FOCUS – Les véhicules de plus de vingt ans seront interdits d’entrer et de circuler dans Grenoble dès ce samedi 10 décembre. Si des contrôles sont prévus aux péages de Crolles et Voreppe mais aussi dans l’agglomération, pas (encore) de verbalisation en vue. L’objectif est d’abord de sensibiliser les éventuels contrevenants n’ayant pas anticipé leurs déplacements, comme ceux qui n’ont pas acheté leur vignette. D’autant que l’épisode de pollution persistant, le dispositif sera vraisemblablement étendu lundi. L’interdiction de circulation concernera alors les véhicules de plus de dix ans. Soit un quart des automobilistes…
Dès ce samedi 10 décembre, les véhicules les plus polluants ne pourront pas circuler dans l’agglomération grenobloise.
La pollution aux particules fines persistant, les voitures de plus de vingt ans mais aussi les poids lourds, bus et autocars de plus de seize ans et les deux-roues de plus de dix-sept ans* devront ainsi rester au garage jusqu’à la fin du week-end. Voire sûrement au-delà.
La deuxième phase du dispositif de lutte contre les pics de pollution a été activée. Ces nouvelles mesures viennent s’ajouter aux limitations de vitesse mises en place depuis mercredi sur les territoires de la Métropole de Grenoble ainsi dans le Voironnais et le Grésivaudan.
Grenoble prend donc les devants. Car, dans la cuvette, la pollution n’est pas pire qu’ailleurs. Elle est même moindre. « Mais on sait que c’est la persistance du pic de pollution qui a le plus d’effet sur la santé », souligne le président du syndicat mixte des transports en commun (SMTC), Yann Mongaburu.
La région parisienne, le bassin lyonnais, la vallée de l’Arve, le Nord Isère sont en effet plus touchés, et depuis plus longtemps surtout, par l’épisode de pollution aux particules fines.
« Le protocole local anticipe les mesures nationales, explique Lionel Beffre, le préfet de l’Isère. On a le même niveau d’actions pour un niveau de pollution moindre ». Alors que Paris a fait le choix de la circulation alternée, alors que Lyon, faute de mesures mises en place, se la voit imposer par le préfet, Grenoble a opté pour une autre voie : celle de la mise en place de zones à circulation restreinte régulées au moyen des certificats qualité de l’air.
A Grenoble, pas de plaques paires ou impaires mais une vignette accolée sur les pare-brise qui classe les véhicules en fonction de leur supposée capacité à polluer**, et qui, surtout, permet de faciliter les contrôles.
Dès ce samedi 10 décembre, tout véhicule qui n’aura pas sa pastille, devra faire la preuve qu’il peut circuler. Et donc sortir sa carte grise. Il ne sera néanmoins pas verbalisé. En tout cas, pas encore. Les amendes, de 22 à 35 euros, tomberont à partir du 1er janvier 2017 et uniquement si le véhicule circule alors qu’il ne le devrait pas. Le défaut de vignette n’est, lui, pas passible d’une amende. Et les voitures en stationnement ne sont pas concernées puisque, par définition, elles ne roulent pas et donc ne polluent pas.
Les forces de l’ordre – gendarmerie nationale, polices nationale et municipales – qui seront déployées dès demain pour des contrôles pédagogiques risquent d’avoir du travail. Car seuls 44 000 automobilistes sont allés chercher leur vignette. Un sur cinq. Une proportion qui devrait grimper dans les jours à venir…
En attendant, demain, seuls 8 % des véhicules devraient être sur la touche. Avec quel impact sur la pollution ? Atmo Auvergne Rhône-Alpes, l’organisme chargé de surveiller la qualité de l’air, table sur une baisse de 8 % des émissions de particules fines les deux jours qui suivent la mise en place des interdictions de circulation. A condition que l’automobiliste joue le jeu. Et laisse sa voiture pour la marche, le vélo ou les transports en commun…
C’est là où ça se complique un peu. Car si la Métropole, le Voironnais et le Grésivaudan se sont accordés pour mettre en place une politique tarifaire qui se traduira, ce week-end, par le demi-tarif sur métrovélo et le ticket unique sur les transports en commun***, le Département de l’Isère, lui, n’a pas suivi.
Le prix du ticket de bus reste donc le même sur le réseau TransIsère. Lequel réseau tournera avec les moyens du bord. Bref, pas question de renforcer l’offre. Même son de cloche du côté des trains express régionaux (TER). Pas de réduction en vue sur les billets de train depuis la mise en place du nouvel exécutif régional. Davantage de trains alors ? « Impossible, répond un agent de la SNCF. Le réseau est déjà saturé. On accumule les retards. »
A charge donc pour Grenoble de tirer les wagons. Dès demain, les lignes 15, 17 et 20 monteront en cadence pour répondre à la demande et les parkings-relais se mettront au pli. Des applications, comme métromobilité et covoitoura, sont aussi prévues pour guider le futur ex-automobiliste.
Tout roule ? Le dispositif fait encore ses premiers pas. Ainsi, rien n’a encore été prévu du côté des tarifs du stationnement, qui resteront les mêmes, pollution ou pas. Rien n’est non plus prévu pour les abonnés des transports en commun qui, finalement, continueront de payer plein pot quand l’usager d’un jour pourra bénéficier de prix réduits voire de la gratuité.
Rien n’est encore prévu quand un automobiliste peu au jus du dispositif local, qui se présentera au péage de Crolles ou de Voreppe, se verra signifier de laisser son véhicule jugé trop polluant. Et pour cause, les parkings de délestage censés faire la jonction avec les transports en commun ne sont pas encore sortis de terre. Devra-t-il donc faire demi-tour ?
Le préfet, lui, croise les doigts. « On espère ne pas en arriver là. C’est pour cela que l’on communique en amont. »
Pas question non plus de déroger au protocole quand bien même le pic de pollution tomberait en plein chassé-croisé de vacanciers. A charge pour les stations de ski de faire remonter (aussi) les informations ? « On ne peut pas déroger au motif que plus de monde passerait », souligne Lionel Beffre.
La deuxième vitesse enclenchée, Grenoble se prépare déjà à passer la troisième. Lundi, septième jour de pollution ? C’est bien parti pour… Auquel cas, la troisième phase du protocole sera activée. Tous les véhicules diesel immatriculés avant 2006, soit un quart environ du parc auto, seront alors interdits de circuler.
Patricia Cerinsek
* Les véhicules interdits à la circulation dès ce samedi 10 décembre : les voitures immatriculées avant le 1er janvier 1997, les poids lourds, bus et autocars immatriculés avant le 1er octobre 2001 et les deux-roues immatriculés avant le 1er juin 2000.
** Les certificats qualité de l’air se basent sur la date d’immatriculation et la motorisation pour classer les véhicules en 7 catégories dont une catégorie, les plus polluants, sans vignette.
*** Le titre Tag permet également de voyager sur le réseau ferroviaire de la Métropole, de la gare routière à Gières.