde, avec celui d’Argonne aux États-Unis et celui de Hyōgo, au Japon. Cet accélérateur de particules permet d’explorer la matière et le vivant à l’échelle de l’atome. Avec plus de 7 000 chercheurs accueillis chaque année, le synchrotron de Grenoble est une plateforme incontournable en matière de recherche scientifique.
Convaincus, les paléontologues estiment qu’il permettra d’apporter des éléments de réponse concernant le développement gigantesque des dinosaures. Quoi qu’il en soit, l’ESRF apportera une expertise unique en paléontologie, sans laquelle il serait impossible de voir la forme complète et l’état de l’œuf de dinosaure.
Les premiers résultats sont encourageants, confient les chercheurs : « C’est excitant et très prometteur. C’est comme une seconde découverte », affirme Diego Pol. Ne reste plus qu’à examiner les données récoltées, pour percer le secret du gigantisme des dinosaures.
AMa