CLINATEC ÉPISODE 5 - Depuis l'origine du projet en 2006, Clinatec, centre de recherche biomédicale grenoblois spécialisé dans le développement de dispositifs technologiques implantables dans le cerveau, fait l’objet de vives controverses. Que penser de cette alliance des technologies et des neurosciences, la “techno-médecine” pouvant apporter le meilleur – la réparation de l’homme – comme le pire, avec les risques de dérives qu'elle comporte ? Éléments de réponse à travers six polémiques.
Accepteriez-vous qu'on vous introduise des électrodes dans le cerveau pour vous soigner ? Certains ont d'ores et déjà tranché, préférant vivre avec la maladie plutôt que de "se voir implanter des émetteurs dans la tête ».
Clinatec, centre de recherche biomédicale grenoblois spécialisé dans les dispositifs technologiques implantables dans le cerveau, vient pourtant de recueillir dix millions d'euros de dons pour ses recherches.
Une course en avant des neurotechnologies envers et contre l'acceptabilité sociétale ? Une chose est sûre, depuis l’origine du projet en 2006, Clinatec n'a cessé de faire l'objet de vives controverses alimentées par ses opposants locaux : Pièces et main d’œuvre (PMO), le groupe Écologie & solidarité, l’Association démocratie écologie solidarité (Ades) ou encore le journal satirique Le Postillon.
La peur de l’homme “augmenté”
Ces polémiques portent, d’une part, sur son financement public, à hauteur de 20 millions d’euros[1], qui a échappé au moins pour partie au contrôle des élus, selon l'Ades. D'autre part, sur la méthode consistant à déplacer “l'hôpital” pour le rapprocher des technologues : ingénieurs en micro-électronique, micro-fréquence, micro-nanotechnologies, packaging médical… Ainsi, l’externalisation d’un bloc opératoire dédié aux essais cliniques (premiers essais sur l'homme) hors d’un centre hospitalier et, qui plus est, au sein du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives de Grenoble (CEA Grenoble), fait débat.
Des critiques portent aussi sur l'objet des recherches, notamment sur le fait que Clinatec développe et implante des dispositifs médicaux invasifs dans le cerveau, « petite maison de l'âme » de Démocrite et organe le plus sacralisé du corps humain.
Autres sujets de débat : l'usage de nanomatériaux dans les structures au contact du système nerveux, la peur de l’homme “augmenté” cher aux transhumanistes et l'effrayante perspective du contrôle de la pensée par la technologie. Ou encore un manque de transparence sur les recherches menées à Clinatec.
La campagne de financement publique lancée par le Fonds de dotation de Clinatec en février 2016 explique peut-être qu'après quatre ans d’existence le centre de recherches accepte de s'expliquer. Mais pas trop quand même… De peur d'ouvrir la boîte de Pandore ? Voyage au centre de Clinatec jusqu’aux frontières de l’avenir, avec pour fil rouge les six polémiques qui ont marqué son histoire.
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