FOCUS – Les fortes baisses de températures annoncées par Météo France pour cette fin de semaine ont incité la préfecture de l’Isère à déclencher le niveau 2 du plan d’alerte Grand froid, le mercredi 4 janvier. Pour renforcer le dispositif existant – 896 places à l’année –, le plan préfectoral prévoit d’ouvrir exceptionnellement 120 places d’hébergement supplémentaires, qui s’ajoutent aux 261 places déjà ouvertes pour la période hivernale.
Si l’Isère a été relativement épargnée par le froid jusqu’à ce début du mois de janvier, les choses pourraient bien changer à compter de ce jeudi 5 janvier. Météo France l’annonce, un front glacial venu du Nord va déferler sur la France pour se diriger vers l’Europe centrale… en passant par l’Isère.
Si globalement l’hexagone pourra éviter des températures extrêmes, ses deux tiers est subiront l’assaut d’une vague de froid vif et pénétrant jusqu’à – au moins – ce prochain lundi 9 décembre où une remontée des températures est attendue.
Le thermomètre pourrait ainsi afficher des valeurs minimales matinales fluctuant entre – 7° et – 10 °C. Des chiffres qui se situent dans la fourchette de températures ressenties à partir desquelles le Plan grand froid doit être activé par les services préfectoraux.
120 place d’hébergement supplémentaires dans un premier temps
C’est ainsi qu’afin de protéger les personnes vulnérables – notamment les sans-abri – contre les dangers d’une période de froid prolongée, le préfet de l’Isère a pris la décision d’activer le niveau 2 du Plan grand froid. « Nous avons préféré anticiper dans la mesure où les prévisions à trois jours sont un peu à la marge [des seuils de déclenchement du plan, ndlr] mais pour autant pas des plus optimistes », explique Yves Dareau, le secrétaire général de la préfecture de l’Isère.
Dans l’agglomération grenobloise, cela se traduit concrètement par l’ouverture exceptionnelle de 120 places d’hébergement supplémentaires qui viennent s’ajouter aux quelque 261 places ouvertes au titre du dispositif déjà en œuvre depuis le mois de novembre.
Dans un premier temps, deux sites – des gymnases mis à disposition par les communes – ont été ouverts dès 17 heures le mercredi 4 janvier.
L’un à Eybens, l’autre à Fontaine accueilleront respectivement des familles 24 heures sur 24 et des personnes isolées de 17 h 30 à 9 heures du matin.
Pour ces dernières, c’est le dispositif de l’accueil de jour qui prend le relais pour la journée. Le choix de la localisation des centres temporaires d’hébergement s’est effectué en prenant en compte leur facilité d’accès via les transports en commun.
Pour autant, le dispositif n’est pas figé et reste extensible. « Les capacités des deux sites pourront être augmentées. Par ailleurs, il existe encore d’autres sites que nous n’avons pas encore activés puisque nous avons préféré privilégier une montée en puissance en fonction des demandes et des nuits qui vont arriver », précise Yves Dareau. Qui ajoute que « le dispositif sera maintenu autant de temps qu’il le faudra ».
Près de 700 personnes pourraient faire appel au dispositif
C’est principalement via le numéro d’urgence, le 115, que les personnes seront orientées vers l’un ou l’autre des centres proposant ces places supplémentaires. Mais pas seulement puisque les maraudes de nuit organisées par les différentes associations, notamment celles de la Croix Rouge ou encore du Samu social de Grenoble, pourront également prescrire ces hébergements d’urgence aux personnes qui le souhaitent.
Ce sont également des associations qui assurent la gestion de ces centres très temporaires. Au nombre d’entre elles, l’Arepî, la Banque Alimentaire de l’Isère, La Remise…
Le soir uniquement, grâce à la Banque alimentaire et à son projet Trois étoiles solidaires, un repas sera servi gratuitement aux personnes hébergées.
Quid du nombre de personnes qui pourraient être potentiellement concernées par le dispositif ? « On peut le déduire des quelque 700 appels par jour reçus par le 115 en décembre. Des demandes demeurées infructueuses faute de places disponibles sur l’hébergement d’urgence. Tout laisse à penser que ce chiffre pourrait être atteint », estime Yves Dareau.
Toujours est-il qu’au terme de cette première nuit du 4 au 5 décembre, les chiffres fournis par le 115 annoncent l’orientation de 14 personnes – soit 3 ou 4 ménages – pour ce qui concerne les familles et de 11 personnes isolées vers l’un ou l’autre des deux sites.
Des chiffres somme toute modestes pour une première nuit et qui peuvent aussi s’expliquer par le fait qu’un certain nombre de bénéficiaires potentiels déclinent l’offre d’hébergement dans ces centres. Ce qui n’empêche pas de rappeler la croissance exponentielle du nombre d’appels au 115, passé de 5 000 en 2008 à 32 000 en 2015 sur l’ensemble du territoire de l’Isère.
Joël Kermabon