EN BREF – Le groupe industriel Air liquide a annoncé, le 21 décembre dernier, sur le site Air liquide Advanced Technologies de Sassenage, avoir signé plusieurs contrats d’un montant de plus de 100 millions d’euros avec l’Agence spatiale européenne, dans le cadre du projet Ariane 6 prévu pour 2020. Le groupe fournira en équipements cryogéniques le nouvel ensemble de lancement Ariane du centre spatial guyanais.
« Ce que fait Air liquide est fondamental pour l’aérospatial », a souligné Jean-Yves Le Gall, président du Centre national d’étude spatiale (CNES), à l’occasion de l’annonce de la signature par le groupe de plusieurs contrats d’un montant de plus de 100 millions d’euros avec l’Agence spatiale européenne, le 21 décembre dernier. Air liquide accompagnera en effet le CNES et Airbus Safran Launchers (ASL) dans le développement à bord et au sol du futur lanceur Ariane 6.
Les contrats en question portent sur la fourniture d’équipements cryogéniques destinés à la propulsion du futur lanceur européen, ainsi qu’« à la conception et la réalisation des systèmes de fluides cryogéniques du nouvel Ensemble de lancement Ariane (ELA4) du Centre spatial guyanais (CSG) ». Ils seront exécutés au cours des trois prochaines années, soit d’ici 2020.
Air liquide, leader mondial de la cryogénie spatiale
Le groupe poursuit ainsi son engagement dans l’aérospatial depuis les années 1960 et dans le programme Ariane depuis sa création en 1973 (cf. encadré). Il a déjà apporté sa contribution aux 233 vols d’Ariane, notamment en matière de cryogénie, technique consistant à refroidir les gaz présents dans l’air jusqu’à l’obtention de l’état liquide.
Cette technique est employée dans l’envoi des appareils sur l’orbite terrestre. On parle alors de propulsion cryogénique. Elle permet également le refroidissement de composants, comme ceux utilisés à bord de satellites d’exploration tels que Planck ou encore Herschell. Enfin, la cryogénie est d’une grande efficacité pour conserver des échantillons récoltés dans l’espace. Exemple emblématique, Melfi, le “frigo” de l’espace conçu par Air liquide, fête cette année ses dix ans.
L’objectif est aujourd’hui d’innover dans la création de nouvelles générations de lanceurs pour le projet Ariane 6. A plus long terme, il s’agit aussi de développer l’utilisation de l’hydrogène comme énergie complémentaire, une fois dans l’espace. Les recherches se poursuivent afin de permettre l’autonomie énergétique des astronautes dans des vols habités ou dans des bases spatiales sur la Lune ou sur Mars.
Corentin Libert
QUELQUES APPLICATIONS DE LA CRYOGÉNIE
La propulsion cryogénique consiste à mettre en contact de l’hydrogène et de l’oxygène, tous deux à l’état liquide. La réaction entre les deux composants permet la libération de gaz et la propulsion des fusées.
Planck et Herschel ont pu, grâce à la technologie cryogénique, observer et étudier l’univers qui comprend parfois des températures inférieures à – 200 °C. Les outils de mesures doivent donc être refroidis à ces températures extrêmement basses afin de conserver leur efficacité et leur précision.
Melfi, qui a fêté ses dix ans le 21 décembre 2016, est un appareil conçu par Air liquide. Un cryoréfrigérateur capable de conserver des échantillons à des températures proches de – 95 °C.
Le projet Cryofenix a notamment permis l’observation du comportement de l’hydrogène liquide en microgravité (entre 100 et 260 km d’altitude). Le véritable intérêt du projet est de pouvoir utiliser un système de propulsion une fois en orbite.
Air liquide et la recherche spatiale : une longue histoire
1961 : Air liquide se lance dans la course à l’espace.
1973 : Début du programme Ariane.
1998 : Lancement de la Station spatiale internationale.
2006 : Création de Melfi, le cryoréfrigérateur.
2009 : Lancement des satellites Planck et Herschel.
2011 : 200e vol du lanceur Ariane.
2014 : Air liquide partenaire du nouveau lanceur Ariane 6.