On ne pourra pas reprocher à Lionel Filippi d’abuser de la langue de bois. Le président de l’Union des démocrates et indépendants 38 (UDI 38) a publié deux communiqués au vitriol le 22 février. Motif de son courroux ? Les ralliements de François Bayrou, d’une part, et du candidat socialiste aux législatives de l’Isère Olivier Véran, d’autre part, à la candidature d’Emmanuel Macron.
Lionel Filippi évoque ainsi au sujet de François Bayrou « la trahison à ses soi-disant (sic) valeurs », quitte à heurter les puristes de la langue française. Il rappelle que le fondateur du Modem n’a d’ailleurs pas appelé à voter Nicolas Sarkozy en 2007 et a soutenu ouvertement François Hollande en 2012.
Trahisons de Bayrou, populisme de Macron
De « multiples trahisons […] qui, pour mémoire, ont conduit Jean-Louis Borloo à créer
en 2012 l’UDI, clairement positionné sur l’échiquier politique au centre droit », déclare encore le président de l’UDI 38. Avant de moquer le Modem sans retenue : « Monsieur Bayrou reste une figure médiatique affublée d’une couleur orange. Son parti est exsangue et les militants devenus rares. »
Lionel Filippi exprime ensuite tout son mépris à l’égard d’Emmanuel Macron, autre « traître à sa famille politique » doublé d’un « populiste ». « Pour preuve, assène le centriste, le nom de son parti “En Marche” reprend ses propres initiales à l’instar du parti de Mme Le Pen qui s’appelle “Marine”. »
« Au fond, Emmanuel Macron et François Bayrou, personnages obnubilés par leur
ambition personnelle, maquillée à l’aune de sentiments moraux, ne trompent hélas plus
personne. Ces arrangements de salon sont cousus de fil blanc : quel ministère a‑t-il
négocié avec Emmanuel Macron ? A nouveau l’Éducation nationale ? Peut-être, mais à
vrai dire le souvenir de son ministère est assez pâle. Le ministère de la mémoire serait
certainement le plus approprié », déclare-t-il encore.
Olivier Véran, un « opportuniste » à la Dutronc selon Lionel Filippi
Sans surprise, le ralliement d’Olivier Véran à la candidature de Macron ne lui inspire guère plus de sympathie. « C’est surtout son ambition personnelle, son souhait de gagner les prochaines élections législatives qui amène Monsieur Véran à soutenir Emmanuel Macron et à trahir les socialistes qui lui ont accordé leur confiance en lui donnant l’investiture du PS. Quand il veut la victoire, il ne s’interdit rien… », affirme ainsi le président de l’UDI 38.
Avant de signer une nouvelle diatribe à l’égard du fondateur du mouvement En marche, « qui ne cesse de manipuler les électeurs avec des positions (fautes de convictions) à géométrie variable, parfois choquantes ».
Comme par exemple, selon le centriste, la désignation de la colonisation comme un crime contre l’humanité, présentée comme une “humiliation” pour les pieds noirs et les harkis.
Lionel Filippi invite enfin Olivier Véran à choisir la chanson de Dutronc L’Opportuniste comme hymne de campagne. Et d’en citer quelques paroles : « Moi, je ne fais qu’un seul geste, je retourne ma veste, toujours du bon côté. »
Une personne trouve tout de même grâce aux yeux du centriste : la socialiste Amandine Germain, la suppléante du candidat aux législatives d’Olivier Véran, qui « reste fidèle à ses convictions et aux militants socialistes qui l’ont désignée et qui ont désigné Benoît Hamon comme candidat à la présidentielle. »
FM
L’UDI, parti fondé par Jean-Louis Borloo
L’Union des démocrates indépendants a été fondée en 2012 par Jean-Louis Borloo. Ce dernier a commencé sa carrière politique au sein du parti Génération écologie, aux côtés notamment de Noël Mamère et de Corinne Lepage, avant de rejoindre l’UDF puis d’intégrer l’UMP.