Ce lundi 30 janvier, Grenoble connaît son 11e jour consécutif de pollution et son 7e jour d’interdiction de circuler pour certains véhicules*. Dans la cuvette, la qualité de l’air, mauvaise, ne s’améliore pas. Comme en décembre où le dispositif de limitations de vitesse puis d’interdictions de circuler avait été activé douze jours. Difficile désormais, au vu d’une telle constance, de parler de “pics” de pollution.
Hiver 2016 – 2017, hiver de tous les records ? C’est avoir la mémoire un peu courte et sélective. « Avec les deux précédents hivers, marqués par une douceur atypique, on avait oublié les épisodes de particules fines, rappelle Camille Rieux à Atmo Auvergne Rhône-Alpes, l’association chargée de surveiller et de mesurer la qualité de l’air. En 2011, par exemple, il y a eu des épisodes de ce niveau d’intensité et de longue durée ».
Car, contrairement à l’épisode de décembre, long mais pas très intense et plutôt localisé, la pollution de janvier, dont une composante vient de l’extérieur, cumule les handicaps. La faute essentiellement à des températures jusque-là très froides. « Le paramètre météo pilote l’essentiel de ces niveaux de pollution. La météo influence à la fois les émissions de polluants issues du chauffage au bois et elle joue un rôle dans les conditions de dispersion. »
En cause, les installations individuelles de chauffage au bois
Atmo n’en finit pas de s’époumoner : l’hiver, la pollution dans les vallées alpines vient essentiellement des installations individuelles de chauffage au bois. La prime air-bois, mise en place dans la Métropole, le Grésivaudan et le Voironnais pour inciter les foyers à changer d’installation, est-elle donc suffisante ? Le dispositif, récent, est pour l’heure loin d’avoir atteint ses objectifs. Sur la métropole de Grenoble, le but est de renouveler 5 000 appareils d’ici 2020 pour espérer faire baisser de 10 % les émissions de particules fines. Si le rythme actuel de 500 installations renouvelées par an ne s’accélère pas, on devrait arriver péniblement au chiffre de 2 500 appareils changés en 2020…
En attendant, les pouvoirs publics et le dispositif se focalisent, entre limitations de vitesse et interdictions de circulation, sur le dispositif routier. Au risque, sans complètement exonérer la voiture de ses responsabilités, de se tromper de cible et de s’égarer en cours de route…
« La gestion des pics de pollution est limitée aux effets à court terme, rappelle Atmo. On sait que l’essentiel de l’impact sanitaire est lié à l’exposition chronique. Il faut donc aussi réduire les émissions au quotidien. » CQFD.
PC
* Véhicules interdits de circuler : les voitures essence et véhicules utilitaires légers immatriculés avant le 1er janvier 1997, les diesels immatriculés avant le 1er janvier 2006, les poids lourds, bus et autocars essence d’avant le 1er octobre 2001, les diesels d’avant octobre 2009 et les deux-roues d’avant juillet 2004. Soit les véhicules “sans vignette” et les certificats 4 et 5. A noter que les transports en commun sur la Métropole, le Voironnais, le Grésivaudan et les lignes A et B de TransIsère sont gratuits, mais pas dans le réseau TER, de même que la location de métrovélos.