ENTRETIEN - Après la fermeture des bibliothèques Prémol et Hauquelin cet été, la pétition du collectif Touchez pas à nos bibliothèques continue de circuler pour demander à la Ville de Grenoble de faire marche arrière. Y compris sur son projet de “tiers-lieu” pour la bibliothèque Alliance. Le collectif appelle aussi à un moratoire sur les projets de reconversion des locaux. L’adjointe aux Cultures, Corinne Bernard, réagit à ces demandes, assure que la qualité du réseau est maintenue et que tout rentrera bientôt dans l'ordre… Faute de lancer le projet de la grande médiathèque métropolitaine qu’elle espérait, inaugurera-t-elle la première bibliothèque “tiers-lieu” de Grenoble ?
Place Gre'net - Quand vous voyez la réaction des gens, ne regretterez-vous pas d’avoir fermé, cet été, deux bibliothèques de proximité, Hauquelin et Prémol, et d’être amenée à convertir la bibliothèque Alliance en “tiers-lieu” ?
Corinne Bernard : Ce que je regrette surtout, c’est qu’on est en 2016, à un moment où on a un projet politique pour Grenoble… Mais l’État serre la vis aux collectivités pour faire des économies alors qu’on pourrait faire autrement, différemment… C’est surtout ça que je regrette.
Et puis à un moment, cette ville, eh bien oui… elle est très endettée, il y a des choix qui ont été faits avant nous, plutôt fastueux, des charges que n’avait pas à prendre la Ville mais qu’aurait dû prendre la Métropole, par exemple. C’est plutôt cela que je regrette […].
Alors oui, on a un cap difficile à passer. Moi j’aurais rêvé dans ce mandat de bâtir le projet de la grande bibliothèque qui nous manque, le projet d'une médiathèque métropolitaine, qui aurait pu fédérer, être ouverte peut-être sur d’autres amplitudes, quand les étudiants ont des partiels, etc. C’est ça l’équipement qui nous manque… Mais bon, voilà, les finances de la Ville sont ce qu’elles sont en ce moment… On va reconstruire le théâtre à Prémol, on va faire des actions d’investissements à d’autres endroits dans l’année 2017…
Comment votre majorité, qui s'était érigée en garante des services publics et de la proximité, en est arrivée à fermer trois bibliothèques, même si l’une des trois le sera en partie seulement, depuis le “pas de côté” récemment consenti par le maire de Grenoble ?
Corinne Bernard - Depuis 2014, on a d’abord lancé un projet d’établissement général. On a demandé à la direction des bibliothèques, comme aux autres directions, de travailler un projet d’établissement…
Dans le cadre du projet qui nous préoccupe, il y a eu de nombreuses choses évoquées… comme par exemple faire une section jeunesse à la bibliothèque Kateb Yacine, déplacer la bibliothèque Jardin de ville à côté de la Maison de l’Internationale pour faire un pôle, etc. […].
Ensuite, en effet, ce projet d'établissement a un peu télescopé notre plan de sauvegarde des services publics locaux qu’on a dû mettre en œuvre. Et on a dû faire des propositions pour, comme le dit le maire de Grenoble, protéger ce socle des services publics, contre la baisse des dotations. Et du coup, il nous fallait trouver 14 millions d’euros. Donc toutes les directions se sont mises au travail. On a regardé dans cette direction, comme dans toutes les autres, les marges d’économies. Nous, c’était les départs à la retraite […] Il s'agit quand même d'un réseau de bibliothèques, où en 2016, on avait 198 agents de Grenoble. Ce ne sont pas que des agents de bibliothèques, il y a aussi des agents administratifs… C’est énorme !
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